Chaque année, plus de 40 000 nouveaux cas de cancers colorectaux sont identifiés en France. Ce chiffre explose. Avec à la clé quelque 17 700 décès par an. Soit 42% des patients concernés. Or seulement 5% à 10% de ces cancers sont d'origine génétique. Les autres pourraient notamment être liés à la présence de nitrites dans la charcuterie industrielle. Ces produits industriels, enrichis en nitrites, sont déclarées cancérogènes pour l'homme par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC).
En 2007 déjà, le World Cancer Research Fund avait recommandé d'éviter totalement la consommation de charcuterie industrielle. Mais l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), comme pour le glyphosate, brouille les cartes et se fait aussi l'avocat des risques de botulisme pour justifier de son inaction dans la régulation des additifs cancérogènes dans la charcuterie industrielle européenne. Or, ce problème a été mis en exergue dès 1968 par The Lancet.
Fabriquer de la charcuterie sans nitrites ni nitrates est pourtant possible; à l'instar des fabricants de jambon de Parme, qui produisent quelque neuf millions de jambons par an et n'ont jamais été confrontés à un seul cas de botulisme en 25 ans. Comment? Grâce à une hygiène stricte. Le principe de précaution impose donc que les nitrites dans la charcuterie soient bannis dès demain en France, d'abord, puis à l'échelle européenne.
Ma préoccupation est la même pour les nanomatériaux alimentaires. Il faut les prohiber des additifs alimentaires qui sont ajoutés aux aliments pour obtenir un effet aromatique, conservateur, humectant, texturant, stabilisant, épaississant, colorant, émulsifiant ou antimicrobien. Deux problèmes principaux sont en effet posés, avec des niveaux d'exposition assez importants : d'une part, l'exposition digestive aux nanoparticules libres ou à leurs agglomérats ; d'autre part, la migration éventuelle de nanoparticules à partir d'emballages fonctionnalisés vers la nourriture.
Selon Eric Houdeau, de l'Institut national de la recherche agronomique (Inra) de Toulouse, la consommation de confiseries expose particulièrement les enfants au dioxyde de titane, avec des doses quotidiennes de 1 à 3 milligrammes par kg de poids. Le E171 ou « Dioxyde de titane » est un colorant blanc que l'on retrouve sous la forme nanométrique dans des bonbons, des pâtisseries, des plats cuisinés, des dentifrices, ou des médicaments… Selon les résultats d'une étude scientifique menée par l'INRA, avec le CEA, l'Anses..., le E171 présenterait un danger pour les rats testés en laboratoire qui développent des lésions colorectales précancéreuses ; dès lors se pose la question de sa dangerosité potentielle pour les consommateurs.
Des risques existent aussi avec le dioxyde de silicium (E551) utilisé dans l'alimentation comme antiagglomérant. Jusqu'ici, on le croyait inoffensif. Des scientifiques ont récemment montré qu'il peut influer sur le système immunitaire de l'intestin pouvant entraîner des pathologies inflammatoires du côlon. Je demande donc l'interdiction des nanoparticules (notamment le dioxyde de titane présentes dans le colorant E171 et le dioxyde de silicium E551) dont le bénéfice pour le consommateur est seulement esthétique pour des risques sanitaires aujourd'hui avérés. Nous sommes dans le cadre du principe de précaution avec des études scientifiques plus qu'alarmantes.
Je souhaite enfin que soit instaurée une taxation différenciée des aliments en fonction de leur qualité nutritionnelle. Reposant sur le principe du bonus/malus (sur la base, par exemple, du Nutriscore –étiquetage nutritionnel), cette TVA sociétale permettrait de taxer les aliments de faible intérêt nutritionnel ou préoccupants pour la santé en prenant en compte les externalités positives ou négatives. Il convient aussi d'augmenter les taxes sur les boissons sucrées à un niveau suffisant, pour accompagner l'évolution du choix des consommateurs et la reformulation des produits par les entreprises agroalimentaires.
Cela doit être négocié au niveau de l'Union Européenne et je suis prête à faire ce travail aux côtés d'autres parlementaires pour mettre à disposition les produits de base à un prix accessible en développant une « politique alimentaire commune ». Cette fiscalité incitative est la seule solution pour changer de modèle agro-alimentaire en passant de l'agro-chimie de synthèse, industrialisée et uniformisée dépassée et aux externalités négatives reconnues à un modèle d'agro-biologie organique, relocalisé, diversifié, durable, à taille humaine et aux externalités positives reconnues.