LA LUTTE CONTRE LES FRAUDES AUX PRESTATIONS SOCIALES
Des progrès trop lents, un changement d'échelle indispensable
Une hausse des résultats financiers de la lutte contre la fraude
En 2019, les principaux organismes sociaux ont détecté 1 Md? de préjudices subis ou évités
au titre de fraudes avérées ou suspectées. Ce montant connaît une augmentation continue.
Les fraudes détectées se concentrent sur le revenu de solidarité active, la prime d'activité
et les aides au logement pour les caisses d'allocations familiales (CAF) ; les professionnels
de santé et les établissements de santé pour les caisses primaires d'assurance maladie ;
le minimum vieillesse pour les caisses de retraite ; les reprises d'activité non déclarées pour
Pôle emploi.
Ces progrès s'expliquent par des moyens humains globalement préservés (près de
4 000 agents affectés à la réalisation de contrôles), une efficacité croissante des contrôles
a posteriori des organismes sociaux et l'étendue des moyens d'investigation qui leur sont
accordés.
Un impact des contrôles mal mesuré et qui reste faible
Seule la branche famille estime le montant des fraudes qu'elle subit (2,3 Md? en 2018),
mais celles effectivement détectées par les CAF en représentent une faible part (13 %).
L'assurance maladie et la branche vieillesse, quant à elles, n'estiment pas le montant des
fraudes, si bien qu'il est impossible d'apprécier l'impact réel de leurs contrôles. De son côté,
Pôle emploi s'est engagé à procéder à une estimation périodique.
Plus globalement, en prenant compte à la fois les erreurs et les fraudes, les organismes
sociaux perdent en tout état de cause des sommes importantes. En 2018, les CAF ont versé
à tort, de manière définitive, environ 3 Md?, soit 4,5 % du montant total des prestations.
Pour 2019, l'assurance maladie estime à 1 Md? le montant des factures irrégulières réglées
aux professionnels et aux établissements de santé, mais ce montant ne comprend pas les
séjours dans les établissements de santé publics et privés non lucratifs. Il est donc
nettement sous-estimé.
Ces pertes élevées démontrent que les contrôles ne sont pas suffisamment nombreux au
regard de l'ampleur des risques de fraudes et d'erreurs.
Un changement d'échelle indispensable
Le principal enjeu est de tarir les possibilités systémiques de fraude, en passant d'un
nombre réduit de contrôles a posteriori à une démarche de sécurisation systématique
a priori de la gestion des droits et des prestations sociales, qui repose sur un système
déclaratif trop ouvert dont le resserrement est nécessaire.
Ce resserrement devrait concerner notamment les comptes bancaires sur lesquels sont
versés les prestations, la conformité des facturations des professionnels et des
établissements de santé à la réglementation et aux prescriptions médicales, les assiettes
salariales des droits sociaux déclarées par les employeurs, les montants de ressources et
les situations professionnelles déclarées par les bénéficiaires des prestations, les
logements supportant des aides et les cartes Vitale. Un accent particulier devrait être mis
sur l'objectivation et la résorption de l'important surnombre de bénéficiaires de droits ouverts
? exercés ou non ? à des prises en charge de frais de santé par l'assurance maladie.
La recherche et la sanction des fraudes doivent aussi faire l'objet de progrès.
La Cour formule 15 recommandations visant notamment à :