Société Européenne de Cardiologie (ESC) : Prise en charge en urgence, comparatif avec les Etats-Unis, parcours Cœur artères et femmes

Cardiologie, des progrès dévoilés dans 3 études à l'ESC

- Théragora le 3 septembret 2019 N° 25 - Page 0 - crédits iconographique Phovoir

 

Plaçant l’innovation scientifique et médicale au cœur de son ADN, le congrès de la Société Européenne de Cardiologie se tient du 31 août au 4 septembre 2019 à Paris. Trois études françaises sur les modes de vie, les parcours de soin et les interventions d’urgence ont été dévoilées devant plus de 30 000 professionnels de la santé. 

 

Prise en charge en urgence des infarctus du myocarde : le moyen de transport le plus rapide n’est pas forcément le plus optimum…

 

Si, intuitivement, il semble logique de préférer l’hélicoptère au transport terrestre pour prendre en charge en urgence une personne faisant un infarctus du myocarde, cette méthode ne serait pas toujours la plus efficace, comme le montre l’étude du Dr Hakim Radwan, présentée lors du congrès de l’ESC et publiée dans l’European Heart Journal: Acute Cardiovascular Care.

Réalisée sur la base du registre CRAC France PCI, l'objectif de cette étude était d'analyser les délais de transfert des patients atteints d'infarctus du myocarde avec sus-décalage du segment ST (STEMI) vers les centres d'intervention coronarienne percutanée (ICP) selon le mode de transport dans une région largement rurale, le Centre-Val-de-Loire en l’occurrence.
 
Pour les personnes touchées par un infarctus du myocarde, les recommandations actuelles indiquent que le délai entre le premier contact médical et la prise en charge par intervention coronarienne percutanée soit de moins de 90 minutes. Plus le délai est court, meilleurs sont les résultats, le transport sanitaire par hélicoptère devrait donc sortir vainqueur de cette analyse face au transport terrestre.
 
Toutefois, en examinant les données du registre CRAC France PCI sur 4 ans (2014-2017), les chercheurs démontrent que le transport terrestre est souvent préférable. En effet, pour les transferts inférieurs à 50 km, le délai optimal n'a été atteint que dans 13,7 % des cas avec l’hélicoptère contre près de la moitié des patients transportés par voie terrestre. Entre 50 km et 75 km, aucune différence réelle n’existe. De même, et bien que l’échantillon de cette distance de transfert soit faible en raison du maillage territorial des soins en région Centre-Val-de-Loire, au-delà de 75 km, l’hélicoptère n’a pas démontré sa supériorité.
 


 

Risques cardiovasculaires : la France, meilleure élève que les États-Unis ?

 

L’Amérique fait-elle mieux que la France en termes de réduction des risques cardiovasculaires ou, au contraire, les politiques françaises de santé publique ont-elles permis d’améliorer la santé du cœur des Français ? Telle est la question qu’a cherché à résoudre l’étude française « Tendance de la santé cardiovasculaire en France depuis vingt ans : un écart entre les États-Unis et la France », réalisée par une équipe de l’Inserm et du Centre d’investigation clinique et prévention, et présentée lors du congrès de l’ESC.
 
Les bilans de santé cardiovasculaire de 369 240 personnes, réalisés entre 1992 et 2011, ont été calculés en prenant en compte plusieurs paramètres : tabagisme, indice de masse corporelle, cholestérol, glycémie, tension artérielle et activité physique. Et il semble que les Français se soient davantage intéressés à leur santé cardiovasculaire, car ils n’étaient que 43 % en 1992 à présenter des résultats idéaux sur 3 paramètres ou plus, contre 67 % en 2011.
 
À l’inverse, les données américaines, sur une période relativement comparable, montrent que seul le tabagisme a reculé parmi les autres paramètres précédemment évoqués. La France fait donc figure ici de bonne élève tandis que les facteurs de risques cardiovasculaires perdurent encore outre-Atlantique.
 
Toutefois, il faudrait nuancer cette bonne note française. En effet, une analyse fine des résultats montre que les gains de santé constatés en France sont menacés par une hausse inquiétante de l’obésité… La France n’est peut-être pas une si bonne élève que ça et doit encore fournir beaucoup d’efforts en matière de santé cardiovasculaire pour protéger sa population.
 
 
 

Femmes et maladies cardiovasculaires : du concept à l’action 

 

Aujourd’hui, à travers le monde comme en France, les maladies cardiovasculaires sont devenues la première cause de décès des femmes. Pour améliorer la prise en charge et la prévention de ce public à risque, une équipe du CHU de Lille a mis en place un parcours de soins coordonnés fondé sur la collaboration gynécologues-cardiologues.
 
Mis en place depuis 2013, ce parcours « Cœur, artères et femmes » s’adresse aux femmes après une grossesse à risque et aux femmes ménopausées présentant un risque cardiovasculaire accru. Après dépistage par le gynécologue, chaque femme est adressée à un cardiologue pour une évaluation complète. En 5 ans, 690 femmes ménopausées ont ainsi été dépistées : plus de la moitié présentaient un risque cardiovasculaire élevé, sachant que plus d’1 sur 5 étaient fumeuses, et que près de 4 sur 10 souffraient d’obésité.
 
Au-delà des chiffres et des statistiques, et comme l’indiquent les auteurs de cette étude présentée au congrès de l’ESC, un « parcours de soins de santé coordonné basé sur un partenariat entre gynécologues et cardiologues a permis d’améliorer le dépistage (…) et le traitement des maladies cardiovasculaires chez les femmes ».
 
Preuve s’il en est, que le progrès ne réside pas que dans des innovations technologiques, et que l’amélioration des parcours de soins et l’innovation organisationnelle doivent être des voies à développer en santé.

 

 

Source : Société Européenne de Cardiologie (ESC)
 


Références  
L’abstract Does helicopter transport delay prehospital transfer for STEMI patients in rural areas? Findings from the CRAC France PCI registry a été présenté pendant la session 2 Acute Coronary Syndromedimanche 1er septembre à 8h30 dans la Poster Area.
L’abstract Twenty-year trend of cardiovascular health in France: a gap between the United States and France a été présenté pendant la session 6 Epidemiology & Prevention mardi 3 septembre à 8h30 dans la Poster Area.
L’abstract “Heart, arteries and women”, an innovative healthcare pathway based on collaboration between gynecologists and cardiologists for women at cardiovascular risk: design and evaluation at five year a été présenté pendant la session 4 Women lundi 2 septembre à 8h30 dans la Poster Area.

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