Â
Â
« Sortez le carnet de chèques » a exhorté François Ruffin, député « France Insoumise » de la Somme, s'adressant à la ministre de la Santé Agnès Buzyn,  lors d'une séance de questions à l'Assemblée Nationale. Le parlementaire, indigné de la situation des établissements d'hospitalisation pour les personnes âgées dépendantes (EHPAD), n'a guère eu de succès auprès de la ministre qui n'a pas, évidemment, sorti le carnet de chèques de son ministère et qui s'est contentée d'une réponse à minima du genre :  on s'en occupe� Bien mince.
Reste que la situation de ces établissements dont la mission est de gérer les drames du grand vieillissement, se dégrade d'années en années. Faute souvent de personnels soignants en nombre suffisant et de crédits adéquats, du moins pour les établissements publics, ces structures sont souvent transformées, en établissements de fin de vie ' de mouroirs, disent les plus sévères- où les résidents, manquent de tout, « bénéficient » de toilettes ultra rapides, se restaurent, quand leur état le permet,  dans des conditions déplorables et où les gardes de nuit sont assurées par une seule infirmière et une aide soignante pour souvent plus d'une centaine de résidents.
Toutes ces conditions sont connues depuis longtemps ; et c'est bien le drame et le scandale de cette situation. Tous les gouvernements depuis des lustres ont été confrontés au drame des EHPAD ; que de rapports, que de propositions en quinze ans, sans que rien ne vienne réellement améliorer la situation de ces établissements.
Â
Conséquence aujourd'hui, la situation est catastrophique. D'où la mobilisation conjointe, une première ' des personnels soignants et des directeurs.
Pour autant, le pouvoir exécutif n'a guère réagi. Mieux, il a traité ce mouvement de grèves et de manifestations du 30 janvier, avec désinvolture, avec mépris accusent même certains directeurs membres de l'AD-PA (association des directeurs au service des personnes âgées).
Après sa déclaration fracassante de décembre mettant en cause, devant la commission des affaires sociales de l'Assemblée Nationale, la « capacité managériale » des directeurs d'établissements, la ministre de la santé a refusé de recevoir leurs représentants à l'occasion de cette journée d'action.
Le Président de la République avait d'ailleurs montré le chemin, puisque le cabinet d'Emmanuel Macron a annulé un rendez vous prévu entre un conseiller technique de l'Elysée et les responsables de l'AD-PA.
Nombreux sont ceux qui se perdent en conjectures sur ces blocages et ces refus, alors que le dossier exigerait sinon de la mansuétude, du moins une certaine compréhension. Certes, Agnès Buzyn sur « recommandation » du Premier Ministre a annoncé généreusement que le gouvernement allait débloquer cinquante millions d'euros, mais on est très loin évidemment des besoins nécessaires pour inverser la tendance.
Â
En attendant, les personnels sont épuisés, les directeurs d'établissements sans illusion, et surtout les résidents bien malheureux. La situation c'est évident ne peut s'inverser du jour au lendemain. Encore faut-il s'en préoccuper. Le gouvernement devrait s'en soucier, ne serait ce pour sa popularité� Un sondage note ainsi que neuf français sur dix approuvent et soutiennent les actions menées par les personnels dans les prisons mais aussi dans les EHPAD.
En revanche, du coté des investisseurs privés de la dépendance, la morosité n'est pas de  mise. Même si la situation des résidents de ces établissements, financés par ces grands groupes, laisse souvent à désirer, malgré des prix parfois exorbitants. Il n'est que d'en avoir visité certains pour s'en persuader.
Mais à l'évidence , les actionnaires n'en ont cure : ainsi les recommandations des « traders » est bien d'acheter du « Korian » ou de l'« Orpea », les deux plus gros groupes privés des EHPAD, dont la valeur de l'action devrait progresser en 2018, selon ces experts, de plus de 30 % pour l'un et de plus de 15 % pour l'autre. La dépendance ne fait pas que des malheureuxâ?¦Â     Â
Â