Comment suivre médicalement les 18 millions de personnes âgées, isolées ou dépendantes vivant en France ? Une question centrale pour adapter la politique médicosociale hexagonale. D’autant que « la télémédecine, telle qu’elle est pratiquée par les plateformes grand public, ne peut pas toujours répondre à leurs besoins », explique le Dr Laurent Schmoll, chirurgien ORL.
La raison ? « , la visioconférence limite le plus souvent l’évaluation médicale, l’accès aux spécialistes et la décision thérapeutique ; sans compter qu’elle n’est pas toujours adaptée aux patients âgés, polypathologiques et/ou handicapés ». D’où l’intérêt d’associer numérique et humain.
Forts de ce constat, en 2016, Dan Grünstein, docteur en sciences et Laurent Schmoll ont fondé la start-up strasbourgeoise TokTokDoc. « Des personnes âgées dépendantes et fragiles vivant dans des EHPAD, gérés par des départements ou par des centres communaux d’action sociale ou encore résidant au sein de Maisons d’Accueil Spécialisées (MAS) ou dans des Foyers d’Accueil Médicalisés (FAM) ou bien bénéficiant des services de soins à domicile peuvent ainsi profiter de ces consultations à distance d’un nouveau genre », expliquent les deux co-fondateurs.
Des consultations pendant lesquelles le patient est assisté d’une infirmière mobile de télémédecine formée par TokTokDoc. L’infirmièr(e) réalise ainsi les gestes techniques demandés à distance par le médecin telle que la vérification du rythme cardiaque à partir d’un stéthoscope connecté à une tablette afin de transmettre les informations médicales nécessaires au médecin qui est en visioconférence. Celui-ci peut alors envoyer son diagnostic et les ordonnances à l’établissement ainsi qu’au médecin traitant. Et dans d’éventuelles zones blanches, la faiblesse du réseau WiFi n’est en rien un obstacle, puisque les tablettes sont équipées de la 4G.
Dans l’optique de mettre la personne malade en lien avec un médecin, TokTokDoc, donne la possibilité aux EHPAD de prendre contact avec leur propre réseau : les médecins traitants des résidents et les médecins du centre hospitalier le plus proche par exemple. Néanmoins un réseau de médecins généralistes et spécialistes de second recours est disponible sur demande et dans le respect du parcours de soins du patient (infirmiers, médecins spécialistes partenaires, médecins traitants, direction de l’établissement et familles).
Par ailleurs, un « hôpital hors les murs » a été autorisé par le ministère des Solidarités et de la Santé, la Caisse Nationale d’Assurance Maladie (Cnam) et l’Agence Régionale de Santé (ARS) du Grand-Est dans le cadre des expérimentations article 51. La « Policlinique mobile de télémédecine » permet ainsi aux infirmières de TokTokDoc d’utiliser des ECG et des échographes connectés, selon les instructions et sous la responsabilité d’un cardiologue, par téléconsultation.
Un atout majeur, puisque par le biais de cette télémédecine assistée, le suivi thérapeutique des patients est meilleur et les frais de transports réduits. Rien d’étonnant dès lors à ce que des structures sanitaires spécialisées telles que les Services Médicalisés de Réadaptation (SMR) et l’Hospitalisation à Domicile (HAD) aient fait le choix d’une télémédecine à visage humain.
Résultat : plus de 300 établissements en France sont à ce jour équipés de la solution de télémédecine assistée qui est désormais proposée en Ile-de-France et en Normandie. Autant de (bonnes) raisons pour l’État français de s’engager aux côté de TokTokDoc, via le programme via le Programme d’Investissements d’Avenir “Territoires d’innovation”. Et ainsi de tenter de répondre aux besoins des Français qui pâtissent de la désertification médicale.