Plaçant l’innovation scientifique et médicale au cœur de son ADN, le congrès de la Société Européenne de Cardiologie s'est tenu du 31 août au 4 septembre 2019 à Paris. À cette occasion, deux études françaises ont été dévoilées, mettant en perspective les particularités des risques de maladies cardiaques chez les femmes, notamment à la suite d’un infarctus ou d’un cancer du sein.
Suite à un infarctus aigu du myocarde, la plupart des patients reçoivent des médicaments antithrombotiques puissants pouvant provoquer des saignements nuisibles (ecchymoses, saignements de nez ou dentaires, etc.). Il existe peu d’information disponible sur les facteurs liés à ces saignements, ou sur le pronostic concernant les patients post infarctus. L’étude française FAST-MI menée par le Professeur Danchin etprésentée au congrès de l’ESC, s’est intéressée à ce sujet.
Un questionnaire de santé a été envoyé à tous les patients de la cohorte nationale française FAST-MI (2010-2015) un an après un épisode aigu. Une des questions portait spécifiquement sur l’apparition de saignements nuisibles : en tout, 3 968 patients ont répondu « oui » à cette question, soit 54 % des répondants.
Ainsi, plus de la moitié des patients ont donc reporté la présence de saignements. Ils sont apparus plus souvent chez les patients jeunes, avec STEMI (infarctus du myocarde avec élévation du segment ST), ceux traités avec PCI (angioplastie coronaire) ainsi que chez les fumeurs, mais aussi chez les femmes, pour qui les saignements ont été très fréquents. Au contraire, les patients diabétiques ou souffrant d’hypertension ont reporté moins de saignements.
Les chercheurs de cette étude ont procédé à une analyse spécifique (la régression logistique) de ces résultats afin de faire apparaître des facteurs de risque indépendants. Ainsi, le fait d’être une femme induit un risque relatif rapproché (odds ratio) de saignements nuisibles de 1,45 (1,25-1,68).
La prise d’antithrombotiques chez les femmes à la suite d’un infarctus serait donc un facteur potentiel de saignement, contrairement à d’autres patients.
L’étude française BACCARAT, présentée au congrès de l’ESC par le Dr Sophie Jacob, analyse la relation entre l’exposition cardiaque et la déformation du myocarde après un traitement par radiothérapie du cancer du sein.
Pour mener à bien cette étude, les chercheurs ont étudié les données de la cohorte BACCARAT, regroupant 94 femmes touchées par un cancer du sein (gauche ou droit) et traitées par radiothérapie – et non par chimiothérapie – entre 2015 et 2017. Chaque patiente est entrée dans la cohorte juste avant la radiothérapie, et a été suivie pendant 2 ans, avec des examens d’imagerie cardiaque répétés.
Les résultats parlent d’eux-mêmes : près de la moitié d’entre elles (48 %) affichent une déformation myocardique réduite (38 % parmi les patientes touchées par un cancer du sein droit et 50 % parmi celles touchées par un cancer du sein gauche).
Cette étude française, présentée lors du congrès 2019 de la Société Européenne de Cardiologie, est la première à établir clairement une relation dose-effet entre les doses cardiaques radio-induites et la déformation longitudinale globale du myocarde, à 6 mois après le traitement par radiothérapie. Elle illustre l’importance de réduire l’exposition cardiaque afin de limiter les risques de dysfonction du ventricule gauche. Par ailleurs, un suivi long, à deux ans suivant la radiothérapie du sein, permettra d’améliorer ces résultats, notamment pour détecter un dysfonctionnement du ventricule gauche.
De plus, cette étude souligne bien à quel point une collaboration accrue entre cardiologues et radiothérapeutes permettrait une meilleure prise en charge des femmes touchées par un cancer du sein.
Communication de la Société Européenne de Cardiologie (ESC) Paris 2019
Références
L’abstract Correlates and prognostic significance of nuisance bleeding after acute myocardial infarction. The FAST-MI programme a été présenté pendant la session Coronary artery disease-Epidermiology, prognosis and outcome mardi 3 septembre à 11h54 dans la Poster Area (Agora 1).
L’abstract Early detection of left ventricular dysfunction after breast cancer radiotherapy using speckle tracking echocardiography: association between cardiac exposure and myocardical strain changes (BACCARAT) a été présenté pendant la session Cardio-oncology dimanche 1erseptembre à 08h30 dans la Poster Area (Posters).