Regard des Français sur leur système de soins - Préserver plutôt que transformer

Par Jacques Busseau -  Journaliste

Théragora - www.theragora.fr - Année 2010 - Visite Pharma N° 27 - Page 0

 

Générale de Santé, “1er groupe français d’hospitalisation privée”, a confié à TNS Sofres le soin de réaliser une enquête annuelle sur la perception qu’ont les Français de leur système de santé et de la qualité des soins. La 1ère édition* montre à la fois un fort attachement, une confiance qui se fragilise et… un rejet de tout changement en profondeur.


“Apparemment”, tout va bien ! Les Français pensent à 83% que nous avons “le meilleur système de santé au monde”. 90% se déclarent d’ailleurs très satisfaits et plutôt satisfaits de la qualité des soins. Ils sont même 61% à considérer que cette qualité s’est “améliorée au cours des 10 dernières années”, et ce grâce notamment aux innovations technologiques -imagerie médicale, robotique en chirurgie-, 2 facteurs largement en tête, suivies par les propositions de dépistage systématique, les efforts en matière de recherche, mais aussi l’information des patients (pour 78%) et la généralisation des génériques.

 

Au-delà de l’attachement, une certaine lucidité

“Apparemment” seulement ! Car au-delà de ce “bruit ambiant”, l’étude détaillée des résultats montre que l’intensité de la satisfaction n’est pas aussi forte qu’on pourrait le croire : 90% se déclarent “satisfaits”, mais seulement 18% “très satisfaits” ; 61% constatent une amélioration des soins, mais 32% dénoncent “une détérioration”. En fait, “un craquement” se fait entendre. Les mots “qualité” (63%) et “attachement” (34%), spontanément associés à notre système de soins, sont immédiatement suivis par des mots plus inquiétants, comme “complexité et inégalité” (31%), “peur” (16%), voire “exaspération” (9%). À l’évidence, la confiance se fragilise ! 55% se montrent d’ailleurs “inquiets” sur l’évolution de la qualité des soins en France dans les 10 ans à venir. Et cela apparaît pour peu qu’on décrypte un instant cette notion de “satisfaction” énoncée par nos concitoyens. Une idée en fait très “élastique” : la satisfaction est globalement très forte (supérieure à 70%) lorsque l’on considère la médecine elle-même : les opérations chirurgicales, la prévention des maladies grave, la sécurité des soins font parties des points forts du système de santé. Mais elle diminue (50 à 60% de “satisfaits”) en matière d’accompagnement et de proximité avec le patient, notamment dans l’attention portée pendant les séjours hospitaliers, ou l’information…

Elle est moindre (inférieure à 50% de “satisfaits”) si l’on se place au niveau du fonctionnement même du système, notamment pour les aspects touchant à la coordination médecins de ville/hôpitaux (51% pensent qu’elle s’est améliorée, mais 21% la voient se dégrader), la durée des séjours hospitaliers ou la durée d’obtention d’un rendez-vous (31% voient une amélioration, mais 51% dénoncent une dégradation !). 32% déclarent encore que “la prise en compte de l’entourage” du patient n’est pas satisfaisante.

 

Mais réticence à agir individuellement !

À l’évidence, l’enquête fait apparaître des points forts, mais laisse percer des signaux significatifs sur l’avenir : notre système, “mieux qu’hier”, risquerait-il d’être “moins bien demain” ?…
Et de fait, derrière “l’emploi”, c’est bien “la santé et l’assurance maladie” qui, aux yeux des Français, doit être “une priorité pour le gouvernement” (à 80%!), devant le pouvoir d’achat, les retraites, l’éducation nationale, le logement, la justice et la sécurité…
Pour autant, l’attitude face au déficit de la sécurité sociale balance entre inquiétude et déni. Si 55% jugent que ce déficit est “un problème grave qu’il faut régler d’urgence”, 40% estiment qu’il s’agit “d’un sujet de préoccupation important mais qu’on a parfois tendance à exagérer”. Cette ambivalence montre que l’opinion est partagée entre l’urgence d’agir et la crainte de ce que pourrait entraîner cette contrainte, pour eux-mêmes ou pour leur système tel qu’il existe.

Alors, que faire ? Pour 61%, il vaut mieux modifier le système de soins sur quelques aspects, sans changer quoi que ce soit sur l’essentiel (12% pensent même qu’il faut le conserver dans son état actuel), quand 23% seulement parlent de réforme en profondeur. Les Français redoutent vraisemblablement de devoir agir individuellement. Près de 3 personnes sur 4 ne sont ni prêtes à travailler plus ni à voir leurs remboursements faiblir, voire à payer davantage de cotisations sociales pour réduire le déficit de la sécurité sociale. 
Ils estiment en effet que ce qu’ils paient pour leur santé est déjà cher (70%). C’est donc le système de santé qui doit faire “aussi bien avec moins”. Comment ? Plus des 2/3 jugent prioritaire de former davantage et mieux les professionnels de santé, d’assurer une meilleure coordination entre eux, d’installer une gestion plus efficace des établissements de santé et de lutter davantage contre les abus de la part des patients. On parle (à 50%) encore de la nécessité d’organiser une meilleure coordination entre hôpitaux publics et cliniques privées. Mais il est clair que chacun a plutôt tendance à “attendre des efforts de la part des autres”, notamment de la part des acteurs de santé !

 

Paradoxes et complexité

Pour les responsables de la Générale de Santé, “la 1ère édition de cet observatoire est très encourageante” sur 3 aspects principaux :
l’attachement des Français à leur système de santé, ainsi qu’à ses 2 composantes, publiques et privées (même si le secteur privé apparaît fort méconnu), et leur satisfaction quant à la qualité des soins. Malgré cela, les Français ne cachent pas leur inquiétude et considèrent que le système se fragilise et baisse en qualité sur certains points.
Apparaissent dès lors “3 grands défis à relever rapidement et de manière collective : aller plus loin dans la prise en charge du patient, dans son information et l’intégration de son entourage. Le patient ne veut plus être un simple cas médical mais être considéré comme une personne à part entière ; faire face aux défis des déficits sociaux tout en optimisant la qualité des soins. La solution se trouve dans la mise en place d’une gestion responsable offrant la même efficience au meilleur coût ; enfin renforcer encore la coopération entre les secteurs public et privé, dans la continuité de la loi HPST, afin d’optimiser à la fois la qualité des soins et l’efficience de l’organisation”. Une tâche complexe, car “si les Français sont conscients des évolutions nécessaires pour maintenir leur système de santé, ils refusent toute idée de bouleversement”. 
Cependant, “nous avons collectivement les atouts pour réussir sans abandonner les principes fondateurs du système auxquels sont attachés les Français : accessibilité pour tous, liberté de choix, solidarité de prise en charge”. 

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*1ère édition de l’Observatoire Générale de Santé-TNS sur le système de santé et la qualité des soins en France : en 2009, où en sont les Français avec leur système de santé ? Quelles sont leurs attentes et leurs craintes face à son avenir ? À quoi sont-ils prêts pour le faire évoluer ?

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