Les entretiens pharmaceutiques sont efficaces. C’est en substance la conclusion de l’enquête réalisée par Observia pour l’USPO (Union des syndicats de pharmaciens d’officine) avec le soutien de Sandoz auprès de l’ensemble des officines pharmaceutiques françaises.
Cette étude visait à « évaluer l’impact des entretiens pharmaceutiques AVK (anti-vitamines K) sur l’évolution de l’observance médicamenteuse, quantifiée par la persistance chez les patients éligibles aux entretiens pharmaceutiques en comparant le niveau d’observance en fonction de la dispensation des entretiens pharmaceutiques », explique Geoffroy Vergez, directeur général d’Observia. En clair, de vérifier si un entretien pharmaceutique peut inciter un patient sous anti-coagulants à ne pas interrompre prématurément son traitement et dans quelles proportions.
Et force est de constater que les résultats sont parlants puisque sur les 1284 pharmacies ayant répondu à l’enquête et dont 74 % déclarent avoir réalisé de tels entretiens depuis leur instauration en juin 2013, « la persistance du groupe avec entretiens est près de deux points plus élevée que dans le groupe sans entretien », se réjouit le président de l’USPO, Gilles Bonnefond. Dans le premier, 81,3 % des patients se révèlent ainsi observants alors qu’ils ne sont que 79,35 % dans le second.
Un résultat hautement significatif, du point de vue statistique. Un chiffre particulièrement intéressant, puisqu’au-delà du seuil de 80 % les complications diminuent de manière significative. « Les patients dont l’observance est inférieure à 80 % ont trois fois plus de risques de récidive de thrombose veineuse profonde », explique la directrice médicale de Sandoz, Hélène Albrand.
Avec plus d’un million de patients traités par AVK, dont 40 % seraient mal pris en charge et présenteraient donc un risque hémorragique élevé, les AVK constituent donc un véritable enjeu pour les pharmaciens. Et pour la santé publique, puisque cette mauvaise observance, à l’origine de 17 000 hospitalisations et de 6 000 accidents mortels chaque année, serait la première cause d’hospitalisation pour effets indésirables graves.
Mais au-delà des seuls entretiens AVK, c’est la philosophie même des entretiens pharmaceutiques que vient conforter cette étude. Selon l’OMS (Organisation mondiale de la santé) une amélioration de l’observance aurait plus d’impact sur la santé que toute découverte médicale potentielle.
Et pour cause ! Le taux d’observance moyen pour les traitements chroniques serait de 50 % avec des variations considérables selon les pathologies et les pays. Seulement 13 % des patients asthmatiques français seraient ainsi observants et 40,2 % des Américains sous AVK. Quant aux malades infectés par le VIH, leur taux d’observance varierait de 37% à 83% selon les pays.
Or cette étude tend également à montrer que dans les officines où les entretiens pharmaceutiques ont été mis en place, l’observance est meilleure chez l’ensemble des patients et pas seulement chez ceux sous AVK. Des résultats qui ont naturellement incité les officinaux à se prononcer très largement (+ de 80 %) en faveur à la fois d’autres modalités de rémunération plus rapides pendant l’année et d’un autre niveau de rémunération. Nul doute que ces éléments, dans le cadre des négociations conventionnelles seront mis en avant par les représentants de l’officine.