En 2001 la question se posait, la poserait-on aujourd'hui ?

Le système de santé français est-il encore le meilleur du monde ?

Par Frantz Lecarpentier -  Co-fondateur de Théragora

Théragora - www.theragora.fr - Année 2001 - Théragora N° Juin 2017 - Page 0

La meilleure connaissance des grandes pathologies favorise l’émergence accélérée de nouveaux besoins médicaux. Souhaitant contribuer à l’effort général de réflexion, le Syndicat National de l’Industrie Pharmaceutique (SNIP) et les Laboratoires Internationaux de Recherche (LIR) viennent de rendre publique une étude portant sur “l’évaluation des besoins médicaux liés à 18 pathologies majeures”. Dans le même esprit et afin de nourrir le débat public, le SNIP organisera un colloque sur ce thème à l’automne prochain.

 

Cette étude qui s’appuie sur plus de 200 références émanant de différents organismes officiels, rassemble et met en perspective, pour la première fois, les données nationales sur 5 à 10 ans. Elle souligne et analyse les besoins médicaux non couverts avant de “pointer” sur le manque d’outils d’évaluation entraînant de sérieuses lacunes dans l’anticipation des besoins.

Ainsi, les prévisions s’appuient sur des sources insuffisantes, en particulier en ce qui concerne le cancer. La Cour des Comptes dénonçait d’ailleurs dans son rapport de septembre 2000 l’insuffisance de données et l’impossibilité de corréler les besoins de santé et l’offre de soins. Dans ces conditions, comment établir rationnellement un Objectif National des Dépenses d’Assurance Maladie (ONDAM).

D’autres phénomènes sont à prendre en compte dans la prévision des besoins médicaux tels que la croissance de la natalité en France (+4,7% pour l’année 2000), l’augmentation de la population des plus de 60 ans, enfin les facteurs environnementaux et les modifications des modes de vie.

 

Par ailleurs, pour répondre à la demande légitime de la population, Bernard Kouchner fixe dans le Programme de Santé 2001 des objectifs ambitieux de santé publique qui devront évidemment trouver leur financement.

Les auteurs de l’étude, au vu de l’analyse de la situation et des objectifs de santé publique fixés par le ministre, soulignent le caractère inévitable de l’augmentation de la consommation légitime de soins médicaux. Dans ce contexte, l’industrie pharmaceutique “entend maintenir un environnement propice au développement de l’innovation thérapeutique et favoriser l’accès du plus grand nombre aux traitements les mieux adaptés à leur état de santé”.

 

Pour rendre compte de l’importance du travail d’analyse entrepris par la profession et à titre d’information, nous vous proposons les données-clés concernant quelques pathologies sur les 18 étudiées dans ce rapport.

 

L’asthme

Les données épidémiologiques disponibles en 1998 font état de 3,5 millions d’asthmatiques en France, soit 5,8% de la population générale. 700 000 petits Français souffrent de cette pathologie et leur nombre augmente de 6 à 10% par an, contre 3% pour la population des adultes. L’asthme serait responsable de 2000 décès par an.

Malgré les recommandations des Agences de l’Evaluation et du Médicament (ANAES et AFSSAPS), force est de constater qu’aujourd’hui 1 patient sur 6 est insuffisamment traité, que 9 patients sur 10 atteints d’asthme sévère ne reçoivent pas le traitement adapté et que plus de 50% des patients, dont l’état justifierait un traitement de fond en continu, ne sont pris en charge qu’en cas de crise.

Pourtant, une prise en charge correcte pourrait éviter bien des crises mortelles et le nombre d’hospitalisations pourrait diminuer de 50%.

Une utilisation judicieuse des thérapeutiques actuellement sur le marché et l’éducation des patients permettraient de répondre aux recommandations des autorités sanitaires.

 

Les maladies cardio-vasculaires

Les maladies cardio-vasculaires sont la première cause de décès en France et la  troisième cause d’hospitalisation : chaque année 170 000 décès, 110 à 120 000 infarctus du myocarde et 130 000 accidents vasculaires cérébraux.

La fréquence des maladies cardio-vasculaires est corrélée à des facteurs de risques tels que l’hypertension artérielle (plus de 7 millions de malades), le diabète (1,8 million de patients), l’obésité (5 millions), l’hypercholestérolémie (8 à 12 millions) et enfin le tabagisme (15 millions de fumeurs).

