D’où vient la pandémie qui a stoppé le monde pendant deux ans ? D’un dysfonctionnement ? De multiples dysfonctionnements de nos métabolismes ? De multiples dysfonctionnements de la faune ? De la flore ? Et si la Covid n’était que le premier symptôme d’une longue maladie dans laquelle nous avons fait plonger la Terre ? Ces questions qui taraudent nombre de nos concitoyens ne pouvaient manquer de susciter l’intérêt de Pharma système Qualité (PHSQ).
L’association qui a fait de la certification ISO 9001-QMS Pharma son cheval de bataille, s’est en effet penchée sur l’écoresponsabilité depuis deux ans. Au point d’« en faire un axe central de son action avec la mise en place d'un groupe de réflexion ECOR et la publication de deux guides sur la démarche écoresponsable », explique la présidente de PHSQ, Laëtitia Henin.
Rien d’étonnant dès lors, à ce que son colloque annuel soit consacré, cette année encore, à une thématique écoresponsable. Après la gestion des déchets à l'officine, l’année dernière, l’association s’est ainsi penchée sur une autre thématique stratégique pour notre planète et de plus en plus essentielle pour les patients : la décarbonation de la pharmacie.
Une thématique qui s’inscrit dans le cadre plus large de la santé environnementale, dont le Pr. Yves Levi (Université Paris Saclay) a rappelé qu’elle « comprenait les aspects de la santé humaine, y compris la qualité de la vie, lesquels étaient déterminés par les facteurs physiques, chimiques, biologiques, sociaux, psychosociaux et esthétiques de notre environnement ». Et le président de la section santé et environnement de l’académie de pharmacie de préciser : « la santé environnementale concerne également la politique et les pratiques de gestion, de résorption, de contrôle et de prévention des facteurs environnementaux susceptibles d’affecter la santé des générations actuelles et futures ».
Un domaine pluri-disciplinaire à fort impact sociétal qui est l’une des principales préoccupations de citoyens de plus en plus inquiets de la dégradation de leur environnement. Et pour cause : « Un environnement plus sain peut prévenir un quart de la charge mondiale de morbidité », a rappelé Alice Baras, chirurgien dentiste fondatrice d’Ecops (Ecologie Prévention Santé) conseil et autrice du guide : « Cabinet de santé écoresponsable.
Un avis partagé par Nolwenn Lemaire, pharmacienne adjointe à Acigné (Ille-et-Vilaine) et en charge de l’écoresponsabilité dans son officine. « Les patients-clients sont de plus en plus soucieux de l’origine des produits dispensés et de leur indice carbone », explique cette diplômée de la faculté de pharmacie de Rennes ; avant d’ajouter : « une labellisation des pharmacies écoresponsables serait un bon moyen de fidéliser les patients-clients ».
A charge alors pour les pharmaciens de développer des actions de prévention, synonymes de moindre consommation médicamenteuse. Une démarche adoptée par Antoine Prioux, pharmacien titulaire sur le plateau des Milles vaches, en haute Corrèze. « Pour être efficace et pertinente, une démarche préventive doit s’accompagner d’une réelle collaboration interprofessionnelle afin que les patients soient pris en charge au mieux », précise ce shifter.
L’implication des pharmaciens pourrait également concerner leur cœur de métier. Comment ? « Par une réduction du nombre de livraisons hebdomadaires grâce à une meilleure organisation », préconise le titulaire de Bugeat (Corrèze). Un avis que partage Delphine Cabelguenne, pharmacien hospitalier au Vinatier, à Bron (Rhône) « Hors les cas d’urgence, nous privilégions les commandes regroupées auprès des fabricants de médicaments et de dispositifs médicaux afin d’optimiser les livraisons et donc le transport », explique cette administratrice de la société française de pharmacie clinique (SFPC) et membre du bureau du CERES (Collectif EcoResponsabilité En Santé).
Une évolution que ne refuse pas a priori Alain Charlier, directeur des opérations pour le principal grossiste-répartiteur : OCP. « Nous sommes déjà passés de trois à deux livraisons quotidiennes et pourrions encore les diminuer, dès lors que les pharmaciens en exprimeront le souhait car il n’est pas question d’imposer cette évolution sans concertation ».
Une évolution qui pourrait toutefois se révéler primordiale dans la mesure où « selon le rapport du Shift Project « Décarboner la Santé pour soigner durablement », les médicaments et les dispositifs médicaux sont à l’origine de 54 % des 48 millions de tonnes de CO2 imputables au secteur de la santé », explique Clara Mourgues, vice-présidente en charge de la commission Transition Écologique & Santé Environnementale de l’association nationale des étudiants en pharmacie (ANEPF) et coautrice du rapport.
A charge donc aux professionnels de santé et à l’ensemble des acteurs du secteur de la santé d’« initier un travail en profondeur visant à éclairer le secteur de la santé sur ses émissions de gaz à effet de serre (GES) et sur la route à suivre pour le décarboner et rendre la pharmacie écoresponsable ». Les adhérents de PHSQ y sont prêts, comme ils ont pu l’évoquer lors de la remise de leur attestation qualité, à l’issue de ce colloque.