Combinaison d'un sac hermétique à fermeture facile et d'un tampon super absorbant, le sac hygiénique CareBag, concept unique au monde, est aujourd'hui vendu dans 60 pays. Au Canada, il bénéficie même d'une 'recommandation gouvernementale d'utilisation? qui le considère comme 'le système le plus sécurisé dans la lutte contre les infections nosocomiales?, notamment le Clostridium Difficile, bactéries de la flore intestinale, auquel les hôpitaux locaux doivent faire face depuis quelques années. Une véritable réussite. Mais ça n'est parce qu'un produit est appelé à changer la vie de millions de personne qu'il est aisé de l'imposer. Et si l'histoire de Cleanis est belle, elle n'en aura pas moins été laborieuse (voir encadré).
Tout commence donc, il y a 15 ans, par le projet d'aider les personnels hospitaliers à nettoyer les bassins de lit, potentiels vecteurs d'infection, et, plus précisément, d'éviter toute contamination lors des déplacements entre le lit et les toilettes. D'où la mise au point d'un sac absorbant, adaptable au bassin et jetable après gélification du contenu. L'idée est à ce point satisfaisante qu'elle a pu être depuis lors déclinée en de nombreux autres produits et permis de sortir du seul cadre hospitaliers pour s'adresser aujourd'hui à la MAD (protège seau de chaise percée, protège WV et cuvette?), aux laboratoires d'analyse, aux secteurs militaire et ONG (kit WC jetable !), ainsi qu'à la pharmacie où sont présentés sacs vomitoires, kits de voyage et autres gants de toilette à usage unique.
En France, l'activité concerne donc désormais pour moitié les collectivités (hôpitaux et Ehpad) et pour moitié le MAD, hors officines par l'intermédiaire des revendeurs de matériel médical, mais, depuis 2009, également en officine, par l'intermédiaire du distributeur Pharma Ouest dont la force de vente visite les équipes officinales. 'Cette présence, souligne Laurent Helewa, président de Cleanis, s'accompagne également d'une communication confiée à un prestataire de formation qui présente nos produits en abordant plus généralement la problématique du MAD. Car nous sommes sur un terrain encore vierge. Il s'agit moins dans un premier temps de parler de produits que de faire découvrir un domaine?.
Il en résulte également un management 'spécifique?, puisque à la fois interne, auprès des salariés permanents, et externe, auprès de la sous-traitance. 'Cela passe par un cahier des charges très précis, explique Laurent Helewa. Nous sommes en fait donneurs d'ordres, au sens le plus intégré qui soit, c'est-à-dire en étant très proches des hommes, des process, voire des machines pour ce qui est de la fabrication, et ce dans la durée. Mon rôle est donc plus celui d'un homme orchestre que d'un chef d'orchestre. Cela va jusqu'à montrer comment composer un carton, installer un stand, décider du grammage d'un papier, ne pas dormir pendant 24h pour régler des problèmes. En fait, un chef d'entreprise doit être capable de voir à 10 ans et? à la minute??
En 2009, Cleanis aura réalisé un chiffre d'affaires proche des 4 millions d'euros. Pour les 2/3 à l'export. Car la reconnaissance est surtout venue des pays étrangers. 'Il n'est pas tout à fait normal de ne pas avoir ici une plus grande légitimité auprès du monde du business et des autorités sanitaires, constate Laurent Helewa, mais le plus anormal à mes yeux est que l'innovation et la très petite entreprise soient aussi peu aidées en France. Alors que le pays dispose de vraies pépites. Cleanis, par exemple fait aujourd'hui travailler 100 personnes. Nous exposons dans le monde entier et sur bon nombre de salons nous sommes les seuls Français!?
D'autant que l'entreprise propose des produits qui changent la vie. 'Ils représentent un réel progrès en termes d'hygiène, de lutte contre les maladies nosocomiales, mais aussi de confort de travail pour les aidants (soignants et familles) et surtout de pudeur et de dignité du patient, insiste Laurent Helewa. Car nous avons la prétention de repousser les limites de la dépendance en permettant de rester autonomes à des personnes dans l'impossibilité de se déplacer, quand, dans certains établissements médicalisés, par manque de personnel, on leur impose des couches, au risque de les rendre rapidement incontinentes. Un domaine noble et immense que nous avons la volonté de défricher?.