HepCoalition - Le médicament contre l’hépatite C, le sofosbuvir, fête ses 5 ans

La grande majorité des personnes atteintes n’ont toujours pas accès au Sovaldi

- Théragora le 6 décembre 2018/FL N° 16 - Page 0

Les personnes vivant avec l’hépatite C, les militants de l’accès aux traitements et la communauté médicale à travers le monde « fêtent » le cinquième anniversaire du sofosbuvir (Sovaldi®), le premier médicament à prise orale quotidienne, lancé par le laboratoire pharmaceutique Gilead Sciences. Une coalition mondiale contre l'hépatite C a publié une fiche d'information révélant les obstacles au traitement restreignant à 1,85 million le nombre de personnes qui ont reçu un traitement à base de sofosbuvir de Gilead sur les 71 millions de personnes dans le monde qui en ont besoin et ce principalement en raison des prix, des brevets et des retards d'enregistrement.

Depuis fin 2013, Gilead a engrangé 25,8 milliards de dollars de profits sur ses produits contre l’hépatite C. Sur l’année 2017, Gilead a dépensé 14,8 milliards de dollars en récompenses aux actionnaires. Ce montant est plus que suffisant pour traiter avec des versions génériques chaque personne atteinte d’une hépatite C chronique dans le monde.

« Les bénéfices auraient pu traiter toutes les personnes en attente d'un traitement contre l'hépatite C. Il s'agit d'un transfert massif de richesse des systèmes de santé publique et des personnes malades vers une poignée de dirigeants et d'actionnaires du secteur pharmaceutique », a déclaré Annette Gaudino, Directrice des projets VIH/VHC à Treatment Action Group.

Cet antiviral à action directe (AAD) révolutionnaire peut soigner plus de 90 % des personnes atteintes d'hépatite C chronique, et ses versions génériques présentent des taux d'innocuité et d'efficacité similaires aux médicaments de marque. La concurrence générique, seule capable d’augmenter le nombre de personnes mises sous traitement, est bloquée à cause des délais ou du défaut d’enregistrement de Gilead et de ses sous-licenciés pour enregistrer les médicaments dans les pays à revenu faible et intermédiaire[1]

« En Malaisie, même si nous étions sous licence volontaire, l'incertitude quant à l’autorisation de mise sur le marché par les organismes de réglementation des médicaments retarderait l'accès au sofosbuvir à un prix accessible. C’est pourquoi il était important pour la Malaisie de recourir à une licence obligatoire et garantir pleinement l’accès à un traitement abordable pour les personnes atteintes d'hépatite C », a déclaré Edward Low, Directeur du Positive Malaysian Treatment Access & Advocacy Group.

En outre, les militants de l’accès aux traitements contestent l’obtention imméritée de brevet sur le sofosbuvir et des associations thérapeutiques à base de sofosbuvir. Dans le prolongement des contestations de brevets très médiatisées au Brésil, en Inde et en Ukraine, une coalition européenne d’organisations de la société civile et de groupes de patients[2] a récemment fait appel de la décision de l'Office européen des brevets (OEB) de rejeter leur opposition au brevet accordé à Gilead pour le sofosbuvir.  

« Les brevets immérités en Europe confèrent aux laboratoires pharmaceutiques un monopole qui leur permet de fixer des prix exorbitants pour de nombreux médicaments vitaux », a affirmé Gaëlle Krikorian, Responsable des politiques à la Campagne d’Accès aux Médicaments Essentiels de Médecins Sans Frontières. « Les prix excessifs pratiqués par Gilead pour le sofosbuvir ont tenu à l’écart des millions de personnes atteintes d'hépatite C - en Europe et dans le monde - de ce médicament révolutionnaire. Quel est l'intérêt de l'innovation médicale si les personnes et les systèmes de santé ne peuvent accéder aux médicaments qui en découlent ? ».

