Tribune parue dans le JDD du 18 février 2018 signée par les présidents des quatre fédérations hospitalières*

Tarifs hospitaliers : la santé menacée

- Théragora 19 février 2018 N°

NOUS, FÉ­DÉ­RA­TIONS HOS­PI­TA­LIÈRES, re­pré­sen­tons les 3.100 hô­pi­taux et cli­niques de France. Le 1er mars pro­chain, comme tous les ans, nous connaî­trons les ta­rifs qui nous sont ap­pli­qués, c’està-dire le mon­tant de la ré­mu­né­ra­tion de nos actes par l’As­su­rance ma­la­die. Il est de notre de­voir au­jour­d’hui d’en­dos­ser un rôle de lan­ceur d’alerte, au sens où nous poin­tons, en­semble, un risque dom­ma­geable pour le bien com­mun. En l’oc­cur­rence, toute nou­velle baisse ta­ri­faire se­rait très pré­ju­di­ciable au sys­tème hos­pi­ta­lier et à la santé des Fran­çaises et des Fran­çais.

Nous sommes des ac­teurs res­pon­sables, conscients des dif­fi­cul­tés du fi­nan­ce­ment de notre sys­tème de santé et sou­cieux de la maî­trise des dé­penses. Le dé­fi­cit, année après année, de l’As­su­rance ma­la­die n’a rien de sur­pre­nant. Le vieillis­se­ment de la po­pu­la­tion et l’aug­men­ta­tion des ma­la­dies chro­niques sont des réa­li­tés pé­rennes. Il est de notre fierté col­lec­tive d’as­su­mer ces coûts.

Pour­tant, alors même que ces mu­ta­tions épi­dé­mio­lo­giques sont à l’oeuvre de­puis long­temps, qui a pris soin de pré­voir cette aug­men­ta­tion na­tu­relle des dé­penses de santé ? On peut certes émettre des cri­tiques au pro­vi­sion­ne­ment des re­traites, mais des me­sures ont été prises. Rien de tout cela en santé. Ré­sul­tat : on fait au­jour­d’hui re­po­ser sur les ac­teurs toute la charge des ef­forts à four­nir.

Évi­dem­ment, exer­cice bud­gé­taire après exer­cice bud­gé­taire, il est plus fa­cile – et plus vi­sible po­li­ti­que­ment – de fi­ce­ler quelques me­sures comp­tables aveugles, et de ra­bo­ter nos ca­pa­ci­tés d’in­ves­tis­se­ment et d’in­no­va­tion. Mais à quel prix : la dé­té­rio­ra­tion du­rable de nos éta­blis­se­ments de santé et du ser­vice rendu au pa­tient.

Le point de rup­ture est proche. Ces baisses ta­ri­faires sont beau­coup plus im­por­tantes que nos gains de pro­duc­ti­vité, li­mi­tés par les car­cans ad­mi­nis­tra­tifs qui nous sont im­po­sés. Per­sis­ter dans cette po­li­tique à marche for­cée est la plus mau­vaise des mé­thodes. Elle porte en germe une at­teinte à la qua­lité même des soins que nous de­vons aux ma­lades.

Cette si­tua­tion dé­lé­tère en­gendre un ma­laise gé­né­ral. La souf­france est bel et bien là, chez des pro­fes­sion­nels pour­tant pas­sion­nés par leur mé­tier, un mé­tier dif­fi­cile mais gra­ti­fiant. Les hô­pi­taux et les cli­niques grondent en si­lence.

« À force de me­sures comp­tables aveugles, le point de rup­ture est proche »

Nous at­ten­dons donc de celles et ceux qui, par la force de la dé­mo­cra­tie, ont la res­pon­sa­bi­lité de bâtir l’ave­nir de notre santé, qu’ils prennent conscience de l’ur­gence de la si­tua­tion, qu’ils re­fondent le pacte de confiance avec celles et ceux qui soignent, et qu’ils em­pruntent la seule voie qui soit à la hau­teur des en­jeux : ré­no­ver pro­fon­dé­ment notre sys­tème de santé.

L’ou­ver­ture aux in­no­va­tions ex­pé­ri­men­tales sur le par­cours de soin et sa ré­mu­né­ra­tion, per­mise par la loi de fi­nan­ce­ment de la Sé­cu­rité so­ciale 2018, consti­tue une réelle avan­cée. Il faut aller en­core plus loin. Construi­sons un cadre non plus seule­ment pour ex­pé­ri­men­ter sans agir, mais pour gé­né­ra­li­ser les or­ga­ni­sa­tions ef­fi­cientes. Soyons pros­pec­tifs, créa­tifs, audacieux.​Mais pour cela, il faut que la puis­sance pu­blique se dé­tourne des me­sures d’éco­no­mies à courte vue, et mette un terme au « prin­cipe de pri­va­tion », à re­bours des défis à re­le­ver en santé. Il faut de l’écoute, de la concer­ta­tion, de la confiance, de la vo­lonté et de la constance. Des hô­pi­taux pu­blics et des hô­pi­taux et cli­niques pri­vés qui souffrent ne pour­ront pas du­ra­ble­ment mener leurs mis­sions. La réus­site de la stra­té­gie na­tio­nale de santé, aux axes di­rec­teurs de la­quelle nous adhé­rons, im­pose que notre mes­sage soit au­jour­d’hui en­tendu. Vite.

 

* An­toine Du­bout, pré­sident de la Fehap (fé­dé­ra­tion des éta­blis­se­ments hos­pi­ta­liers et d’aide à la per­sonne), La­mine Gharbi, pré­sident de la FHP (fé­dé­ra­tion de l’hos­pi­ta­li­sa­tion pri­vée), Fré­dé­ric Val­le­toux, pré­sident de la FHF (fé­dé­ra­tion hos­pi­ta­lière de france) et Pa­trice Viens, pré­sident d’Uni­can­cer (fé­dé­ra­tion des centres de lutte contre le can­cer)
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