ANTIBIOTIQUES ET RÉSISTANCE BACTÉRIENNE: UNE MENACE MONDIALE, DES CONSÉQUENCES INDIVIDUELLES


 

L’antibiorésistance est identifée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) comme l'une des menaces les plus sérieuses pour la santé publique. Deux principales stratégies doivent être associées pour lutter contre l’antibiorésistance : d’une part, prévenir les infections et limiter la transmission des bactéries et des gènes de résistance et, d'autre part, utiliser les antibiotiques à bon escient (ceux qu’il faut, quand il faut). 

Il existe depuis 2016 dans notre pays une feuille de route interministérielle pour la maîtrise de l’antibiorésistance, dans une perspective « Une seule santé » ("One Health"), c'est à dire en coordonnant les actions en santé humaine, en santé animale et dans l’environnement ; il existait auparavant des actions menées séparément en santé humaine, santé animale et dans l’environnement. Cette synthèse annuelle présente les données d’utilisation des antibiotiques et de résistances bactériennes dans cette perspective "One Health". Cette mobilisation forte des différents ministères et agences concernés sur la thématique de l'antibiorésistance est exemplaire, et montre bien que l’antibiorésistance nous concerne tous ; ce n’est pas qu’un problème de spécialistes hospitaliers. Les bactéries ne connaissent pas de frontières et se transmettent entre humains, animaux et l’environnement. Tout le monde (humains comme animaux) peut être touché par une infection à bactérie multirésistante (c'est-à-dire résistante à de nombreux antibiotiques), même quand on est en bonne santé et qu’on n’a pas de facteur de risque particulier. La prise récente d’antibiotique (encore plus quand elle est répétée) augmente cependant le risque d'être touché par une telle infection. 

Quelles sont les conséquences, pour un être humain ou un animal, d’avoir une infection à bactérie multirésistante ? Comme très peu d’antibiotiques sont effcaces dans cette situation, le professionnel de santé met souvent plus de temps à identifer le meilleur traitement ; l’infection guérit donc souvent moins vite, avec un risque accru de complications et de mortalité pour les infections les plus graves. Les antibiotiques qui sont encore actifs sur la bactérie multirésistante sont souvent des antibiotiques de deuxième intention, selon les recommandations existantes, et comportent parfois un risque plus élevé d’effets indésirables (notamment le risque d’antibiorésistance). Enfn, en santé humaine, ces antibiotiques de deuxième intention ne sont souvent disponibles que par voie injectable (en piqûre), certains uniquement à l’hôpital, ce qui complique la prise en charge et réduit la qualité de vie des patients. Les cas d’infections à bactéries résistantes à tous les antibiotiques restent à ce jour rares en France, ce qui est heureux, car cela signife alors qu’aucun traitement antibiotique n’est effcace. 

Cette synthèse est porteuse d’espoir : en santé animale, l’utilisation des antibiotiques et les résistances bactériennes ont beaucoup baissé ces dernières années ; en santé humaine, il semble y avoir une tendance à la baisse des consommations (même si nous continuons à utiliser trois fois plus d’antibiotiques que les pays d’Europe les plus vertueux), et les résistances bactériennes paraissent se stabiliser. De nombreuses questions demeurent quant à l’environnement, et des études scientifques sont en cours. 

Cette synthèse montre donc que nous pouvons, collectivement, avoir un impact positif. Il nous faut donc continuer et intensifier nos efforts. Tout le monde peut et doit agir, à son niveau, pour participer à la lutte contre l’antibiorésistance. J’espère pouvoir compter sur votre mobilisation.

Pr Céline Pulcini - Professeur de maladies infectieuses et tropicales, cheffe de projet national à l’antibiorésistance au ministère des Solidarités et de la santé

 

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