A quelques jours du premier tour de l'élection présidentielle, tour d'horizon des principales propositions des principaux prétendants à l'Elysée

Présidentielle 2017 : les propositions santé et protection sociale des favoris

Par Jacques Degain -  Journaliste

Théragora - www.theragora.fr - Année 2017 - Théragora N° 1 - Page 0 - crédits iconographique Phovoir

Certaines rencontres, comme celle de la Mutualité en janvier, ont montré que les candidats n’étaient parfois pas avares de promesses sans que ne soient mis en face les financements nécessaires. Mais c’est bien mince.
Revue de détail des propositions des quatre principaux favoris à quelques jours du premier tour de ce scrutin majeur.

 

 La santé figure dans le peloton de tête des préoccupations des  français – et des professionnels de santé- avec le chômage, le pouvoir d’achat, la sécurité… Pourquoi dès lors ces questions ne constituent-elles pas un sujet d’affrontements,  de polémiques majeurs entre les candidats ? Sans doute estiment-ils que le système a montré son efficacité et que le modifier s’avèrerait toujours un exercice périlleux qui apporterait à son auteur plus de critiques que de compliments. Il n’empêche que les français sont en attente de nouvelles propositions concernant notamment l’hôpital, la médecine ambulatoire, la protection sociale

 

 POLITIQUE HOSPITALIERE

Tout ce chapitre manque à l’évidence d’imagination de la part des candidats. Il est sans doute intéressant comme le propose Emmanuel Macron  de vouloir accélérer le déploiement des groupements hospitaliers et de favoriser un meilleur dialogue avec le service privé pour « proposer une offre plus adaptée, des circuits plus simples et fluides », encore faut-il tirer les conclusions des expériences en cours et tenter d’imaginer une harmonisation des financements et de la tarification public privé. Ce que n’évoque pas pour le moment le candidat de « En Marche ! ». Modifier la T2A, la fameuse tarification à l’activité dans les hôpitaux est aussi une priorité du candidat. L’ancien ministre de l’économie affirme encore qu’il consacrera cinq milliards d’euros sur cinq ans à la transformation de la médecine de ville et des hôpitaux.
Jean Luc Mélenchon  veut aussi sortir de la T2A et revoir l’organisation du système hospitalier pour soulager l’hôpital des tâches qui ne lui incombent pas. Faut-il engager une nouvelle grande réforme hospitalière ? Le candidat de la « France insoumise » ne le dit pas explicitement même s’il le laisse entendre. A noter qu’il se prononce en même temps pour un recrutement important de personnels soignants et médicaux. Des recrutements à l’hôpital, Marine Le Pen en veut aussi mais après des audits établis par chaque hôpital afin de bien mesurer les besoins de chaque établissement. Encore faut-il évaluer les besoins selon les établissements car les situations sont très différentes d’un établissement à l’autre, d’une région à l’autre, d’une commune à l’autre. François Fillon est dans une logique parallèle lorsqu’il propose d’instaurer « une transparence totale sur la qualité des établissements de santé pour aider les Français à mieux s’orienter dans le système de soins et pour donner aux gestionnaires des repères pour améliorer les performances de leurs établissements ». La proximité ne garantit pas la qualité « car un niveau d’activité minimum est indispensable pour assurer l’expertise des professionnels de santé ». Enfin on notera avec intérêt que la fonction publique hospitalière ne serait pas concernée par le plan de suppression de 500 000 emplois de fonctionnaires annoncées par le candidat LR

 

MEDECINE AMBULATOIRE

 

Tout au long de la campagne, ce dossier a concerné en priorité le problème récurrent   des déserts médicaux qui alimente toutes les campagnes électorales depuis des lustres sans que ne soit trouvé et mis en place un remède miracle. Ce ne sera pas encore le cas cette fois ci. Car les candidats ne font guère preuve d’originalité.