Agir sur ces facteurs de risque réduit le nombre de maladies cardio-vasculaires, on le sait. Les moyens proposés les plus habituels reposent d’abord sur des mesures hygièno-diététiques auxquelles les autorités sanitaires recommandent d’associer des traitements médicamenteux en cas de contrôle insuffisant des facteurs de risque.

Malgré l’efficacité reconnue de ces thérapeutiques et les campagnes d’information concernant le dépistage et la prise en charge des facteurs de risque, il apparaît que les besoins ne sont pas totalement couverts. L’enquête (SNIP –LIR), montre que seulement 20 à 30% des hypertendus traités sont contrôlés, que moins de la moitié des diabétiques traités ont une glycémie normalisée, que près de 50% des hypercholestérolémies ne sont pas dépistées et que 43% des diagnostiquées ne sont pas traitées…

Cependant, la mortalité liée aux maladies cardio-vasculaires décroît en France mais l’augmentation de l’espérance de vie et l’évolution du mode de vie laissent prévoir une croissance parallèle du nombre des patients concernés et donc des besoins de prise en charge.

 

Hépatite C

La lutte contre l’hépatite C est un enjeu majeur de santé publique, compte tenu de l’importance de la population infectée : 600 000 personnes contaminées en France, soit 1% de la population. 80% des sujets infectés sont virémiques : le virus étant présent dans le sang circulant, ces patients sont contagieux. Le risque de transmission est d’autant plus grand que seuls 40 à 50% d’entre eux savent qu’ils sont porteurs du virus.

L’injection intraveineuse de drogue, aujourd’hui principale source de contamination, représente environ 70% des nouveaux cas. On estime que le nombre de nouvelles contaminations par an est compris entre 3600 et 5000. Par ailleurs, le virus de l’hépatite C est responsable de 60% des cancers du foie.

Face à la fréquence de cette pathologie et à ses conséquences, l’hépatite C est devenue un enjeu majeur de santé publique. C’est pourquoi elle fait l’objet d’un plan national rendu public en 1999 par le gouvernement.

L’objectif pour 2002 est que 75% au moins des sujets infectés soient diagnostiqués et qu’au moins 80% des sujets relevant des thérapeutiques antivirales soient traités. Si cet objectif était atteint, 200 000 patients seraient pris en charge contre seulement 40 à 50 000 aujourd’hui.

Les médicaments sont les seules réponses possibles pour traiter l’hépatite C. Il est à noter que les autorités sanitaires ont accordé à ces produits le plus haut niveau d’ASMR bien que leur efficacité soit encore limitée (30 à 45% de taux de réponse). Ces médicaments sont les interférons alfa, la ribavirine et le peginterféron alfa-2b.

 

Cancer

Environ 28% des décès sont la conséquence d’un cancer, ce qui en 1997 représentait 146 837 morts. Seconde cause de mortalité derrière les maladies cardio-vasculaires, les cancers sont le principal motif de décès avant 65 ans (37%). Près d’un homme sur 2 et plus d’une femme sur 3 feront un cancer. A partir de 85 ans, le risque de faire un cancer est, chez l’homme, 6 fois plus élevé que dans sa vie entière, nous apprend l’étude SNIP – LIR. Aujourd’hui en France, 700 000 personnes sont porteuses d’une maladie cancéreuse. Chaque année le nombre de nouveaux cas augmente. De 171 000 en 1975 nous passons à 250 000 cas en 1995.

De plus, de nombreuses disparités sont à noter dans la prise en charge. Géographiques d’abord -certaines régions sont sous équipées- puis disparités selon les types de structures de soins, l’équipe médicale et les stratégies de soins utilisées. Par exemple, les hommes atteints de cancer dans le Nord-Pas-de-Calais meurent plus par rapport à la moyenne nationale.

La lutte contre le cancer fait aujourd’hui partie des priorités de santé publique et fait l’objet d’un Plan quinquennal gouvernemental depuis l’année 2000. Ce Plan dont le leitmotiv pourrait être “mieux connaître pour mieux agir” se fonde sur la prévention, le dépistage, l’amélioration des soins, l’amélioration des conditions de vie et des droits des malades.

L’industrie pharmaceutique de son côté propose d’ores et déjà de nombreux médicaments anti-tumoraux mais un grand nombre de nouveaux médicaments sont actuellement en cours d’évaluation. L’objectif étant de mettre au point des produits plus efficaces, plus faciles d’utilisation et mieux tolérés afin d’améliorer la qualité de vie des malades.

Le programme des autorités sanitaires de notre pays ou celui concernant la recherche de nouveaux médicaments exige de l’ambition et des moyens!…

 

La dépression

La dépression est une maladie fréquente qui touche particulièrement l’adulte jeune et les personnes âgées. Les accès dépressifs sont souvent récurrents, handicapant la vie sociale et familiale.

