Pour France Assos Santé, le sentiment qui prédomine à la lecture des annonces faites hier par Matignon c’est un manque d’ambition et de sens politique. Nous saluons des mesures financières de rattrapage, indispensables pour éviter la faillite du système hospitalier et redonner un peu d’attractivité professionnelle au secteur, mais déplorons le manque d’ambition de ces annonces.
Sur les moyens : nous prenons acte des efforts, notamment en direction du pouvoir d’achat des personnels hospitaliers, mais constatons que le compte n’y est pas. Au regard d’un budget de 84 milliards d'euros par an, les 500 millions supplémentaires ne couvriront même pas les besoins de modernisation des infrastructures. Ils ne permettront pas non plus de résoudre la question cruciale du manque d’effectifs, pourtant garante de la qualité et de la sécurité des soins.
France Assos Santé déplore avant tout l’angle strictement financier de ces annonces.
« Pour nous, c’est une occasion manquée de réinjecter du sens politique dans l’organisation des soins sur le territoire, notamment de premier recours » explique Gérard Raymond, président de France Assos Santé. « Quel rôle pour l’hôpital au sein du système de santé dans son ensemble ? Quel modèle économique ? N’est-il pas temps de sortir d’une logique purement comptable au bénéfice d’une logique de qualité et de sécurité des soins ? Ce volet, pourtant essentiel, n’est à aucun moment abordé dans ces annonces. Dommage »
Pour France Assos Santé, l’hôpital doit redevenir un véritable service public de santé.
Nous demandons :
La Fédération de l’Hospitalisation Privée (FHP) salue l’effort du gouvernement pour résoudre la crise de l’hôpital à travers le plan présenté ce matin par le Premier ministre et la ministre des Solidarités et de la santé. Pour autant, si pour la FHP certaines mesures vont dans le bon sens, d’autres suscitent son inquiétude : « Le gouvernement qui a pris la mesure de la situation des établissements de santé consent un réel effort mais il reste des zones de forte inquiétude » réagit Lamine Gharbi, le président de la FHP.
« La revalorisation de l’ONDAM, le principe de pluriannualité des ressources et le dégel intégral des crédits mis en réserve sont des mesures positives que nous avions demandées. L’exécutif a entendu la mobilisation des hospitaliers. Malheureusement, la portée de ces mesures est anéantie par l’annonce d’une évolution des tarifs très inférieure à l’inflation, avec un taux plancher de 0,2 %. Avec un ONDAM 2020 à 2,45%, une augmentation des tarifs avec un taux minimal de 1% est possible et nécessaire ! » rappelle Lamine Gharbi.
Plus largement, la FHP souhaite que les acteurs hospitaliers privés, complémentaires des acteurs publics, soient aussi pris en compte. Plusieurs des mesures annoncées par le gouvernement pour l’hôpital public, comme le remboursement partiel de la dette ou le renforcement de l’attractivité des carrières, sont également nécessaires pour les établissements de santé privés : « L’engagement des personnels de soins au service des patients est le même dans les établissements publics et privés. Par conséquent, pourquoi les écarter des mesures visant à renforcer l’attractivité des carrières ou à relancer l’investissement ? Dans le privé, faute de ressources, le montant de l’investissement a chuté au cours des dernières années. Et sans vraie impulsion financière sur nos tarifs, il est impossible de bâtir des politiques sociales ambitieuses » explique le président de la FHP. « 25% des cliniques sont en déficit et ont également besoin d’être soutenues ».
Le plan « Ma santé 2022 » avait pour la première fois réuni tous les acteurs de santé, reconnaissant chacun dans ses spécificités, autour d’objectifs de santé publique partagés. Le risque est de fragiliser la cohésion et l’adhésion des professionnels de santé de tous statuts. « Le calibrage des mesures mérite d’être amélioré pour associer l’ensemble des acteurs. Nous demandons à la ministre que l’effort du Gouvernement tienne également compte des difficultés du secteur privé. » conclut Lamine Gharbi.
Plan d’urgence pour l’hôpital : le SNJMG prêt à poursuivre le mouvement et à rappeler à la grève les internes de Médecine Générale !
Après un ridicule premier plan pour les Urgences hospitalières en juin 2019 (1) puis un plan très insuffisant, toujours pour les Urgences hospitalières, en septembre 2019 (2), le gouvernement a présenté hier un plan d’urgence pour l’hôpital (3).
Si les propositions de ce plan sont bien plus conséquentes que dans les deux précédents plans, elles ne correspondent toujours pas aux attentes rappelées hier par les collectifs inter hôpitaux, inter bloc et inter urgences (4) et par différentes organisations de médecins hospitaliers (5).
Pour le Syndicat National des Jeunes Médecins Généralistes (SNJMG) qui avait participé à la journée du 14 novembre 2019 au nom des internes (+ FFI) et des jeunes hospitaliers de médecine générale (6), ce plan arrive bien tard (il y a 8 jours encore, le gouvernement se contentait de son PLFSS2020), ne s’attaque pas vraiment aux causes des dysfonctionnements et ne peut donc pas satisfaire un mouvement social global, en cours depuis plusieurs mois.
En outre, le SNJMG, qui a placé son implication dans le mouvement dans un cadre plus général d’amélioration du système de santé (7), déplore que le plan du gouvernement ne s’inscrive que dans une approche purement hospitalière, voire principalement parisienne : ne s’agirait-il en définitive que de concessions, certes, non négligeables mais ne répondant qu’à des revendications sectorielles avec l’objectif de désolidariser le mouvement ?
Devant cet état de fait et, anecdotiquement, l’absence de propositions pour les internes, le SNJMG va proposer samedi 23 novembre 2019 aux internes de Médecine Générale (et à tous les jeunes médecins généralistes) de suivre le calendrier d’actions des trois collectifs hospitaliers et le projet de grève nationale des internes à compter du 10 décembre 2019.