Archives - En février 2000 Visite Actuelle présentait le Snip ancêtre du Leem

Snip, l’organisme multiple

Par Jacques Busseau -  Journaliste

Théragora - www.theragora.fr - Année 2000 - Visite Actuelle N° 58 - Page 21

 

Organisme de défense professionnelle, le Syndicat national de l’industrie pharmaceutique (Snip) est aussi force de propositions en matière de politique de santé, interface avec les partenaires sociaux dans les négociations successives intéressant la convention collective et centre d’expertise, depuis l’Hexagone, vers les autres pays occidentaux (Europe, Etats-Unis et Japon plus particulièrement). A l’occasion de l’arrivée à sa tête d’un nouveau président et la mise en place d’un nouveau mode de fonctionnement,Visite Actuelle vous invite à un survol des services et des missions de cette structure aux multiples facettes.

 

 

Comme tout syndicat, le Snip a d’abord un rôle global de représentation du secteur économique auquel il appartient. Celui-ci est d’ailleurs adhérent dans sa quasi totalité, puisque les entreprises appartenant au Snip réalisent 95% du chiffre d’affaires du marché français de médicaments à usage humain, soit environ 135 milliards de francs (le CA total dépassait les 140 milliards en 1998). 
En cela, la structure professionnelle a pour vocation, comme elle le définit elle-même, de “porter auprès de ses partenaires de santé (corps médical, pharmaciens d’officine, répartiteurs, milieu hospitalier…) et des pouvoirs publics le projet de progrès et de responsabilité des entreprises du médicament au service de la santé des personnes et de la société”…Cette vocation, on le verra, va bien au-delà du rôle syndical traditionnel. 

 

Expertise et lobbying


Ses quatre missions essentielles consistent, de fait, à élaborer et valoriser les positions de la profession d’industriels de la pharmacie, en tant qu’acteurs de santé ; participer, au nom de ses adhérents, à la définition des politiques de santé en France et dans l’espace européen ; rendre compatibles avec les objectifs vitaux de la profession les rapports sociaux au sein des entreprises ; assurer un rôle de lobbying en communiquant sur l’importance de l’industrie pharmaceutique et ses projets.
“Le terme de syndicat est peut-être devenu réducteur pour le Snip”, reconnaît Bernard Lemoine, nouveau vice-président délégué (voir encadré sur le nouveau fonctionnement), “dans la mesure où nous sommes interface entre l’industrie pharmaceutique et les structures administratives et professionnelles qui composent son environnement, mais également centre d’expertise, tant sur le médicament que sur la santé en général”. 
Cette expertise, à la fois économique, sociale, juridique et même scientifique -puisque le Snip compte des groupes de réflexion sur la recherche- déborde très largement le cadre d’un instrument de défense professionnelle. “Cette mission de défense reste fort utile, souhaitable et d’ailleurs très attendue par nos adhérents, poursuit Bernard Lemoine, dans la mesure où elle vise à rendre l’environnement favorable au développement de leurs affaires, mais le Snip est également un instrument politique. Il récolte et produit des informations que des équipes de permanents et de cadres adhérents, réunis en commissions et en groupes de travail, vont peaufiner afin de définir, dans tous les domaines intéressant la profession, des options stratégiques et propositions d’actions qu’il faudra ensuite s’efforcer de faire prévaloir auprès de notre environnement”. Sur l’échiquier de la santé, le médicament, et dès lors les industriels qui le produisent, sont de fait appelés à jouer un rôle clé.

 

Une dimension internationale


Cet environnement, les permanents du syndicat le côtoient notamment au sein de diverses commissions officielles comme la Commission d’AMM, la Commission de transparence (pour la détermination du prix des spécialités), celle de contrôle de la publicité (et du bon usage du médicament) ou encore la commission des comptes de la Sécurite social.
Mais au-delà de cet aspect national de sa mission, le Snip présente la particularité d’être doté d’une dimension internationale. “Nous sommes dans un système complètement ouvert où les entreprises peuvent avoir une structure française mais en même temps une constellation internationale, développe Bernard Lemoine. Les hiérarchies de certaines firmes sont hors de France, soucieuses d’équilibres dans les échanges entre différents pays, dotés d’une culture différente de la nôtre, ce qui ne rend pas toujours lisibles certaines subtilités de la vie politique française. Ces ponctions à répétition, très pénalisantes pour les laboratoires, que nos gouvernants opèrent pourtant sans le moindre état d’âme, sont particulièrement mal perçues à l’étranger parce que incompréhensibles”.

