Pour la 112ème fois, l’Association Française d’Urologie organise son Congrès Français d’Urologie (CFU). L’événement est l’occasion pour les urologues – en exercice ou en formation –, mais également les infirmiers, kinésithérapeutes et secrétaires, de se rassembler durant quatre jours pour mettre à jour leurs connaissances médicales et parfaire leurs pratiques. Notamment au programme cette année : l’hyperplasie bénigne de la prostate, les antibiotiques et la dysfonction érectile.
Avec l’âge, la prostate augmente de volume et perd de sa souplesse. Cette évolution naturelle et normale peut entraîner des troubles urinaires qui obèrent la qualité de vie. L’enrichissement de la palette des traitements médicamenteux et des approches chirurgicales permet aujourd’hui de proposer un suivi personnalisé aux patients souffrant d’hypertrophie bénigne de la prostate (HBP). Le rapport annuel de l’Association française d’Urologie est consacré à cette prise en charge.
Au total 2 millions d’hommes environ sont touchés en France et chaque année, 100 000 nouveaux cas de troubles urinaires liés à une HBP sont constatés.Ces « SBAU » sont responsables d’une altération de la qualité de vie mais la maladie est habituellement bénigne et les complications rares.
Les armes à disposition des médecins combinent trois approches : l’hygiène de vie, les traitements médicamenteux et la chirurgie, qui vient le plus souvent en seconde ou troisième ligne. Mais de nombreux progrès ont été faits dans le traitement de ce symptôme qui est la première cause de consultation en urologie. Ils mettent à la disposition des praticiens des outils, des molécules et des interventions très diverses pouvant permettre de personnaliser la prise en charge depuis la démarche diagnostique jusqu’à l’éventuelle intervention chirurgicale. Et même au-delà, dans le suivi des récidives post-traitement. La prise en compte des attentes du patient, de ses demandes, de sa perception de sa qualité de vieparaît donc essentielle pour proposer le bon traitement, celui qui va lui apporter le plus de confort.
Désormais, le patient doit être exploré de façon personnalisée pour ne pas méconnaître un diagnostic différentiel ou une complication de l’HBP. La vie sexuelle, comme la présence de co-moborditiés, sont des facteurs importants de personnalisation.
Le Rapport du Congrès, rédigé par les Prs Alexandre de la Taille, Aurélien Descazeaud et Grégoire Robert, détaille cette personnalisation.
Les antibiotiques ont sauvé des millions de vies mais ces traitements voient aujourd’hui leur efficacité remise en cause du fait de l’émergence de bactéries multi-résistantes. Ces résistances sont liées à une mauvaise prescription de ces molécules : trop d’antibiotiques, mal choisis, sur une durée inadéquate. Malgré les campagnes qui se sont succédées, ciblant les médecins, les vétérinaires et le grand public, la France reste le premier consommateur d’antibiotiques en Europe. Une situation qui ne peut perdurer ! Les urologues entendent participer, à leur niveau, à un changement des pratiques.
Le Pr Bruyère, responsable du Comité d’infectiologie de l’AFU (CIAFU), recommande de suivre trois règles :
- Un ciblage opportun.L’urologue doit savoir quel site il souhaite atteindre, quel germe il vise et quel est le terrain du patient (allergies, gestation, pratique sportive…).
- Une réévaluation systématique à 48 h. C’est là un véritable changement de paradigme. Pendant longtemps il était inconcevable – sauf cas particulier – de modifier un traitement antibiotique en cours de route. Aujourd’hui on considère au contraire qu’il est essentiel de faire un point au bout de 48 heures
- La capacité d’abstention. Bien prescrire un antibiotique c’est également savoir ne pas en prescrire dans certaines situations« Il y a même des circonstances où l’on a démontré que prescrire à tort des antibiotiques augmente le risque infectieux », rappelle le Pr Bruyère.
D’après un entretien avec le Dr Ludovic Ferretti, membre du CAMS (Comité d’andrologie et de médecine sexuelle) de l’AFU, Bordeaux.
Utilisées en orthopédie pour soulager les tendinopathies, en médecine vasculaire dans les retards de cicatrisation après ulcère artériel, ou encore dans le traitement des escarres, les « ondes de choc de faible intensité » ont déjà fait la preuve de leur efficacité. Délivrées sur des tissus fragiles, sur des plaies qui ne se referment pas, ce traitement physique semble accélérer la réparation tissulaire. Les résultats obtenus dans ces disciplines ont incité les urologues à s’intéresser à cette technique.
Cette approche est testée sur des hommes souffrant de dysfonction érectile à la fin des années 2000. Les premiers résultats ont été présentés en 2016 à Madrid, au congrès de la Société européenne de médecine sexuelle, et se sont révélés très prometteurs.
À l’initiative du Pr Stéphane Droupy, responsable du comité scientifique de l’AFU et chef de service en urologie au CHU de Nîmes, une étude multicentrique randomisée, contre placebo, a été initiée en France. Menéconjointement à Lyon, à Garches, à Montpellier, à Bordeaux et à Nîmes, cet essai clinique a inclus 154 patients traités pendant plusieurs semaines, à raison d’une à deux séances hebdomadaires.
D’après l’expérience rapportée par les patients,le bénéfice est perceptible en moyenne à partir de la troisième séance. Reste à savoir si ce bénéfice est pérenne. On pourrait alors espérer pour certains hommes une véritable « guérison » liée à une restauration tissulaire.
Il s’agit de la première approche de « médecine régénérative par thérapie physique » dans le domaine de la sexualité. À ce jour aucun effet secondaire n’a été identifié. Enfin, contrairement aux injections de cellules souches, difficiles à manier, encadrées par une législation lourde et nécessitant une infrastructure dédiée, les ondes de chocs permettent un traitement simple et sans risque.
À l’heure où 600 000 comprimés se vendent chaque mois pour doper la sexualité masculine, le développement d’un traitement, qui semble à la fois efficace et sans effet indésirable ou secondaire serait une révolution.
Source AFU le 21/11/2018