« Le pharmacien d’officine doit prendre en compte l’impact environnemental de son activité ». En guise d’introduction au colloque organisé par Pharma Système Qualité (PHSQ), la présidente de l’association a clairement fixé le cadre des débats : « l’officine pharmaceutique sera de plus en plus écoresponsable ». La raison ? « Plus de 75 % des pharmaciens se disent aujourd’hui très sensibilisés aux enjeux environnementaux et la grande majorité des répondants à la dernière enquête de PHSQ jugent l’impact de l’officine significatif », explique Julien Marteau, en charge de la réalisation du guide publié par PHSQ sur l’écoresponsabilité.
L’association qui a fait de la promotion de la démarche qualité basée sur le référentiel ISO 9001-QMS pharma a donc fait sien cet autre combat avant-gardiste. PHSQ vient ainsi de publier deux guides pratiques sur l’écoresponsabilité à l’officine. Issus de la réflexion d’un groupe de travail -ECOR- composé de 70 pharmaciens, ces deux ouvrages traitent à la fois de l’organisation interne de la pharmacie, en abordant les consommations d’énergie et les performances écoresponsables, des relations avec les patients-clients et de la gestion ds déchets. Des thématiques qui « s’inspirent des objectifs de développement durable de l’ONU et proposent une approche de lecture carbone pour la pharmacie », explique Julien Marteau.
Une démarche qui ne pouvait que séduire les participants au colloque sur l’« officine écoresponsable » organisé par PHSQ. D’autant que la question de la collecte des déchets ressemble à un dédale inextricable. Bertrand Macé, conseiller environnement à l’assemblée des communautés de France (AdCF) qui fédère 1000 des 1250 intercommunalités, précise ainsi que « la collecte par les collectivités locales des déchets assimilés, que sont les suremballages en carton, est autorisée par la loi NOTRE mais financée par la taxe d’enlèvement des ordures ménagères (TEOM) ». Il conviendrait donc de réfléchir à l’implication d’un éco-organisme dédié comme CITEO.
Un éco-organisme déjà actif dans l’univers pharmaceutique, puisque travaillant en étroite collaboration avec Cyclamed. « Depuis la fin de la redistribution humanitaire, en 2008, et l’incinération de tous les médicaments non utilisés (MNU), toutes les boites et les notices sont collectées et valorisées par CITEO », précise Laurent Wilmouth, secrétaire de l’association créée en 1993 et dédiée à la récupération des médicaments ».
Mais la santé ne saurait se limiter aux seuls médicaments et à leurs emballages. Le vice-président de l’Association française des diabétiques (AFD), Jean-François Thébaut, a ainsi rappelé l’importance d’un autre éco-organisme : DASTRI. Créé en 2012 pour collecter les déchets d’activités de soins à risques infectieux (DASRI), prennent ainsi en charge quelques 360 tonnes de déchets générés par 1,4 million de patients en auto-traitement.
Mais il arrive aussi qu’aucun éco-organisme ne prenne en charge certains déchets, tels ces métaux précieux issus des capteurs de glycémie. « En partenariat avec l’AFD, les industriels et en particulier le laboratoire Abbott, ont donc décidé de créer une filière de récupération ad’hoc, dans laquelle les pharmaciens d’officine aurait toute leur place », explique encore Jean-François Thébaut.
L’officine écoresponsable dépasse toutefois le seul cadre de la collecte des déchets. Mathieu Wellhoff, conseiller expert à l’ADEME (agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), a ainsi rappelé que « les pharmacies, comme tous les bâtiments tertiaires avaient des sources d’économies à identifier tant dans le domaine de l’éclairage, du chauffage ou encore des transports ». A charge pour les pharmaciens de recourir aux audits proposés tantôt gratuitement par les CCI ou par l’ADEME dans le cadre du dispositif SARE (service d’accompagnement à la rénovation énergétique) ; tantôt sous une forme payante tel le Diag Eco-flux, le bilan carbone…
Le retour sur investissement est toujours difficile à calculer. Selon le président de l’association québécoise Maillon Vert, Marc-André Mailhot, en agissant à la fois sur les dépenses, les ventes et les ressources humaines la centaine de pharmacies québécoises engagées dans cette démarche écoresponsable économise en moyenne 47000dollars canadien chaque année. Cette source d’économie devrait se révéler un argument de poids que PHSQ ne devrait pas manquer de faire valoir pour inciter les officinaux français déjà engagés dans la démarche qualité à franchir le pas de l’écoresponsabilité.