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Guerbet -  L’innovation comme fer de lance

Par Stéphane de Vendeuvre -  Co-fondateur de Théragora

Théragora - www.theragora.fr - Année 2010 - Visite Actuelle N° 164 - Page 0

Spécialisé dans les produits de contraste, le laboratoire Guerbet entend profiter d’un portefeuille étoffé et d’un pipe-line prometteur pour partir à l’assaut du Japon et des Etats-Unis. Le désir de conquête des deux principaux marchés mondiaux de l’imagerie médicale ne fait pas pour autant perdre de vue au groupe familial l’intérêt de l’Europe ou des perspectives de croissance sont encore importantes, en particulier en IRM et en médecine nucléaire.

 

 

 

Prévenir pour mieux guérir ! Le principe même du diagnostic. Une règle à l’origine du succès du laboratoire Guerbet. Spécialisé dans l’imagerie médicale, le groupe familial éponyme a en effet bâti sa croissance sur le besoin de recourir aux “scanners, IRM et autres appareils de médecine nucléaire”. Une utilisation qui tend à se développer en raison du “vieillissement de la population et de l’augmentation du nombre de pathologies tels que les cancers, les maladies neuro-dégénératives ou encore les affections cardio-vasculaires”, explique Bernard Massiot, président du directoire de Guerbet.

 

Conséquence : le nombre de scanners, d’IRM ou d’appareils de médecine nucléaire ne cessent d’augmenter à travers le monde. Car tous les pays, y compris les pays émergents, développent leur parc d’équipements. D’autant que les fabricants, tels Siemens, General-Electric Health care, Philips, ou encore Toshiba proposent, tous les deux ou trois ans, de nouvelles machines. “Ajoutée aux pathologies dont l’incidence augmente, cette amélioration de la qualité des examens contribue à l’augmentation du nombre d’actes de diagnostics”, précise encore Anne-Laure Delasalle, directrice de la communication.

 

Progrès du packaging

Autant de raisons qui expliquent la croissance annuelle du secteur d’environ +5 %. Une croissance inférieure à celle que connaît le groupe français (+10 % au premier semestre 2010). Néanmoins, relativise Anne-Laure Delasalle, “cette augmentation n’est pas identique dans les trois segments du marché”. Ainsi, fort d’une technologie déjà très au point, le parc rayons X ne progresserait plus que de 2 %, l’IRM de +5 % et la médecine nucléaire de 8 %. Pour Guerbet, dans les rayons X, l’innovation est essentiellement liée aux progrès du packaging. “Pour sécuriser les manipulations de notre produit Xenetix® et réduire l’impact sur l’environnement, nous avons complété notre offre en mettant au point une poche souple de polypropylène : Scanbag®”, explique Antoine Mazraani, directeur Europe.

 

IRM et médecine nucléaire

Un packaging cependant très opportun, puisque le rachat en 2004 de Medex Biomedical, société détentrice d’un brevet sur un injecteur à poche, permet à Guerbet d’envisager installer dans les centres radiologiques ces appareils avec Scanbag®. L’intérêt ? “Améliorer le flux de patients et ainsi diminuer en toute sécurité les files d’attente”. Sans oublier la réduction des coûts liés à la gestion des déchets ! Autant d’arguments qui ne devraient pas manquer de séduire les praticiens (radiologues, techniciens manipulateurs, cardiologues interventionnels, pharmaciens et cadres hospitaliers) européens  et très prochainement brésiliens et coréens que visiteront les forces de vente du groupe…

Ce sont toutefois les segments IRM et médecine nucléaire qui bénéficient le plus d’innovations et tendent donc à dynamiser le marché. “Dans l’optique d’améliorer le diagnostic des pathologies cardio-vasculaires, des cancers et du système nerveux central de nombreux produits sont encore à imaginer en IRM et en médecine nucléaire”, explique Philippe Barthelet, directeur du business-développement.

Guerbet travaille ainsi sur ces deux axes de recherche. Le premier vise à mettre au point des produits à base de chélates de gadolinium (terre rare) pour les IRM à très haut champs, afin “d’imager de manière très fine et d’être très efficace dans le diagnostic des pathologies cérébrales”. Le second a pour objectif, soit d’identifier précocement la plaque d’athérome en situation de rupture, soit d’améliorer le diagnostic de la maladie d’Alzheimer. Deux possibilités d’amélioration du marquage rendues possibles par le développement de produits à base de nanoparticules avec de l’oxyde de fer. L’entrée en développement en médecine nucléaire, début 2011, d’un radiotraceur indiqué dans le diagnostic du cancer de l’ovaire complète le pipeline du groupe familial.

