Depuis les années 60, la méthadone l’un des traitements indiqué pour lutter contre la dépendance à l’héroïne. C’est donc un traitement de substitution aux opiacés, dont l’activité pharmacologique est similaire à celle du produit addictif afin d’éviter les effets physiques du « manque », lors du sevrage, et de stopper ou du moins de diminuer la consommation d’héroïne.
C’est cette indication qui est à l’origine de tous les phantasmes possibles. Car les premiers détracteurs de la méthadone étaient de virulents opposants à toute politique de substitution. Ils ont donc cherché à discréditer la méthadone en brodant sur ses origines.
La méthadone a en effet été découverte en Allemagne…sous le IIIe Reich. En 1938 précisément, lorsque deux chercheurs de l’IG Farbenindustrie - Max Bockmühl et Gustav Ehrhart – ont réussi à synthétiser un dérivé de la péthidine, un antalgique opiacé découvert en 1937 par deux chimistes de la firme allemande Hoescht : Max Eisleb et Gustav Schaumann.
La molécule sera alors brevetée sous le nom Höchst 10820 puis, en 1941, prendra le nom de code Amidon®. Toutefois, son utilisation durant la deuxième guerre ne dépassera pas le cadre expérimental car la péthidine lui sera préférée.
Après la seconde guerre mondiale, dommages de guerre obligent, l’ensemble des brevets d’IG Farbenindustrie ont été récupérés par les forces alliées et les données issues de la recherche seront dans le même temps collectées par le Département Américain de Renseignement Commercial.
C’est ainsi qu’en 1947, le Conseil de la Pharmacie et de la chimie de l’Association Médicale Américaine attribuera à l’Amidon® le nom de méthadone. C’est également en 1947 que le laboratoire Lilly, fera l’acquisition des droits de la méthadone pour un dollar et commercialisera une spécialité sous le nom de Dolophin®.
De Dolophin à Adolphine, il n’y avait qu’un pas que les détracteurs de la méthadone vont s’empresser de franchir pour jeter le discrédit sur ce médicament né sous le IIIe Reich. Ils n’auront de cesse alors de marteler que la découverte de la méthadone devait être associée à l’Allemagne nazie, puisqu’elle avait été employée pendant la deuxième guerre mondiale pour faire face à un manque d’opiacés et que le nom d’Adolphine était un hommage à Adolphe Hitler.
Des balivernes que colporteront, dans les années 60, les opposants à toute politique de sevrage dès lors que le comité des narcotiques du conseil de recherche médicale de New York avait chargé le biochimiste Vincent Dole d’effectuer des recherches sur la dépendance à l’héroïne. Avec la psychiatre Marie Nyswander et la neurobiologiste Marie-Jeanne Kreek, ils espéraient en effet trouver une drogue de type opiacé qui puisse être utilisée par voie orale et qui n’entraînerait pas d’augmentation des doses pour maintenir l’effet recherché.
C’est ainsi qu’ils ont démontré que la méthadone, à la posologie de 80-120 mg/jour permettait d’empêcher de ressentir le manque en héroïne et donc d’améliorer l’état de santé global de l’usager dépendant aux opiacés tout en favorisant sa reconstruction sociale. C’est dans ce contexte que, dans les années 1970, les premières expérimentations ont été menées en France.
Les deux « fake news » qui faisaient de la méthadone un médicament nazi et avaient été propagées dans les années 70, aux Etats-Unis, par les opposants aux traitements de substitutions aux opiacés ont ainsi été repris dans les années 90, en France, lorsque la méthadone a été commercialisée.
Depuis, la méthadone continue de susciter bon nombre d’accusations stigmatisantes alors même qu’elle permet l’abstinence de dizaine de milliers de patients Le contexte est, certes, un peu moins tendu, car d’autres produits de substitution aux opiacés ont été autorisés : la buprénorphine haut dosage plus connu sous le nom de Subutex® et ses génériques ainsi que le suboxone. Mais ceci est une autre histoire.
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