La crise sanitaire du Covid-19 a soulevé de nombreuses difficultés, rendant l’avenir assez incertain. L’évaluation des conséquences n’en est qu’à ses débuts, nous entamons un long et pénible chemin. Beaucoup s’interrogent, s’inquiètent, ou rêvent à ce que l’on appelle désormais « le monde d’après ». A quoi ressemblera-t-il ? Nous avons pleinement conscience des grands chantiers qui s’annoncent, et en premier lieu, celui du rapport des Français à leur santé. L’apparition de nouvelles pratiques comme l’utilisation massive de la télémédecine ne peut suffire à faire face à l’enjeu majeur de la « continuité sanitaire ».
Le Covid-19 et son corollaire de confinement ont généré un phénomène aussi inédit qu’inquiétant, les ruptures temporaires ou le « ralentissement » dans le suivi des soins, Selon une étude du GERS*, pendant les deux mois de confinement, le nombre de consultations de médecine générale a baissé en moyenne de près de 23% par rapport à l’année précédente au même moment, et de près de 30 à 60% pour les spécialistes. Malgré cela, les pharmaciens d’officine ont assuré une continuité des soins et un accès aux médicaments grâce aux dérogations mises en place pendant cette crise et à leur présence permanente sur tous les territoires.
Pour les 10 à 20 millions de patients atteints de maladies chroniques, un suivi régulier et coordonné est fondamental, voire vital.
Se pose alors une question majeure : comment continuer d’accompagner et de protéger ces personnes, notamment dans le cadre d’une tornade qui ébranle le système de santé ?
Avec notre système et nos professionnels de santé, nous avons toutes les cartes en main pour améliorer la continuité des soins et le traitement des patients chroniques.
A une condition : coordonner l’ensemble des acteurs de santé autour du patient en prenant en compte les attentes et besoins spécifiques des personnes. Cet accompagnement humain, moral, médical et administratif est la clé de la continuité sanitaire, en droite ligne avec la réflexion proposée par le Professeur Gérard Reach**, qui propose d’adjoindre aux 4 P de la médecine moderne (prédictive, préventive, personnalisée et participative) un 5èmeP axé sur la Personne.
Une coopération soutenue entre les professionnels de santé, qu’ils exercent en ville ou à l’hôpital, est nécessaire et doit être renforcée, avec, par exemple, la création d’un référent de proximité choisi par le patient. Ainsi, le parcours santé pourra être complet, régulier, et sans risque.
Avec la crise sanitaire, les professionnels de santé de proximité, tels que les pharmaciens d’officine, les infirmiers libéraux, les médecins généralistes, entre autres, sont de nouveau reconnus, tant leur rôle est essentiel au bon fonctionnement de notre société mais surtout comme pilier de la continuité des soins. Leur présence, leur compétence, leur bienveillance, leur disponibilité ont permis d’empêcher toute sur consommation ou sous consommation de médicaments, mais également une continuité de soins. Une présence fondamentale pendant le confinement.
Il s’agira de s’en souvenir.
Cette réflexion autour d’une coordination des soins, des liens entre professionnels de santé et patient doit être lancée et notre ambition n’est pas des moindres.
Mettre en place une organisation qui améliorera la gestion des parcours de santé au quotidien, en situation de crises et empêchera tout goulot d’étranglement, aussi bien pour la médecine de ville que dans les services hospitaliers.
Tout ceci ne peut se faire que dans des moments où l’intensité de crise n’est pas au plus haut. A l’heure du lancement du « Ségur de la santé », nous proposons de travailler sur ce thème dans les prochaines semaines et dans les prochains mois. Cette piste devra ainsi constituer une priorité absolue pour endiguer toute situation incontrôlable dans un avenir proche.
*groupement pour l’élaboration et la réalisation de statistiques
** Professeur d’Endocrinologie Maladies Métaboliques à l’Université Paris 13 depuis 2001