Il faut savoir en effet, que parmi les 15 premiers adhérents du Snip, qui représentent 80% du marché français et… 80% des cotisations du syndicat, 13 sont groupes ou filiales étrangers. A partir de l’Hexagone, l’organisme professionnel a donc vocation de centre d’expertise et d’interconnexion dans un maillage international (avant tout occidental : Europe, Etats-Unis, Japon). 
En parallèle dans certains pays étrangers -Asie, Amérique Latine, Europe de l’est, notamment- il mène une action de promotion du médicament français et de la culture médicale française. “Le marché français, le 2e de l’Union européenne et le 4e mondial, confirme Bernard Lemoine, n’est qu’une expression de la stratégie industrielle d’une partie substantielle de nos adhérents. Nous nous efforçons donc de mettre en forme une doctrine en parfaite adéquation entre le lobby national et la vision industrielle de ces derniers à l’échelle internationale”.

 

Défense professionnelle collective

Dans ce contexte, certaines voix s’élèvent pour reprocher au syndicat d’avoir justement conçu une doctrine qui, dans les négociations avec les interlocuteurs politiques français, fasse la part belle aux grands laboratoires. Une critique que Bernard Lemoine conteste énergiquement en précisant que la doctrine du Snip intègre au contraire l’idée qu’il y a place demain, dans ce monde de géants d’ores et déjà annoncé à court terme, pour un tissu de petits et moyens laboratoires français. Mais un tissu qui est incontestablement appelé à beaucoup évoluer…
Pour lui, il ne peut y avoir antinomie dans la défense des grandes, des moyennes et des petites entreprises. Pour autant que les “petites”, qui ont un rôle certain dans le domaine de la recherche, s’engagent plus résolument dans des partenariats de codéveloppement et d’intensification de leur internationalisation à travers des accords avec d’autres firmes. 
Cette mission de défense collective, qui constitue plus de 80% de l’activité du Snip -les quelque 20% restants concernent les services individuels apportés aux adhérents, comme des conseils sur des négociations avec le Comité économique du médicament ou dans le cadre des relations des entreprises avec l’AFSSAPS- s’appuie sur le travail des 5 Directions et Services permanents du syndicat.
Nous avons entrevu les domaines des Affaires économiques et européennes, des Affaires scientifiques, pharmaceutiques et médicales, ainsi que des Echanges internationaux. Restent deux Directions, en rapport particulièrement étroit avec l’environnement de la Visite. Celle de la Communication et des relations extérieures, dirigée par Françoise Buhl, développe entre autres des actions -on ne peut plus importantes stratégiquement- de communication sur le médicament vers le grand public et des campagnes aussi essentielles, menées maintenant depuis 7 ans, sur Le bon usage du médicament en milieu scolaire. 

La Direction des Affaires sociales, de l’emploi et de la formation professionnelle, sous la conduite de Françoise Jubin, comprend deux grands domaines d’action : “Relations du travail” et “Gestion des ressources humaines”. Ce dernier Service s’efforce d’aider les entreprises adhérentes, notamment par la production d’études juridiques, de méthodes et d’outils de gestion des ressources humaines comme le Répertoire des métiers, les Référentiels métiers, les Guides méthodologiques et autres Etudes sur la formation. C’est lui qui organise en outre la formation des délégués médicaux, à travers l’agrément donné aux écoles et l’organisation des sessions d’examen nationales. Le Service “Relations du travail” a notamment en charge la préparation des négociations dans la recherche d’accords de branche. Son activité est depuis quelques mois rythmée par les lois Aubry sur la réduction du temps de travail. Nous ferons plus largement connaissance avec cette Direction des Affaires sociales dans notre prochain dossier justement consacré aux 35 heures. 

 

Chantiers et enjeux

Au dire des experts, la période des méga fusions ne fait que commencer et l’industrie pharmaceutique occidentale va voir le nombre de ses entreprises diminuer comme peau de chagrin. D’ici trois ans, on pourrait se retrouver avec une dizaine de groupes réalisant alors plus de 70% du marché mondial…
Ce qui entraînerait à coup sûr un changement radical du paysage industriel comme des rapports de force entre la demande des patients et des médecins, l’offre des laboratoires pharmaceutiques et les possibilités de prise en charge de la collectivité. Autant d’éléments qui guident depuis quelque temps déjà la réflexion et l’action du Snip. 
Actions prioritaires et chantiers stratégiques constituent donc l’actualité de l’organisme professionnel. Parmi les actions en cours, citons le suivi de la mise en œuvre de l’accord sectoriel entre l’Etat et les laboratoires (notamment en ce qui concerne l’application du mode de régulation économique, les médicaments génériques et l’automédication), la réévaluation des spécialités remboursables (voir encadré), la construction de l’Europe du médicament (notamment avec l’arrivée de l’euro, la protection des brevets et… la réduction du temps de travail dont nous reparlerons.
Les enjeux stratégiques consistent tout d’abord à mieux faire percevoir par l’opinion publique et par les pouvoirs publics l’enjeu essentiel que représente le médicaments dans les futures politiques de santé. Il s’agit ensuite d’ouvrir une réflexion sur les modes de distribution et notamment “l’impact” à terme des flux d’échanges électroniques entre les différents partenaires. Il s’agit enfin de reconsidérer l’accès aux médicaments, en particulier dans les pays du tiers monde, et de modifier les relations entre les patients et l’industrie pharmaceutique…
Autant d’éléments, là encore, qui font partie de votre environnement immédiat. Ils feront donc partie de notre actualité au fil des mois.

