La pharmacie de demain sera connectée et certifiée

Par Stéphane de Vendeuvre -  Co-fondateur de Théragora

Théragora - www.theragora.fr - Théragora N° 3 - Page 0 - crédits iconographique Frantz Lecarpentier

Réunis par l’association Pharma Système qualité, dans le cadre de son congrès annuel, quatre spécialistes de l’e-santé ont brossé le portrait de la pharmacie du futur. Un futur proche qui, à l’horizon 2020, devrait permettre aux officinaux de jouer un rôle central dans la collecte et l’interprétation des données de santé.

 

 

« La prévention sera au cœur de la pharmacie de demain. » Et selon Hélène Marvillet, présidente de l’association Pharma Système Qualité, le développement des objets connectés devrait donc profondément modifier le secteur de la santé. Mais ce bouleversement annoncé, qui dans les prochaines années transformera en profondeur ce secteur, n’est pas pour autant synonyme de danger.

Au contraire ! Cette montée en puissance d’internet dans le monde de la santé pourrait même s’apparenter à une véritable bouffée d’oxygène pour des officines aujourd’hui confrontées à une crise sans précédent, en raison d’une pression croissante exercée sur le médicament.

 

Thérapies ciblées


Car « l’officine est au carrefour de deux enjeux essentiels qui sont impactés par le numérique », affirme d’emblée Olivier Babeau, professeur d’économie à la faculté de Bordeaux et spécialiste de la stratégie d’entreprise. « La remise en cause de la notion de commerce de proximité par les nouveaux modèles numériques de distribution, tout comme l’évolution du modèle économique de l’industrie pharmaceutique, qui tend de plus en plus vers une stratégie de thérapies ciblées, seraient donc de réelles opportunités », ajoute Olivier Babeau.

Et Martial Fraysse, président du conseil régional de l’ordre des pharmaciens (CROP), en charge des relations avec le Parlement européen pour le conseil central A d’ajouter : « si l’officine est menacée, elle n’est donc certainement pas condamnée ».


Nouvelle corde à l’arc officinal


A condition toutefois que les pharmaciens se donnent les moyens de leurs ambitions et décident de s’orienter vers un modèle plus hybride », ajoute Olivier Babeau. En clair, qu’ils ne rechignent pas à commercialiser ses nouveaux outils – quand bien même la concurrence serait rude – mais surtout qu’ils s’engagent dans la collecte et le traitement de l’ensemble des données de santé qui proviendront de ces objets connectés. « A défaut, les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazone, Microsoft) prendront la place afin de monétiser au mieux ces données ».

En investissant ce domaine, les pharmaciens, en revanche, demeureront dispensateurs de médicaments et ajouteront une corde à leur arc en « répondant aux attentes des patients consommateurs, dont les usages évoluent au gré des progrès technologiques ».

 

Coopérations interprofessionnelles

Une évolution incontournable dont s’est fait l’écho le livre blanc de l’Ordre des médecins en considérant que « les professionnels de santé doivent avoir conscience qu’ils sont dans la monde numérique afin de ne pas avoir à subir les évolutions de leur métier », précise Jacques Lucas, vice-président du conseil national de l’Ordre des médecins (Cnom) et en charge des systèmes d’information au sein de l’institution ordinale.
Cette évolution, selon Jean-François Thébault qui est membre du collège de la Haute autorité de santé, devrait d’ailleurs « consacrer le principe même des coopérations interprofessionnelles ». Car le développement des objets connectés va non seulement placer encore un peu plus le patient au cœur du système de santé, mais surtout « lui permettre d’être davantage acteur de sa santé en ayant accès aux informations le concernant », explique cet ancien cardiologue libéral.


Systèmes interopérables

Un accès qui n’exclue cependant en rien l’aide des professionnels de santé – et en particulier des pharmaciens – pour interpréter ces informations. En particulier dans le cadre de « la conciliation médicamenteuse, où le pharmacien joue un rôle fondamental à la fois pour s’assurer d’une juste observance et pour éventuellement ajuster les traitements au moment de sa sortie de l’hôpital », explique Jean-François Thébaut.

Et Jacques Lucas de préciser : « Encore faudrait-il sortir de cette logique du paiement à l’acte qui incite chaque profession et en particulier les représentants syndicaux ou ordinaux à défendre leur pré carré pour encourager ces coopérations entre professionnels de santé qui, sur le terrain, ne posent aucun problème ».

Collecte de données encadrée


D’où la nécessité également de disposer de systèmes interopérables afin de « faciliter les échanges entre professionnels de santé et l’intermédiation avec les patients », ajoute Martial Fraysse. Dans cette même optique, l’usage du dossier pharmaceutique (DP) devrait, au plus vite, « être étendu tant à l‘ensemble des acteurs hospitaliers qu’à tous les libéraux de santé impliqués dans les soins primaires », précise encore Jean-François Thébaut.

Un avis totalement partagé par Martial Fraysse qui insiste sur « la nécessité pour le pharmacien de travailler avec les autres professionnels de santé afin de garantir au patient qu’il sera pris en charge le mieux possible quelles que soient son origine et sa culture ». A condition que la collecte des données de santé soit clairement encadrée. En particulier lorsque celles-ci se trouvent dans un espace médical tel que le dossier médical partagé (DMP). A charge alors pour le patient de préciser quels professionnels seront habilités à consulter ces informations.

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