Jean Luc Mélenchon propose ainsi de créer un corps de médecins généralistes fonctionnaires, rémunérés pendant leurs études et salariés dans des centres de santé gérés par l’Etat. Ils devraient s’engager à s’installer dans des régions, peu pourvus en médecins, durant dix ans.  

Pour Marine Le Pen, il faut lutter contre les déserts médicaux en instaurant un stage d’internat dans les zones concernées, en permettant aux médecins retraités d’y exercer avec des déductions de charges et en y développant les maisons de santé. La candidate FN est partisane de relever le numerus clausus à l’issue de la première année d’études  pour  anticiper les départs à la retraite dans les quinze prochaines années.

 Face au désert médical, « je souhaite que l'on double les maisons de santé d'ici 2022. Nous réussirons ainsi à attirer les professionnels de santé », expliquait lors d’une récente réunion publique Emmanuel Macron., Ces maisons regrouperont des médecins, des infirmières, des orthophonistes, des kinésithérapeutes, des professionnels du sport, précise encore son programme.

Une proposition qui n’est pas très éloignée de celle de François Fillon qui veut combattre les déserts médicaux en développant les maisons médicales, sans fixer d’objectif précis mais en laissant « une grande liberté d’organisation aux professionnels de santé pour créer les structures les plus adaptées ». Pour le candidat LR le développement de la télémédecine sera aussi un élément important pour combattre l’isolement des patients dans ces déserts médicaux, et une aide essentielle pour le médecin.

Elections obligent, certains candidats font souvent les yeux doux aux médecins  libéraux : Certes, Marine Le Pen reste prudente en ne promettant pas une augmentation très forte de la consultation tout en affirmant qu’il faudra réactualiser les tarifs depuis trop longtemps bloqués, dit-elle ; François Fillon  veut instaurer  une consultation de prévention longue et gratuite, tous les deux ans, pour tous les Français, assurée par des médecins généralistes qui seront rémunérés en conséquence.    Et supprimer le tiers payant obligatoire.

Quant à Emmanuel Macron, il ne veut pas obliger les médecins à pratiquer les tiers payant que Marisol Touraine a mis en place  mais il reste sévère sur le paiement à l’acte qui selon lui ne correspond plus à l’époque…Ce qui devrait satisfaire Jean Luc Mélenchon qui estime lui aussi que ce mode de paiement est aujourd’hui tout à fait inadapté notamment pour les malades chroniques qui demandent, dit-il, une  consultation longue. Pas sur que cela lui amène beaucoup de voix du coté des généralistes.

 

FINANCEMENT DE LA PROTECTION SOCIALE

Les candidats restent dans l’approximation. Car avec les remboursements à 100% des prothèses optiques et dentaires, des lunettes par l’assurance maladie promis par François Fillon et Emmanuel Macron, la volonté affirmée par Jean Luc Mélenchon de rembourser tous les soins prescrits sans passer par les complémentaires,  et le projet de Marine Le Pen de prendre en charge «  d’une manière adéquate, les soins couteux »,  on se demande bien comment seront financées ces fortes dépenses.

D’autant que dans le même temps, le candidat LR, qui a fortement adouci son projet initial, affirme vouloir ramener l’assurance maladie à l’équilibre d’ici 2022 en faisant 20 milliards d’économes en cinq ans. Le candidat de En Marche ! propose quant à lui que notre système de protection sociale soit davantage financé par l’impôt  que par des cotisations sociales assises sur le travail.

 Il faut, selon lui, que le financement de notre protection sociale, « refondée », porte davantage sur la consommation, la pollution, ou d’autres revenus que ceux du seul travail. Il propose aussi de remplacer les cotisations maladie de tous les salariés par une hausse de la contribution sociale généralisée (CSG), à l’assiette plus large. Des propos qui laissent sceptiques bien  des experts.

En clair un grand flou persiste entre l’annonce des promesses et la réalité économique d’un système de protection sociale, et notamment de sa branche maladie, qui s’il va peut-être moins mal qu’il y a quelques années reste quand même extrêmement fragile.

 

 

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