 

 

120 ans d’histoire !
Appelée Snip -pour Syndicat national de l’industrie pharmaceutique- il y a tout juste 30 ans, l’organisation patronale de défense professionnelle de l’industrie pharmaceutique en France s’appuie déjà sur 120 ans d’histoire.
C’est de fait en 1880 qu’est créée, par les pharmaciens dits “spécialistes”, la première “Chambre syndicale des fabricants de produits pharmaceutiques”. Elle compte alors 8 membres. Elle en regroupera 10 fois plus 30 ans plus tard.
En 1935, la “Chambre” se développe encore et devient “Union intersyndicale”, ouverte à la fois aux fabricants de produits pharmaceutiques, aux fabricants de produits médicaux, aux fabricants de produits biologiques, aux pharmaciens spécialistes français et aux pharmaciens spécialistes annonceurs (prédécesseurs des actuels fabricants de spécialités “grand public”). S’ensuit la période troublée de la seconde guerre mondiale pendant laquelle l’organisation professionnelle s’unifie en un “Groupement professionnel des fabricants de produits pharmaceutiques” (1940) avant d’être rapidement dissoute (1941) et remplacée par une “Chambre corporative” (unique et obligatoire) qui, au lendemain du conflit, laissera place à une “Chambre syndicale nationale des fabricants de produits pharmaceutiques” (1944).
Avant d’adopter en 1970 une sixième appellation, celle de Snip, la structure aura entre temps (1955) investi ses locaux actuels du 88, rue de la Faisanderie, près du quartier de La Muette.

 

Critiques sur la réévaluation
“On ne peut laisser dire que des médicaments  sont inutiles après des années d’utilisation par des millions de patients”. Lors de sa première conférence de presse, le nouveau président du Snip, Jean-Jacques Bertrand, s’est longuement exprimé sur “les conséquences de la politique de réévaluation des médicaments”, avant tout pour condamner les conclusions brutales des experts de la Commission de la Transparence (Agence du Médicament) qui viennent de considérer que le SMR (Service médicale rendu) de plus de 200 spécialités était inexistant. Pour lui, s’il est effectivement du ressort gouvernemental de décider le remboursement ou non d’un médicament, “il n’est pas admissible que l’efficacité d’un produit soit mise en cause, car c’est le condamner définitivement en ignorant tout simplement l’AMM”.
Bernard Lemoine, le nouveau vice-président délégué, s’il admet le principe même de la réévaluation, estime pour sa part que “les jeux ont semblé faits d’avance : les médicaments condamnés par la Commission  sont justement ceux que certains voulaient depuis des années éliminer”. Pour lui, il faut au contraire que les règles soient claires et, au-delà, que l’on mette notamment enfin en place une politique favorisant l’automédication.

 


Un nouveau fonctionnement
Avec l’élection de Jean-Jacques Bertrand -son septième président depuis la seconde guerre mondiale- le Snip a adopté un nouveau mode de fonctionnement. Le Conseil d’administration nomme toujours parmi ses 24 membres (voire 30 si nécessaire) un Bureau de 11 personnalités (voire 12 si nécessaire) : soit un président, 5 vice-présidents, un secrétaire, un trésorier et 3 membres. Elu pour 4 ans, ce Bureau exécute les décisions du Conseil d’administration. Mais le président est désormais appelé à occuper son poste pour un mandat de 2 ans non renouvelable (Bernard Mesuré, le précédent président, a occupé ce poste durant 9 ans par renouvellement successif de son mandat). Par ailleurs, son successeur sera systématiquement désigné un an et demi avant sa nomination effective à la présidence (le futur président du Snip pour 2002 sera donc désigné en juillet prochain). Par ce renouvellement plus rapide de sa hiéarchie, explique Jean-Jacques Bertrand, le Syndicat entend “s’appuyer sur des opérationnels qui sont à la tête des entreprises et prendre en compte un changement profond de la structure de l’industrie pharmaceutique qui voit désormais un turn over régulier de ses dirigeants”.
Dès lors, le directeur général, Bernard Lemoine, devient vice-président délégué et voit son rôle accru. Sa mission est, à la fois, “de gérer le Snip et d’assurer la permanence de la représentativité du syndicat vis-à-vis de son environnement”.

 

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