Industrie pharmaceutique 2000

Croisade contre l’ONDAM médicament

Par Jacques Busseau -  Journaliste

Théragora - www.theragora.fr - Année 2000 - Visite Actuelle N° 61 - Page 13

Les comptes du régime général de la sécurité sociale seraient équilibrés. Voilà pour le constat, mais outre les questions posées par la fiabilité des chiffres officiels, on se demande quel crédit accorder aux commentaires ministériels. Le Snip, pour sa part, condamne l’objectif annuel des dépenses de médicaments (+2% pour 2000), “inadapté à l’évolution du progrès thérapeutique”.

 

 

Avant de quitter le bateau de la Santé pour aller s’occuper de la mairie lilloise, Martine Aubry entend passer aux yeux du grand public pour le commandant qui, après 15 années de déficits successifs, aura réussi à “reboucher le trou de la sécu”. Reste à savoir si la ministre mérite les bravos. La Cour des Comptes rappelait encore il y a peu de temps dans son Rapport annuel sur la sécurité sociale que la gestion de l’organisme paritaire manquait de clarté et que les chiffres devaient être considérés en moyenne à… plus ou moins 5 ou 6 milliards. Une paille ! Voilà pourquoi, l’équilibre du régime général en 1999 et, à plus forte raison, l’excédent annoncé de 13 milliards pour l’an 2000, “c’est bien possible mais ça n’est pas certain”.

 

Le médecin seul contre tous…

Reste que notre “ encore ministre de tutelle ” s’octroie tous les mérites d’un résultat quasi miraculeux (rappelons simplement qu’à peine 6 mois plus tôt, la Commission des Comptes de la sécurité sociale avait annoncé un déficit de 4 milliards de francs !) : au diable les effets de la croissance économique, notamment sur l’emploi, donc sur la rentrée de cotisations supplémentaires, tout serait dû “ aux politiques structurelles ” mises en place par l’avenue de Ségur. Dont acte…

Dans ce contexte idyllique tout n’est cependant pas parfait. Et Martine Aubry de montrer une nouvelle fois du doigt le médicament qui “ continue à augmenter de façon trop importante, même si sa croissance est inférieure à celle de l’an passé et reste inférieure à la moyenne des pays européens (+6,2% en France contre +8,1% au-delà de nos frontières) et des Etats-Unis (+10%) ”. Parmi les “ politiques structurelles ” pourtant vantées, le droit de substitution officinal et la clause de sauvegarde (1,2 milliard de francs versé en 1999 par l’industrie pharmaceutique) n’auront donc pas suffi. Pour la ministre, “ il faut aller plus loin ” : sont ainsi annoncés, pêle-mêle, des déremboursements, classe par classe, pour certains médicaments “ aux effets faibles ” et des baisses de prix pour d’autres “ aux effets insuffisants ”. Encore une fois, rien que du politiquement courageux et du “ structurel ” !…

Mais au-delà de ces considérations, il ne faut pas se voiler la face, c’est la visite médicale qui est la cause de tous les maux. Haro donc sur “ l’information qui n’arrive dans les cabinets médicaux que par les laboratoires ” !  Mme Aubry préconise une “ information neutre, validée scientifiquement, sur le bon usage du médicament ” et ne veut plus “ qu’on laisse les médecins seuls face à l’industrie ”.

A la lecture de ces propos une seule question : jusques-à-quand les médecins accepteront-ils de se faire traiter de niais et d’incompétents par un ministre de tutelle qui les juge totalement incapables d’analyser une information dispensée de leur plein gré ? Question initiale qui en sous-tend cependant une seconde : comment peut-on être autant méprisant à l’encontre d’une profession ?

 

Un écart suspect

Plus sérieusement, après avoir constaté tout d’abord la mise en place de réformes initiées par les pouvoirs publics dans le but de mieux maîtriser la consommation de médicaments (RMO, génériques, informatisation, réévaluation), parallèlement au respect par l’industrie des engagements de l’accord sectoriel ; après avoir constaté qu’en second lieu la progression du marché du médicament remboursable en ville (due notamment au transfert de certains traitements hospitaliers à la médecine ambulatoire) correspond en fait à une réalité incontournable (la même progression atteint d’ailleurs 15% aux Etats-Unis et au Canada, 12% en Australie, 11% au Royaume-Uni et 10% en Italie et en Espagne) ; le Snip (Syndicat national de l’industrie pharmaceutique) en conclut tout naturellement que l’ONDAM (Objectif national de dépenses de l’assurance maladie), déterminé chaque année autour de +2% pour le médicament, n’était “ pas adapté à l’évolution du progrès thérapeutique ” issu des innovations médicamenteuses.

Les prévisions, proclame le Snip, “ montrent que dans l’ensemble des pays développés, les dépenses de santé issues du médicament vont doubler en dix ans, ce qui correspond à une augmentation moyenne annuelle d’environ 7% ”.
En prendre conscience relève de la simple gestion, celle que l’on est en droit d’attendre d’un personnel politique qui se contente trop souvent d’un rôle de donneur de leçons.

 

Visite Actuelle -  Juin 2000 - page  - 13

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