La dépression touche 5% de la population française, 15% des plus de 16 ans se déclarent déprimés. 50% des dépressions récidivent dans les 2 ans suivant le premier épisode et 20% des patients passent à la chronicité. Le risque suicidaire est important : 15% des malades hospitalisés pour une forme sévère de cette affection ont tenté de se suicider. Le suicide est responsable de 9,6% des morts prématurées et la dépression en constitue la 3e cause. Chaque année, 12 000 personnes se suicident, 120 000 tentent de mettre fin à leur vie (30 à 50% le font dans un contexte dépressif).

Ce lourd tribu payé à la dépression conduit les pouvoirs publics à mettre en place depuis plusieurs années un Programme de Prévention du Suicide.

Des études récentes montrent que 50 à 70% des dépressions symptomatiques ne font l’objet d’aucune prise en charge thérapeutique. Cependant, outre les psychothérapies interpersonnelles ou comportementales, il existe aujourd’hui des antidépresseurs efficaces!

L’Observatoire National des Prescriptions et Consommations des médicaments notait en 1998 que la consommation des antidépresseurs augmentait en France. 10% sont prescrits dans les dépressions majeures, 20% chez des patients dont le diagnostic ne s’appuyait pas sur des éléments cliniques propres à la dépression majeure qui justifie la prescription d’un antidépresseur.

En fait, l’augmentation de la consommation de ces médicaments serait plutôt la conséquence d’indications nouvelles telles que la prévention des attaques de panique, le traitement de troubles obsessionnels compulsifs et le traitement des douleurs rebelles aux antalgiques.

Actuellement, l’utilisation des antidépresseurs tend à se faire de manière plus rigoureuse dans le cadre de leur AMM, c’est à dire dans les épisodes dépressifs majeurs avec risque de suicide. La pratique médicale s’oriente actuellement vers l’utilisation des médicaments les mieux tolérés en particulier les “inhibiteurs spécifiques de la recapture de la sérotonine” (ISRS).

 

L’infection par le VIH

L’infection par le VIH est une infection virale chronique entraînant une détérioration progressive des défenses de l’organisme qui favorise le développement d’infections opportunistes et de tumeurs cancéreuses. Cette maladie évoluait inéluctablement vers la mort avant l’apparition des antirétroviraux.

Depuis 1986, date à laquelle la déclaration du SIDA devint obligatoire, 52 635 cas ont été enregistrés. Fin 95 le nombre estimé de personnes contaminées était de 110 000 et l’on situe le nombre de nouveaux cas entre 3000 et 5000 par an. Le nombre de personnes ayant développé le SIDA (à ne pas confondre avec le nombre de séropositif) est estimé à 21 500, en augmentation de 5 à 6% par an. Le nombre cumulé de décès se situe entre 35 500 et 38 000.

Les protocoles thérapeutiques reposant sur l’utilisation des antirétroviraux permettent de stabiliser sur le long terme les malades séropositifs en évitant dans un nombre élevé de cas, de passer de ce stade à celui du SIDA. En 1994, on enregistrait 5700 malades du SIDA. Ce chiffre est tombé à 1500 en 1999. Dans le même temps le nombre annuel de décès passe de 4087 à 600.

L’ensemble des actions entreprises et les recommandations régulièrement actualisées ont permis la prise en charge régulière de 94 000 personnes dont 59% sont séropositives et 41% sont au stade du SIDA. 80 000 des ces malades sont sous antirétroviraux dont 6% en échec thérapeutique sévère.

Bien évidemment, la dépense liée à la consommation des traitements antiviraux augmente de manière importante sur les dernières années (+53% entre 1995 et 1999).

 

Sources : – SNIP et le L.I.R – Mai 2001 – “Evaluation des besoins médicaux en France liés à 18 pathologies majeures”

 

 

Les priorités définies par le ministère de la Santé s’articulent autour de six axes :

Lutte contre les pathologies chroniques
Lutte contre les pathologies infectieuses
Lutte contre les maladies émergentes ou orphelines
Lutte contre les pratiques addictives (tabagismes, alcoolismes, drogues…)
Programmes d’actions spécifiques relatifs à la santé des jeunes, des femmes, des personnes en situation précaire et des détenus
Actions d’intérêt général : développement des greffes, accompagnement des fins de vie, lutte contre la douleur, éducation à la santé, programme national de nutrition.
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