L’après covid-19 et la fin du confinement

Crises économique et sociale : peurs de fractures entre la France "d’en haut" et la France "d’en bas"

Par Jacques Degain -  Journaliste

Théragora - www.theragora.fr - Thénagora le 31 mars 2019 N° 31 - Page 0

Le Président de la République a revêtu les habits du chef de guerre pour vaincre le coronavirus qui frappe violemment la France et les français. Mais déjà se pose la gestion de l’après crise. Crise économique sans doute mais menace aussi d’une crise sociale avec une fracture entre une France d’en haut et une France d’en bas, avec des conséquences qui pourraient mêmes être plus sérieuses que celles occasionnées par la crise des gilets jaunes

 

« Lorsque qu’on engage une guerre, on s’y engage tout entier, on se mobilise dans l’union ». Emmanuel Macron en chef de guerre a appelé une nouvelle fois à « la mobilisation » de la Nation et de ses élus contre le covid-19, dans son long ( trop long ?) discours de Mulhouse. Si le lieu était parfaitement choisi pour une telle envolée, en revanche son contenu a laissé dubitatif  bien des acteurs du monde hospitalier qui se battent jour après jour pour tenter de juguler une pandémie qui n’en finit pas de progresser.

 

 Le dégât de l’hôpital entreprise 

 

Certes rendre hommage aux médecins, aux personnels hospitaliers, à l’ensemble des  soignants, était une absolue nécessité mais l’exercice connait ses limites. Masques qui manquent ; ventilateurs et respirateurs artificiels pour des malades de plus en plus nombreux se raréfient ; personnels soignants souvent sans vêtements de protection que leur mission impose ; médecins qui avertissent que les hôpitaux ne pourront bientôt plus assurer les soins indispensables…le Chef de l’Etat  ne peut à l’évidence endosser la responsabilité de toutes les failles d’un système de santé que les politiques des vingt ou trente dernières années ont creusées. « On a supprimé cents mille lits d’hôpital depuis vingt ans », tempête le médecin urgentiste Christophe Prudhomme sur les chaines d’infos. Le chiffre demanderait à être vérifié mais le fond du discours est vrai. Au nom de la maitrise des dépenses, et au prétexte trop souvent affirmé que l’hôpital ne devait plus être en éternel déficit et devrait être géré comme une entreprise, on a mis le système hospitalier à genoux et découragé ses personnels, du médecin à l’aide soignant, du chercheur    au brancardier et à l’agent administratif.  D’où les craintes d’une sortie de crise agitée…

Rien ne sera plus comme avant, dit en substance le Président de la République.  Changer de  paradigme est une qualité que l’on ne saurait reprocher au chef de l’Etat. A condition qu’il ne  ne s’agisse pas simplement d’une opération de communication comme il en a abusé parfois depuis son entrée à l’Elysée.  Procès d’intention, diffamation, répondent les partisans du Président. Emmanuel Macron ne cache d’ailleurs plus son irritation devant ces critiques qu’il juge infondées et émanant, selon lui, d’opposants politiques qui se projettent  déjà dans l’après Covid 19, dans l’après crise sanitaire. Pas tout à fait faux. Il n’empêche que cette crise hors du commun peut demain déboucher sur une crise économique dévastatrice et surtout sur une crise sociale qui peut emporter bien des politiques.

 

Cols bleus et cols blancs

«  Si cette crise peut remettre du ciment social, en poussant à la solidarité nationale, elle ravive aussi les fractures du pays, entre une France d’en haut et une France du bas, entre les exposés au risque sanitaire et ceux qui ne le sont pas, analyse  dans Le « Monde »Jérôme Fourquet, directeur du pôle opinion à l’IFOP. L’écart peut s’accroître entre une partie des cols bleus, qui continuent à aller au charbon, la boule au ventre, et une partie des cols blancs, confinés à leur domicile et moins exposés. »

 Même constat du sociologue François Dubet, qui dans une tribune libre craint que cette crise n’exacerbe les sentiments d’injustice «  Le confinement accroît la violence des petites inégalités », souligne-t-il. En filigrane bien sur soignants, mais aussi caissières, routiers, policiers, ouvriers du bâtiment et bien d’autres…

 Le pouvoir le sait qui réfléchit à l’après Covid 19, craignant une poussé de fièvre sociale qui pourrait s’avérer dangereuse,  voire dévastatrice. Visitant ce mardi 31 mars une usine de fabrication de masques à Angers, Emmanuel Macron a ainsi salué « ces hommes et ces femmes qui ne comptent pas leurs heures pour continuer à faire avancer le pays ». Le Président ne devra pas quitter ses habits de chef de guerre. Cela ne devrait pas lui déplaire.

Mais n’est pas Clémenceau ou De Gaulle qui veut…     

 

 

 

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