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Maitre Dupont Moretti est décidemment un avocat, un pénaliste qui mérite sa réputation. Il a une nouvelle fois réussi sa mission qui était d'éviter à tout prix la prison à son client Jérôme Cahuzac. Pourtant bien mal parti.
Condamné en première instance à trois ans de prison ferme ' qui lui aurait valu alors une incarcération ' l'ancien ministre a vu certes sa peine portée à quatre ans, mais détail qui n'en est pas un, dont deux avec sursis� Cherchez l'erreur.
On aura saisi que l'ancien ministre ne passera pas par la case prison, puisque depuis les lois de 2004 et 2009, les personnes condamnées jusqu'à deux ans d'emprisonnement peuvent échapper à l'incarcération, en bénéficiant d'un aménagement de peine. On comprend dès lors le sourire du prévenu qui évite ainsi ce qui était son principal souci et son angoisse : à savoir la cellule et ses barreaux.
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L'avocat a bien manoeuvré. Certes Jérôme Cahuzac se voir infligé par la Cour d'Appel une amende de 300 000 euros alors qu'il en était exempté en première instance. Le prix sans doute pour éviter la punition redoutée.  Mais gageons que, pour lui, ce ne sera pas grand-chose.
Il reste que l'on ressent un certain malaise à la lecture de ce jugement. On n'aura garde d'oublier que le ministre a menti aux députés, mieux même au Président de la République en affirmant qu'il n'était pas coupable et que, non, il n'avait de compte bancaire à l'étranger et qu'il était étranger à toutes les accusations de blanchiment d'agent portées par la presse et Mediapart en particulier...
Il a affirmé les « yeux dans les yeux » ces contre-vérités. Il a humilié les représentants du peuple jusqu'au plus haut dignitaire de la Nation, il a menti à ses électeurs, il a menti à l'ensemble des français. On en connait qui pour si peu se retrouveraient derrière les barreaux. Deux poids deux mesures� « Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc et noir ». Impossible de ne pas citer La Fontaine dans cette affaire.
D'autant que l'histoire de Jérôme Cahuzac ne se résume pas à cette époque où il était ministre des Finances et qu'il avait pour principale mission de lutter contre la fraude fiscale et le blanchiment d'argent�
 Car Jérôme Cahuzac, c'est aussi l'homme, qui au ministère de la Santé alors qu'il était le collaborateur de Claude Evin dans les années 90, a tissé des liens étroits, très étroits avec l'industrie pharmaceutique. Des relations qui ont été, c'est le moins que l'on puisse écrire, très fructueuses, on allait écrire enrichissantes, pour lui et ses amis politiques� Michèle Rivasi, députée européenne écologiste, qui connait très bien le monde de la santé, et qui se souvient, comme l'auteur de cet article, de cette époque, n'a pas tort lorsqu'elle affirme dans un communiqué que Jérôme Cahuzac incarne jusqu'à « l'ignominie, le cynisme, le mensonge et l'appât de l'argent en politique ».
Ce qui est certain, c'est que cette condamnation peu sévère, guère commentée dans les milieux politiques, à quelques exceptions près, ne rassure pas et en tout cas ne réconciliera pas le citoyen avec ses élus...Â