 

Le cinquième anniversaire du sofosbuvir est aussi un rappel sur la manière dont Gilead a privatisé la recherche financée par des fonds publics. En 2011, Gilead a acquis Pharmassett, le véritable découvreur du sofosbuvir, qui s'est appuyé sur un financement public de 880 millions de dollars des Instituts nationaux de la santé (National Institutes of Health). Gilead a alors fixé le traitement de sofosbuvir de 12 semaines à 84 000 dollars, contre 42 dollars estimés pour la fabrication du sofosbuvir, incluant une marge bénéficiaire de 10% et une taxe de 27% sur la marge bénéficiaire.

 

« En tant que soignants, nous sommes scandalisés que, cinq ans plus tard, nous n'ayons pas eu l'impact considérable que nous aurions dû avoir avec ce traitement efficace et hautement tolérable, au Sud bien sûr mais aussi au Nord où le médicament a été rationné à cause de son prix – alors même que l’industriel avait volontairement privilégié les pays à revenu élevé qui, selon lui, pouvaient payer des prix exorbitants », a déclaré Olivier Maguet, Responsable de la mission Prix du médicament et systèmes de santé à Médecins du Monde. « On estime à 5 millions le nombre de personnes qui doivent être mises sous traitement chaque année dans le monde pour enrayer l'épidémie - sans s'attaquer aux barrières de prix, aux retards d'enregistrement et à la limitation de la concurrence des génériques, ce sera un échec dans l'histoire médicale et pour l'humanité ». 

 

 


[1] Pour en savoir plus sur les licences volontaire : Licence de Gilead sur les médicaments VHC sofosbuvir et ledipasvir, un marché de dupes

[2] Médecins du Monde (MdM), Médecins Sans Frontières (MSF), AIDES (France), Access to Medicines Ireland, Praksis (Greece) et Salud por Derecho (Spain).



Source HepCoalition : (6 décembre 2018, Paris, France, New York, USA)

Le mouvement de plaidoyer international hepCoalition exige : 

de Gilead :

  • d’abandonner ses brevets dans tous les pays à revenu faible ou intermédiaire!

  • de baisser les prix du Sovaldi® dans les pays à revenus élevés et d’enregistrer immédiatement le sofosbuvir dans les pays à revenus faibles et intermédiaires

des producteurs de génériques :

  • d’enregistrer les AAD dans tous les pays 

des gouvernements :

  • d’élaborer des programmes de traitement nationaux et de fournir des antiviraux à action directe abordables!

  • de faire respecter les stricts critères de brevetabilité et de délivrer des licences obligatoires pour surmonter les brevets qui empêchent un accès à des traitements abordables !

  • de déployer des modèles alternatifs et plus durables dans la recherche médicale et le développement!

de l’organisation mondiale de la santé :

  • d’accélérer le processus de préqualification des AAD génériques

des bailleurs internationaux :

  • d’arrêter d'ignorer l'épidémie de VHC et d’allouez des fonds pour faire face à l'épidémie mondiale!

Les entretiens de Théragora
Les robots s'imposent dans le bloc opératoire
Les robots assistants chirurgiens sont désormais très présents dans les salles d'opération des hôpitaux. Associés à l'intelligences artificielle et à la réalité virtuelle, ils ouvrent la voie à la chirurgie cognitive de quatrième génération.
Archives vidéos Carnet Le Kiosque Théragora Mots de la semaine Derniers articles en ligne
Contactez-nous

Théragora est le premier site d'information sur la santé au sens large, qui donne la parole à tout ceux qui sont concernés par l'environnement, la prévention, le soin et l'accompagnement des personnes âgées et autres patients chroniques.

contact@theragora.fr

www.theragora.fr

Suivez-nous et abonnez-vous sur nos 5 pages Facebook

Facebook Théragora
Facebook Théragora Prévenir
Facebook Théragora Soigner
Facebook Théragora Acteurs de ma santé
Facebook Théragora Soutenir

Linkedin Théragora