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Verre à moitié plein ou verre à moitié vide? Tel pourrait être le principal enseignement de l'étude initiée par le conseil national de l'Ordre des pharmaciens (Cnop) et menée du 15 novembre au 1er décembre 2017 par la société CSA Research, auprès d'un échantillon représentatif de plus de 1000 pharmaciens en contact avec le public (600 pharmaciens d'officine, 203 pharmaciens biologistes, 205 pharmaciens hospitaliers et 94 pharmaciens des départements d'Outre-mer). Car si près de deux pharmaciens interrogés sur trois (62%) se déclaraient vaccinés ou en passe de l'être, au 1er décembre dernier, seulement un peu plus d'un tiers l'étaient déjà (35%).
Pire! Quelque 28% affirmaient clairement ne pas avoir du tout l'intention de se faire vacciner. Les raisons? "L'inefficacité du vaccin contre toutes les souches de virus" (76%), "le recours à d'autres moyens pour ne pas attraper la grippe" (71%), "la possible survenue d'effets secondaires" (60%), sans oublier ceux qui ne se sentent pas concernés par le vaccin car hors catégorie d'âge (44%).
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La vaccination contre la grippe n'en semble pas moins demeurer une priorité pour les pharmaciens qui sont canvaincus ainsi de ne pas tomber malades (98%), d'éviter d'interromre leur activité professionnelle (96%), de protéger leur entourage professionnel (94%), le public (93%) et leur famille (93%). Des justifications à mettre en relation avec le nombre de de pharmacies d'officine ayant décidé de participer à l'expérimentation vaccinale en Auvergne-Rhône-Alpes et en Nouvelle-Aquitaine, puisque, selon ce sondage, le nombre de pharmaciens vaccinés est plus élevé ches les officinaux (60% des titulaires et 34% des adjoints) et pour les pharmaciens exerçant en établissements de santé (54%).
Des chiffres qui font dire à la présidente du Cnop, Carine Wolf-Thal, que « Professionnels de santé de premier recours, aisément accessibles sur tout le territoire et conscients d'être des vecteurs potentiels de transmission du virus pour leurs patients, leurs collaborateurs et leurs proches, les pharmaciens nous montrent qu'ils s'investissent dans la protection de la santé des Français. Ils souhaitent participer à l'effort national pour améliorer la couverture vaccinale ».
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Les pharmaciens se déclarent d'ailleurs majoritairement (69%) favorables à l'obligation vaccinale contre la grippe pour les professionnels de santé et tout particulièrement les moins de 45 ans (73%) alors que les 45-55 ans ne sont que 63%. Au-delà de l'apparente adhésion de la profession à la politique vaccinale, cette étude démontre aussi que le chemin reste encore long avant de faire adhérer l'ensemble de la profession. L'Ordre considère d'ailleurs avec lucidité que ces chiffres sont encourageants mais restent insuffisants.
A l'heure où la prévention et l'amélioration de la couverture vaccinale sont présentées comme des priorités de santé publique, une démarche pédagogique semble donc devoir s'imposer. Une bonne raison d'harmoniser la couverture vaccinale dans toutes les sections d'appartenance du pharmacien et de convaincre les officinaux encore réticents de s'engager dans cette bataille virale. L'extension de l'expérimentation à laquelle la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, s'est déclarée favorable devrait y contribuer. D'autant que la présidente de l'Ordre semble bien décidée à faire de ce combat un axe fort de son mandat.