Une de plus… Depuis 1958 et la réforme Robert Debré, le père des Centres hospitalo-universitaires, on ne compte plus les réformes du système de santé et en corolaire celles de l’hôpital public.
Faut-il rappeler, et on s’y perdra surement, tous les textes publiés et réformes votés entre 1970 et 2013 pour tenter d’améliorer, une fois le financement des établissements, mettant une autre fois en place des contrats d’objectifs et de moyens, créant plus tard des agences régionales de santé ou instaurant le forfait hospitalier…Faut-il faire la liste de tous les plans qui prétendaient sauver l’hôpital public, et la sécurité sociale. Celui de 1995, comme celui de 2002, sans oublier ceux de 2004, de 2007, de 2009, et enfin de 2013…On en passe et des meilleurs. Chaque ministre de la santé et des affaires sociales, ou presque, a voulu marquer de son empreinte, et de son nom, une réforme de l’hôpital. On parle ainsi dans les cercles bien informés du monde de la santé, de la réforme Debré, bien sur, mais aussi de la réforme Seguin, de la réforme Veil sur la première tentative de maitrise des dépenses, mais aussi de la réforme Barrot, sans oublier les réformes Bertrand ou Bachelot avec sa fameuse loi HPST qui avait fait couler beaucoup d’encre. Pour un peu on aurait oublié la réforme Touraine. Mais on aurait tort.
Aujourd’hui, le gouvernement et sa ministre de la santé reprennent ce chemin. Soutenu par son Premier ministre comme l’avaient été en leur temps ses prédécesseurs, Agnès Buzyn n’hésite pas à affirmer son intention de mettre en place une réforme qui redonnerait à l'hôpital et à l’ensemble du système de santé une visibilité revigorante. Et la ministre d’annoncer avec Edouard Philippe cinq groupes de réflexion et de concertation qui se réuniront durant trois mois pour tracer les pistes d’une nouvelle réforme du système de santé et évidemment de l’hôpital dont les grandes lignes seront précisées à l’issue des ces travaux. Cela a aussi un air déjà vu avec des états généraux traditionnels convoqués par chaque ministre de la santé ou des affaires sociales ; on l’a vu avec Philippe Sequin, on l’a revu avec Jacques Barrot ou Roselyne Bachelot.
Pour autant ne soyons pas trop sévères. Laissons au gouvernemental actuel la chance de redresser la barre. Et attendons donc avec confiance les résultats de ces trois mois de concertation et de réflexion qui devraient donc déboucher sur une nouvelle réforme qui sera la bonne, nous assure-t-on…
Reste quand même, quelques craintes. Ainsi, les moyens financiers ne semblent pas au rendez vous ; ce n’est pas en annonçant une enveloppe de 100 millions d’euros par an durant les prochaines années pour l’hôpitaln en plus des crédits déjà accordés dans le cadre de l’objectif annuel des dépenses, que l’on va résoudre les problèmes des établissements publics.
Pour l’instant les économies recherchées se sont simplement traduites par des suppressions de lits ou de services et par des regroupements d’établissements, qui ne sont peut-être pas tous à condamner, mais qui sont surtout des mesures de court terme. Une réforme à un coup, diront les spécialistes de l’économie de la santé.
Ce ne sont pas, par de simples mesures de réduction des crédits et une ième politique de maîtrise comptable que l’on trouvera des solutions à la dégradation de la qualité des soins, de l’accession aux soins des hôpitaux. Ce n’est pas simplement en adoptant une nouvelle réforme de la tarification de l’activité des établissements, en modifiant ou supprimant ou en adaptant l’actuelle tarification -T2A-que l’on sortira de l’impasse actuelle. Le Premier ministre, Edouard Philippe, a annoncé, une « réforme globale » du système de santé et promis que de nouveaux modèles de financement seraient introduits « d’ici à la fin de l’année 2019 » pour remédier aux effets délétères de la T2A. Dont acte. Mais la petite phrase d’Agnès Buzyn, il y a quelques mois, affirmant que 30 % des dépenses n’étaient pas pertinentes, ne cesse d’inquiéter médecins et associations de patients qui craignent pour beaucoup d’entre eux qu’au nom de ces économies et de la maitrise des dépenses, on sacrifie la qualité des soins.
Quelle sera donc la solution miracle pour sortir l’hôpital de ses déficits ? Les groupes de travail qui se réunissent à partir de mars et jusqu'en mai n'auront sans doute pas trop de trois mois pour tacher de trouver une solution à cette crise de l’hôpital et de la santé. Et d’inciter le gouvernement à faire voter de nouvelles réformes.
Avant que l’homme ou la femme qui succédera à Agnès Buzyn dans quelques mois ou quelques années, ne convoque à son tour de nouveaux états généraux de la santé….