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Panorama des cancers en France, l’Institut national du cancer publie l’édition 2023

- Théragora le 4 juillet 2023 N°

 

 

Pour la troisième année consécutive, l’Institut publie le « Panorama des cancers ». Document de référence sur les données des cancers, l’édition 2023 regroupe en trois chapitres les chiffres essentiels les plus récents. Le premier chapitre, sur les données épidémiologiques générales, présente notamment les projections d’incidence[1] 2023 et leur évolution depuis 1990. Le deuxième chapitre se concentre plus particulièrement sur les données des cancers les plus fréquents chez la femme et chez l’homme. Enfin, dans le troisième et dernier chapitre, l’Institut national du cancer revient sur la prévention des cancers -poids des facteurs de risques évitables et participation aux dépistages organisés- ainsi que sur les soins et les actions de recherche initiées pour limiter le poids de la maladie dans le quotidien des Français ; une ambition de la Stratégie décennale de lutte contre les cancers.

 

PROJECTIONS D’INCIDENCE 2023 : UNE AUGMENTATION DES NOUVEAUX CAS MAJORITAIREMENT LIÉE AUX ÉVOLUTIONS DÉMOGRAPHIQUES 

En 2023, les données de projection[2] du nombre de nouveaux cas de cancers s’élèvent à 433 136 pour l’ensemble des localisations. Si les limites de l’exercice de projection sont à prendre en compte, l’augmentation n’en est pas moins importante. Ainsi, comparativement aux dernières données d’incidence (pour l’année 2018 et publiées en 2019), celle-ci correspond à plus de 51 000 nouveaux cas de cancers en 2023.

 Il convient d’analyser cette augmentation au regard de trois critères pour en comprendre l’évolution. En effet, celle-ci est majoritairement liée à l’augmentation et au vieillissement[3] de la population) qui expliquent 78 % de l’augmentation du nombre de cas chez l’homme et 57 % chez la femme et enfin à une augmentation des risques de survenue de cancers.

Par exemple, chez l’homme, le nombre de cas incidents entre 1990 et 2023 est passé de 124 290 à 245 610 cas. Cette évolution est liée pour 30 % à l’augmentation et pour 48 % au vieillissement de la population. Alors que la part attribuable au risque de cancer explique 20 % de cette augmentation.

Chez la femme, cette évolution (91 840 cas en 1990 et 187 256 cas en 2023), se répartit entre 30 %, et 27 % liés respectivement à l’augmentation et au vieillissement de la population. La part attribuable au risque cancer atteint 47 %.

 

 

Le calcul du taux d’incidence standardisé[4] (TSM) permet d’identifier les localisations pour lesquelles la variation annuelle moyenne augmente ou diminue sur la période 1990 – 2023 indépendamment des évolutions démographiques.

 

Ainsi, chez l’homme une diminution du TSM est observée pour les cancers lèvres-bouche-pharynx (- 2,6 % par an), de l’œsophage (-2,7 % par an), de l’estomac (-2,2 % par an), pour le cancer colorectal (- 0,3 % par an) ou encore pour le cancer du poumon (- 0,2 % par an). À l’inverse, il augmente pour le mélanome de la peau (+ 3,5 % par an), le cancer du pancréas (+ 2,3 % par an) ou encore du foie (+ 1,3 % par an.

 Chez la femme, une diminution de la variation annuelle moyenne du TSM est observée pour le cancer de l’estomac (-1 ,6% par an), du col de l’utérus (- 1,4 % par an), de l’ovaire (- 1,1 % par an). Une augmentation préoccupante est observée pour le cancer du poumon (+ 4,3 % par an). Les taux d’incidence du cancer du foie et du cancer du pancréas augmentent respectivement de + 3,2 % et + 3,3 % par an.

Enfin, l’âge médian au diagnostic est passé de 67 à 68 ans chez la femme et de 68 à 70 ans chez l’homme.

 

Ces nouvelles données de projection d’incidence 2023 ont fait l’objet d’un travail collaboratif entre l’Institut national du cancer, Santé publique France, le réseau Francim des registres des cancers et les Hospices civils de Lyon. L’ensemble des données (pour les 19 localisations étudiées et tous cancers) fait l’objet d’une publication détaillée dans le Bulletin Épidémiologique Hebdomadaire (BEH) publié le mardi 4 juillet en parallèle de ce Panorama.

 

PRÉVENTION PRIMAIRE ET DÉPISTAGE : LIMITER LES RISQUES ET FAVORISER LA DÉTECTION PRÉCOCE DES CANCERS

La prévention des facteurs de risques évitables de cancers et les dépistages, objectifs prioritaires de la stratégie décennale de lutte contre les cancers, sont deux armes essentielles dans la lutte contre la maladie. Si l’augmentation et le vieillissement de la population représentent un poids non négligeable dans l’augmentation des cas incidents, chacun peut agir pour limiter l’impact lié au risque cancer. Les mesures de prévention et de dépistage doivent en ce sens continuer à progresser :

-        la prévention primaire pour limiter le risque de survenue de cancer en modifiant ses habitudes de vie et ses comportements ;

-        le dépistage, pour favoriser la détection précoce de la maladie, augmenter les chances de guérison et diminuer les risques de séquelles.