 

Cap sur les Etats-Unis et le Japon

Ce pipeline bien fourni qui viendra étoffer un portefeuille déjà riche permet au laboratoire Guerbet d’aborder sereinement l’avenir. Un avenir placé sous le signe du dynamisme et que le groupe familial entend bien mettre à profit pour rééquilibrer ses positions et se développer sur l’ensemble du marché mondial. L’Europe est ainsi le berceau historique du Groupe qui y possède quelque 25 % de parts de marché. Les différences sont cependant importantes entre des pays comme la France et la Belgique, où le laboratoire est installé depuis toujours et possède jusqu’à 50 % de parts de marché, et des pays où Guerbet est arrivé plus tardivement, comme l’Espagne, l’Italie ou encore l’Allemagne où le groupe détient entre 15 et 25 % de parts de marché.

 

La situation a néanmoins rapidement évolué Outre-Rhin, puisque l’expiration d’un brevet déposé par le principal concurrent de Guerbet a ouvert au groupe familial de réelles perspectives de croissance avec la possibilité, depuis quatre ans, de commercialiser Dotarem®, indiqué en angiographie et pour diagnostiquer les pathologies cérébrales et médullaires ainsi que les pathologies du rachis. Conséquence : Guerbet a déjà acquis 30 % du marché avec Dotarem® (40 % en Europe).

 

Les perspectives de croissance sont cependant ailleurs. “Nous avons pour objectifs de nous développer aux Etats-Unis et au Japon”, explique Philippe Berthelet. Deux pays où les parts de marché du groupe français n’excèdent pas les 3 %, alors même qu’il s’agit des deux premiers marchés mondiaux. Rien d’étonnant dès lors à ce qu’au niveau mondial le groupe se situe derrière ces quatre principaux concurrents avec 8 % de parts de marché.

 

Investir pour croître

Une situation qui tient lieu d’aiguillon pour Guerbet et l’oblige sans cesse à investir. Une politique qui tient lieu de philosophie au groupe. “Il ne saurait y avoir de croissance sans de réels investissements,” explique ainsi Michel Guerbet, président d’honneur du conseil d’administration. Une stratégie qui ne se limite pas aux efforts de recherche, auxquels le laboratoire consacre 10 % de son chiffre d’affaires. “Nous nous devons de mettre constamment nos installations aux normes exigées par les autorités de santé internationales (Food and Drug Administration, Kosheisho…) chargées de vérifier la conformité des installations, tant pour la fabrication que pour la distribution”, précise encore Philippe Barthelet.

D’où les quelque 8 millions d’euros investis dans le centre de distribution de Gonesse (Val-d’Oise). “L’extension du centre avec la construction d’un nouveau bâtiment dédié au stockage des produits et la mise en place d’un système de gestion d’entrepôt informatisé doivent permettre d’accompagner la croissance du groupe.” Un groupe qui expédie des produits de contraste et des dispositifs médicaux dans plus de 80 pays.

Un investissement qui s’inscrit dans la droite ligne de ceux réalisés auparavant sur les sites pharmaceutiques et chimiques d’Aulnay-Sous-Bois (Seine-Saint-De-nis), Marans (Charente-Maritime) et Lanester (Morbihan). Un renforcement massif de ses installations qui devrait permettre au groupe, selon Bernard Massiot, “d’accompagner les besoins mondiaux de l’imagerie médicale et absorber la croissance de l’activité”.

 

 

 

Guerbet en quelques dates

1901, découverte du Lipodol par Marcel Guerbet.

1926, création du laboratoire André Guerbet et Cie et premières applications du Lipodol en radiologie.

1970, lancement du Telebrix en rayons X.

1979, lancement d’Hexabrix en rayons X.

1981, construction d’une deuxième usine de production chimique à Lanester (Morbihan) pour produire Hexabrix.

1985, lancement d’Hexabrix aux Etats-Unis.

1986, introduction du titre Guerbet au second marché de la bourse de Paris.

1987, lancement d’Hexabrix au Japon.

2001, le groupe est certifié ISO 9001 pour l’ensemble de ses sites en France.

2003, lancement d’Artirem en IRM.

2004, acquisition de Medex Biomedical.

2006, lancement de la double innovation : Xenetix en présentation poche et son injecteur associé.

2009, Guerbet se lance en médecine nucléaire, en Europe, avec les produits Draximage.

2010, Bernard Massiot est nommé président du directoire.

