Des programmes peu attractifs,  un scrutin qui ne mobilise guère

Présidentielle : la Santé au second plan de la campagne

Par Jacques Degain -  Journaliste

Théragora - www.theragora.fr - Année 2022 - Théragora le 5 avril 2022 N° 56 - Page 0 - crédits iconographique PHOVOIR

Le premier tour de l’élection présidentielle a lieu dimanche prochain 10 avril. Après une campagne terne, sans grand relief.  La pandémie et la guerre en Ukraine peuvent bien évidemment, en partie, expliquer cette morosité. Mais pas que. Le peu d’attrait des programmes des candidats, voire dans certains cas leur pauvreté, n’a pas incité les électeurs à s’engager. C’est particulièrement vrai pour la Santé.

 

Il n’est pas certain que la politique de santé soit un élément majeur dans la décision des électeurs qui choisiront dimanche, lors du premier tour de scrutin de l’élection présidentielle, le candidat qu’ils jugeront le plus compétent pour siéger durant cinq ans à l’Elysée. Non pas que la santé ne les intéresse pas, mais dans ce secteur, les propositions des candidats à ce scrutin restent d’une modestie, voire d’une pauvreté, qui étonne, qui inquiète surtout.

Jugeons : entre celles ou ceux qui veulent limiter la liberté d’installation des médecins libéraux dans les contrées déjà bien pourvues, et celles ou ceux qui insistent sur le fait d’obliger les médecins fraichement diplômés à s’installer dans des contrées pauvres en praticiens, il y a certes une pensée commune qui rime avec une volonté souvent affichée mais jamais appliquée : mettre fin à la liberté d’installation des médecins. Et c’est là que le bat blesse. Voilà des décennies que les gouvernements butent et n’osent s’attaquer à ce principe sacré de la médecine libérale,  pour lequel la quasi totalité médecins actuellement en exercice se battent farouchement. Pas touche à la liberté d’installation, préviennent les médecins, leurs syndicats et leur ordre. Et les politiques cèdent devant cette opposition farouche. Dernière preuve : le refus de l’Assemblée nationale de discuter sur le fond et donc de voter la proposition de loi d’un député socialiste qui militait en janvier pour organiser doucement une obligation d’installation des jeunes diplômés dans les territoires  défavorisés. Le principe d’un conventionnement sélectif – en clair ne pas conventionner les médecins qui s’installeraient dans les régions déjà bien  pourvues en médecins, – ne trouve pas grâce aux jeux de la plupart des candidats. Il faut préciser à leur décharge que la mise en place d’un tel processus, s’accompagnerait de difficultés importantes, notamment par la saisine du Conseil d’Etat, pour ces médecins rejetés du conventionnement, au motif que l’égalité devant la loi serait bafouée. Et un texte de loi prônant une telle mesure risquerait d’être censuré par le Conseil Constitutionnel.

Le problème de la régionalisation

Autre domaine qui n’a guère passionné les postulants à la magistrature suprême : la régionalisation de la politique de santé. La crise pandémique a montré le rôle essentiel que les agences régionales de santé (ARS) pouvaient jouer. Or, aujourd’hui, ces agences n’ont de « régionales » que le nom. Leur pouvoir est strictement limité et il est consternant que leur «  patron » soit nommé par le pouvoir central, en Conseil des ministres, selon des critères qui sont loin de toute préoccupation régionale.

Toute décision d’une ARS,  un peu osée est tout de suite soumise au pouvoir central élyséen ou au moins à celui de Matignon…Le Ministre de la santé n’a guère la faculté d’interférer. L’occasion était belle pour les candidats d’imaginer doter d’un réel pouvoir, à plus ou moins long terme, ces instances régionales sur un modèle qui pourrait se rapprocher, sans les copier,  de celui des « landers » allemands. Le chemin serait long, et semé d’embuches. Mais les candidats avaient l’occasion  de faire un premier pas.

Imbroglio sur l’hôpital

Enfin,  autre secteur, (mais la liste ne saurait être exhaustive) : L’hôpital. Et là on peut se désespérer. L’imagination n’est guère féconde. Il y a celles ou ceux qui veulent « dégraisser » le secteur administratif de l’hôpital au profit du sanitaire, sans avoir fait le plus souvent une analyse préalable et  indispensable à cette décision – mais bon l’idée est séduisante et séduit sans doute, reste à trouver la martingale; il y a celles et ceux qui veulent modifier le financement des établissements, et supprimer la tarification à l’activité ( la fameuse (T2A), mais sans savoir comme la remplacer,  en sachant que l’idée d’un retour  du budget global par établissements selon des critères non définis, semble écartée ; il y a aussi celles et ceux qui veulent réserver les hôpitaux universitaires et autres grands ensembles parisiens ou régionaux  à des spécialités  de pointe tout en créant des hôpitaux, « secondaires », locaux qui traiteraient l’ensemble des affections, mais  se pose le problème du financement, mais surtout la répartition  des patients et attention alors au « tri » des malades selon leur condition sociale ou leur âge ; il y a celles ou ceux qui plaident pour un financement par un impôt  sur le capital, et la seule contribution des grandes entreprises.. Ce qui sera bien insuffisant.  En sachant que la situation économique des comptes sociaux et de la sécurité sociale ne permettra pas de subvenir aux besoins de ces établissements. Quelle place pour l’impôt ? Quelle place pour l’hospitalisation privée, par rapport au public ? Rien  de précis, rien de vraiment convaincant. Quel avenir pour les personnels, aides- soignants, infirmiers, médecins ? En fait c’est de l’organisation de l’hôpital, public et privé, dont il fallait débattre et débattre encore. Les quelques réunions organisées sur ce thème lors de la campagne qui s’achève, ont laissé bien des auditeurs sceptiques.

Non, la santé ne passionne pas nos candidats. Ou plutôt ne mobilise guère leurs « experts » et leurs conseillers. A l’heure où la situation économique de la France est dégradée, où les comptes publics et notamment les comptes sociaux, connaissent des déficits abyssaux, on attendait mieux de cette campagne qui dans ce domaine, au moins, est bien  décevante et n’incite pas les électeurs à la mobilisation. C’est peut-être cela le  plus préoccupant.

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