 

Car nous le savons, près de la moitié des cancers pourraient être évités en arrêtant de fumer, en respectant les repères en matière de consommation d’alcool, en mangeant équilibré et varié et en pratiquant une activité physique régulière.

Dans ce champ de la prévention, l’Institut poursuit en effet la structuration de la recherche. Ainsi, en 2022, un appel à projets a permis de financer neuf projets innovants et deux réseaux de recherche structurants.

 

La participation aux trois dépistages organisés doit par ailleurs augmenter. Les dernières données[5] indiquent que seuls 47,7 % des femmes sur la période 2021 – 2022 ont participé au dépistage du cancer du sein. Elles sont 58,8 % à participer au dépistage du cancer du col de l’utérus (période 2018-2020) ; une participation qui atteint un bon niveau, mais qui décroît avec l’âge. Pour le dépistage du cancer colorectal, qui concerne les hommes et les femmes, la participation n’est que de 34,3 % (2021-2022). La commande en ligne et la possibilité de retirer le kit de dépistage chez le pharmacien vont faciliter l’accès à ce programme et contribuer à l’augmentation de la participation.

 

Enfin, l’Institut national du cancer travaille actuellement à la mise en place d’un programme pilote de dépistage du cancer broncho-pulmonaire chez les fumeurs et anciens fumeurs. Plusieurs essais cliniques de grande envergure ont montré l’efficacité de l’utilisation du scanner faible dose permettant une diminution significative de la mortalité spécifique par cancer du poumon. Mais il reste beaucoup d’éléments à définir, ce que permettra le programme pilote.

Rappelons que ce cancer de mauvais pronostic enregistre une forte augmentation chez la femme. Elle est en lien étroit avec leur évolution de consommation de tabac.

 

LES SOINS : UN RECOURS AUX TRAITEMENTS D’IMMUNOTHÉRAPIE S’ACCROÎT

Si la chirurgie reste le premier traitement des cancers, 419 050 patients en ont bénéficié, le recours aux nouveaux traitements d’immunothérapie spécifique progresse aux côtés des traitements traditionnels. Ainsi, en 2021, 62 633 patients ont été traités par inhibiteurs de points de contrôle (+ 21 % par rapport à 2020) et 505 par cellules CART-T (+ 36 % par rapport à 2020).

L’activité de cancérologie représente plus du quart de l’activité hospitalière avec 7,76 millions d’hospitalisations enregistrées en 2021[6] pour un budget de dépenses qui s’élève à 6,3 milliards d’euros en 2021[7] (soit une augmentation de 6,6 % par rapport à 2020).

 

[1] Nombre de nouveaux cas d’une pathologie dans une population survenant dans une période donnée, en général l’année.

[2] Les estimations 2019 à 2023 sont des projections calculées à partir des données d’incidence des registres disponibles jusqu’en 2018. Un délai de 2 à 3 années est nécessaire pour assurer un recueil exhaustif et consolider les données. Aussi, l’impact de la crise Covid-19 ne peut être investigué dans cette étude du fait de ce délai pour la validation des données observées.

[3] En France entre 1990 et 2023, la population âgée de 60 à 90 ans a augmenté de 54,3 % chez les hommes (elle est passée de 15,8 % à 24,4 %) et de 32,6 % chez la femme (passant de 20,8 % à 27,6 %).

[4] Afin de comparer les données d’incidence d’une année à une autre, ou d’un territoire à un autre, on ne peut pas se contenter de recenser le nombre de nouveaux cas, car cette information est très dépendante de la structure démographique de la population. Identifier, au sein de l’évolution de l’incidence, ce qui relève effectivement des phénomènes démographiques, de l’évolution du risque d’être atteint d’un cancer, impose le recours à une information particulière, le taux d’incidence « standardisé » calculé en supposant que la structure d’âge de la population étudiée est identique à celle d’une population de référence. Ainsi, l’augmentation du taux d’incidence standardisé d’un cancer sur une période reflète directement la hausse du risque d’être atteint de ce cancer pendant cette période.

[5] Les données de participation aux dépistages organisés sont publiées par Santé publique France.

[6] Hospitalisations 2020 en lien avec le diagnostic, le traitement ou la surveillance d’un cancer, hors activité de radiothérapie en secteur libéral.

[7] Hors séances de radiothérapie en secteur libéral et hors dépenses anticancéreux facturés en sus des groupes homogènes des séjours.

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