L'antibiorésistance doit devenir une grande cause nationale

- Théragora 14 septembre 2020 N° 37 - Page 0

Les antibiotiques ont fait chuter la mortalité liée aux maladies infectieuses et permis un essor considérable de la médecine moderne. Cet acquis est remis en question par la progression de la résistance bactérienne dont la principale cause est la prescription incontrôlée d'antibiotiques. 


 Préserver l'avenir des antibiotiques est une urgence si l'on ne veut pas menacer l'avenir des nouvelles générations. 

Malgré une meilleur sensibilisation du public et des professionnels, la consommation d'antibiotiques en France reste très élevée et dépasse de 30 % la moyenne européenne ce qui situe la France au 4e rang derrière la Grèce, la Roumanie et l'Espagne. 

Face à ce constat l'Académie Nationale de Médecine recommande la mise en Â?uvre de mesures innovantes de régulation de la prescription associée à de nouvelles campagnes d'information visant les professionnels et le public. :
 

L'antibiorésistance doit devenir une Grande Cause Nationale


Le remboursement de l'antibiothérapie curative doit être limitée à 7 jours. L'immense majorité des infections vues en médecine de ville ou à l'hôpital sont guéries par 7 jours ou moins, d'antibiotiques Les durée prescrites dans les infections respiratoires dépassent les durées recommandées dans 60 à 80% des cas en France comme dans d' autres pays. Prendre des antibiotiques trop longtemps est non seulement inutile mais aussi nuisible car cela favorise la résistance bactérienne et augmente le risque de toxicité/les effets indésirables des antibiotiques. L'académie recommande fortement la mise en Â?uvre de cette mesure qui doit permettre de réduire la consommation d'antibiotique de 30% et de ramener la France au niveau de consommation moyenne des autres pays Européens. 


L'Académie recommande aussi de généraliser l'aide à la prescription des antibiotiques à l'hôpital et en ville en renforcant l'enseignement sur l'antibiothérapie la vaccination et l'hygiène ; rendant obligatoire dans tous les établissement de santé , publics ou privés, l'accès à des médecins référents en antibiothérapie ; en créant un Centre régional de conseil à destination des praticiens de ville et une Astreinte régionale d'infectiologie pour la nuit et les week-end dans chaque région ; en autorisant les infirmières à réaliser les tests rapides d'orientation diagnostique.


Enfin l'ANM recommande de renforcer la couverture vaccinale en rendant obligatoire la vaccination annuelle contre la grippe saisonnière pour les personnels soignants et en organisant la vaccination antigrippale et anti-pneumococcique des personnes âgées hébergées dans les établissements de soins ; de promouvoir l'hygiène à l'hôpital, dans les collectivités et dans les familles. Enfin, elle soutient l'effort de recherche  en matière d'antibiorésistance et de nouvelles armes contre les bactéries résistantes annoncé récemment.

 

 Version intégrale du rapport : http://www.academie-medecine.fr/la-lutte-contre-lantibioresistance-dans-la-politique-nationale-de-sante/