Le serpent de mer du trou de la Sécu traité dans Visite Actuelle en mai 2000

Nouvelle flambée sur le marché du médicament

Par Jacques Busseau -  Journaliste

Théragora - www.theragora.fr - Année 2000 - Visite Actuelle N° 61 - Page 14

Nouvelle flambée sur le marché du médicament

 

Le trou de la sécu comblé ? On le dit. Mais ce résultat inespéré il y a encore quelques semaines ne serait pas dû à une baisse significative des soins de ville. En 2000, d’ailleurs, les chiffres dérapent de nouveau et malgré le flot de mesures gouvernementales que l’on sait, rien ne semble devoir stopper la reprise, on parle même de “flambée”, des dépenses pharmaceutiques…

 

 

Selon les derniers chiffres de la Cnamts (Caisse nationale d’assurance maladie des travailleurs salariés), le déficit de la branche maladie serait bien moins important que celui annoncé (plus de 12 milliards de francs) dans un premier temps par la Commission des comptes de la sécurité sociale et, l’an passé, l’organisme pourrait en fait avoir connu l’équilibre… La surprise serait totale, mais seuls les comptes définitifs, publiés dans le courant de ce mois, pourront nous le dire avec certitude. Cela se jouerait à un milliard près. En tout état de cause, les professionnels de santé trouveraient là une marge de manœuvre inespérée dans leurs négociations à venir avec les pouvoirs publics.

Toujours selon la Cnamts, les économies auraient été réalisées principalement sur les versements aux hôpitaux publics et les dépenses de maternité et d’invalidité. Parallèlement, il apparaît d’ores et déjà que les honoraires et les prescriptions ont de nouveau été supérieurs aux prévisions (+3,1%).

 

Dérapage des soins de ville

Pour les premiers mois de cette année, cette tendance s’accentue et les experts parlent déjà “d’accélération sensible”, voire de “dérapage”. En janvier dernier, les remboursements de prescriptions ont progressé de 3,1% ; en février le taux passait à +7,7% (le total des remboursements du régime général était alors de 43 milliards de francs) avant de grimper à +8,7% en mars…

On explique la situation par “l’impact de la conjoncture épidémique de la fin 1999 et du début 2000”  -la sévère épidémie de grippe a alors entraîné une hausse des indemnités journalières, des prescriptions et des honoraires. Mais comment expliquer que l’évolution des dépenses de soins de ville reste très rapide en mars, malgré la fin de la conjoncture épidémique ? Pour le seul premier trimestre 2000, elle serait de +6,4% et on s’attend plus globalement à ce que la progression de l’assurance maladie atteigne +3,8% (le taux d’évolution voté par le Parlement est, rappelons-le, de +2,5%… pour l’année, à 658,3 milliards de francs). La situation est d’autant plus préoccupante qu’on sait par expérience que les dérapages de début d’année ne sont jamais vraiment rattrapables : en 1998, les dépenses maladie avaient fini par progresser de 4% sur l’année, contre 2,2% prévus ; idem en 1999, avec 2,9% contre les 2,6% attendus.

Cela étant, dans le contexte de forte croissance, donc de bonnes rentrées de cotisations, que nous connaissons aujourd’hui, le dérapage annoncé par les experts ne menace pas avec autant de gravité la santé financière de notre organisme de protection sociale…

 

Une nouvelle offre de médicaments

“Encouragement à consommer des génériques, baisses de prix, ristournes imposées aux laboratoires pharmaceutiques, annonces de déremboursements… rien n’y fait”, écrivait fin avril le quotidien Les Echos, “les dépenses de médicaments continuent de s’envoler”.

Les chiffres provisoires parlaient dans le même temps d’une évolution de 9,8% pour le premier trimestre (le taux “voté” pour toute l’année est de 2% !) par rapport à la période équivalente de 1999.

Mais, souligne encore la Cnamts, “non seulement ces dépenses de médicaments sont élevées mais elles tendent à s’accélérer”. Elles avaient déjà progressé de 6,3% l’an passé. Parallèlement, les chiffres du ministère de l’Industrie indiquent un chiffre d’affaires en hausse de 18% pour l’industrie pharmaceutique en France entre janvier 2000 et janvier 1999 (ce taux englobe néanmoins des exportations qui connaissent elles-aussi dans le même temps une progression sans précédent).

Outre l’impact de phénomènes conjoncturels, comme l’épidémie de grippe entrevue ci-dessus, la dérive tiendrait à des “facteurs plus structurels”. Parole d’experts. Les médecins semblent hors de cause. Les ordonnances ne s’allongent d’ailleurs plus. Il s’agirait plutôt à la fois du transfert vers la médecine de ville de produits issus de la réserve hospitalière et souvent associés à des traitements lourds (sida, cancers) -une mesure que le Snip estime de fait à près de 2 milliards de francs en 1999- et du renouvellement progressif de l’offre de médicaments, plus innovante donc plus onéreuse que la précédente : l’an passé une quinzaine de nouveaux médicaments sont ainsi arrivés sur le marché du remboursable. Et le phénomène ne peut que s’accentuer (Vioxx® et Celebrex® sont annoncés et représentent un chiffre d’affaires potentiel en milliards de francs), notamment du fait du vieillissement de la population. Reste alors au gouvernement l’espoir des génériques, toujours en suspens, et les “diktats” de ristournes annuelles à l’encontre des laboratoires pharmaceutiques. Cela paraît bien court.

 

Visite Actuelle - Mai 2000  - page  - 14

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