Incroyable stabilité. Le 25e baromètre Interfimo « prix et valeurs des pharmacies » montre que « les prix des officines sont remarquablement stables, tant en pourcentage de leur chiffre d’affaires qu’en multiple de leur rentabilité », explique Luc Fialletout, directeur du cabinet comptable Interfimo. Une stabilité synonyme de réalisme financier, puisqu’elle tendrait à démontrer que les « Les vendeurs ont désormais admis qu’une pharmacie devait être valorisée sur ce qu’elle rapportait et non plus appréciée comme un placement patrimonial », ajoute Jérôme Capon directeur régional Ile de France Ouest chez Interfimo.
Réalisée à partir d’un panel d’un peu moins de 1 000 cessions, soit 60 % des 1 420 mutations d’officines enregistrées en France, cette étude révèle ainsi que le prix de cession moyen des officines se stabilise désormais à 6,2 fois l’excédent brut d’exploitation (EBE) reconstitué, avant rémunérations et cotisations sociales des titulaires cédants. Soit un EBE qui inclue à la fois le chiffre d’affaires réalisée par s ventes, pondéré par les remises, et le chiffre d’affaires issu des prestations (honoraires, rémunération sur objectifs de santé publique, frais de garde, mises à jour Vitale, prestations pour les laboratoires…) et duquel sont retirés les frais de personnel pondérés par le crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE) pour les SEL.
Cette stabilité du prix de cession moyen est d’ailleurs commune à toutes les régions, quand bien même d’ans l’Est le prix moyen avoisinerait 7 fois l’EBE et en Normandie 6,5 fois l‘EBE alors que dans le Centre (5,1 fois l’EBE), en Bourgogne (5,5 fois l’EBE) et dans le Nord (5,9 fois l’EBE), les prix de vente seraient très légèrement en dessous de la moyenne nationale.
Cette stabilisation est surtout « la preuve d’une maturité du marché, puisqu’elle intervient après sept années consécutives de baisse ; le prix ayant chuté de 8,7 fois l’EBE, en 2008, à 6,2 fois en 2015 et 2016 », ajoute encore Luc Fialletout. Cet arrêt de la chute des prix en valeur reflète donc la fin de la déconnexion entre rentabilité de l’officine et prix de cession, en vigueur de 200 à 2008.
Selon les experts d’Interfimo elle constitue donc « un excellent signal car elle tend à démontrer que l’officine pharmaceutique est de plus en plus considérée comme une entreprise ». Elle est donc à mettre en regard avec la très légère progression du chiffre d’affaires (+0,5 %) après quatre années de stabilité ou de régression et l’amélioration du taux de marge brute.
Une évolution des mentalités qui pourraient également trouver une explication dans le nombre croissant de pharmacies exploitées sous la forme de sociétés en exercice libéral (SEL). « Outre une progression du nombre de SPFPL, qui confirme l’opportunité des holdings, au 1er janvier 2017, environ 43 % des pharmacies étaient en SEL », explique Luc Fialletout. Et le phénomène concerne tout l’Hexagone avec trois régions phares – la Normandie, l’Est et PACA (Provence, Alpes, Côte-d’Azur) – où le taux de SEL avoisine voire dépasse les 50 %.
L’étude met cependant en exergue un danger potentiel liée au faible nombre de cessions. « La multiplication par deux, en dix ans, du nombre de titulaires âgés de 60 à 65 ans est le reflet d’une mobilité insuffisante pour garantir un renouvellement générationnelle et pourrait déboucher sur une baisse brutale des prix si ce bataillon de titulaires âgées décidaient de vendre au même moment et donc en masse leurs officines », explique Francis Brune, responsable Ingénierie financière et patrimoniale au sein d’Interfimo. D’autant que la remontée des taux, aujourd’hui à +1,5 %, pourraient dans le même temps décourager certains acheteurs potentiels.