 

 

Guerbet en quelques chiffres

Spécialisé dans l’imagerie médicale, le laboratoire Guerbet, dont le siège est basé à Villepinte (Seine-Saint-Denis) est présent dans trois modalités : les rayons X, l’IRM et la médecine nucléaire. Ces trois segments, pour les produits d’imagerie, représentent respectivement un marché mondial de 2,9 milliards d’euros, 800 millions d’euros et 2,2 milliards d’euros.

Fort de 25 % de parts de marché en Europe et de 8 % au niveau mondial, le groupe pharmaceutique a réalisé 335 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2009. Au premier semestre 2010, la croissance de 10 % a même permis d’atteindre 178,9 millions d’euros (162,5 en 2009).

Dans ses quatre sites industriels, dont trois en France – à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), Lanester (Morbihan) et Marans (Charente-Maritime) - et un au Brésil, à Rio de Janeiro, la société emploie quelque 1 300 salariés. Plus de 200 d’entre eux travaillent à la recherche et au développement, auxquels le groupe consacre un peu plus de 10 % de son chiffre d’affaires (18,2 millions d’euros au premier semestre 2010).

 

Trois questions à Claire Corot, directrice de la recherche de Guerbet

“Travailler en réseau pour mieux diagnostiquer et mesurer l’efficacité des traitements”


Comment est organisée la recherche de Guerbet ?

Spécialisé dans les produits de contraste pour l’imagerie médicale, le laboratoire travaille sur trois grands domaines thérapeutiques : les pathologies cardio-vasculaires, les cancers, les maladies neuro-dégénératives et plus particulièrement la maladie d’Alzheimer. Notre recherche est plus spécifiquement focalisée sur les technologies d’imagerie médicale liées à l’IRM et à la médecine nucléaire car ce sont deux techniques très sensibles qui permettent de collecter des informations très précises. Nous concevons en effet des produits qui visent à la fois à détecter des patients à risque et à évaluer l’efficacité d’un traitement. Nous nous inscrivons dans une logique de médecine personnalisée qui, par exemple, pour les patients à risque d’accidents vasculaires cérébraux ou d’infarctus, conduit à rechercher les plaques d’athéromes en phase de rupture.


Pourquoi vous associez-vous à des laboratoires institutionnels et à des équipementiers ?

Les produits de contraste s’intègrent dans une modalité d’imagerie. En clair, il ne saurait y avoir de recherche efficace sans travail en réseau. Surtout à l’heure de l’imagerie moléculaire ! Car l’avenir est à l’imagerie de l’infiniment petit avec des produits très sophistiqués qui permettront de pratiquer une médecine personnalisée nettement plus efficace pour la prise en charge des patients. L’exploitation plus avant du potentiel de l’IRM comme technique d’imagerie moléculaire nécessite donc d’associer nos compétences avec celles de chercheurs académiques, de laboratoires de recherche publique et d’entreprises actives dans notre secteur d’activité, qui font de l’instrumentation et du traitement d’image. Dans le cadre du programme Iseult, qui porte sur le dépistage des pathologies neurologiques (maladies d’Alzheimer, tumeurs cérébrales et accidents vasculaires cérébraux), nous mettons ainsi au point de nouveaux produits de contraste pour l’imagerie moléculaire par IRM adaptés aux hauts champs magnétiques, en partenariat avec le CEA et Siemens. A chacun sa compétence : le développement instrumental pour le CEA qui, dans son centre de recherche NeuroSpin (Saclay), développe un système IRM clinique à très haut champ (11,7 Tesla) unique au monde ; les équipements pour Siemens et la connaissance des produits de contraste et des pathologies pour Guerbet.


Et en médecine nucléaire ?

Nous avons démarré une activité de recherche en médecine nucléaire, depuis quatre ans, et développons deux programmes en cancérologie en collaboration avec le centre Cyceron de Caen et des industriels. Le premier (Imakinib®), en partenariat avec une biotech (Oncodesign), vise à mettre au point des bio-marqueurs dans un processus tumoral afin de révéler l’efficacité de traitements anti tumoraux. Dans le cadre du second, Gallimed®, en association avec la société canadienne MDS Nordion, nous développons une méthode d’imagerie capable d’évaluer l’efficacité thérapeutique d’un produit. Ces programmes devraient, à terme, étoffer notre portefeuille. Ils sont donc complémentaires de l’accord commercial conclu avec Draximage qui nous permet, depuis deux ans de distribuer en Europe des produits de médecine nucléaire.
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