BEH 38-39 / 13 novembre 2018 / Thématique Attentats


Éditorial

-La recherche face au terrorisme : impact sanitaire et social des attentats à Paris en 2015 – Connaissances acquises et perspectives / Lise Eilin Stene, Norwegian Centre for Violence and Traumatic Stress Studies (NKVTS), Oslo, Norvège

 

Articles 

-Étude IMPACTS : Investigation des manifestations traumatiques post attentats et de la prise en charge thérapeutique et de soutien des personnes impliquées dans les attentats de janvier 2015 en Île-de-France / Stéphanie Vandentorren (SpF), et coll. 

Suite à la série d’attentats terroristes survenus en Île-de-France du 7 au 9 janvier 2015, Santé publique France et l’Agence régionale de santé (ARS) d’Île-de-France ont réalisé l’enquête épidémiologique IMPACTS. L’objectif était d’évaluer l’impact psychotraumatique de ces attentats chez les personnes exposées et chez celles impliquées dans la prise en charge des victimes et le rétablissement de l’ordre public. Il s’agissait en outre de savoir si ces personnes avaient eu recours à des soins après ces évènements. L’enquête s’est déroulée en deux temps, 6 et 18 mois après les évènements. Deux groupes de population ont été étudiés. Le premier comprenait les personnes issues de la population civile ayant été exposées aux attentats selon le critère A de l’état de stress post-traumatique (ESPT) du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, 5e édition (DSM-5). Le deuxième était constitué des intervenants impliqués dans la réponse aux attentats. Ainsi, des psychologues formés au psycho-traumatisme se sont entretenus avec 190 civils et 232 intervenants (forces de l’ordre et de secours, secours médico-psychologique, pompiers et personnels  associatifs) pour recueillir leur expérience au moyen de questionnaires. Il en ressort que, parmi la population civile, 18% des personnes présentaient un ESPT, 20% avaient des troubles dépressifs ou anxieux sans ESPT et 25% avaient consulté un médecin pour un problème de santé somatique qu’elles considéraient comme lié aux événements. Plus de la moitié des personnes exposées ont bénéficié d’une prise en charge médico-psychologique ou d’un soutien psychologique suite aux évènements. Parmi les intervenants, 3% ont présenté un ESPT et 14% au moins ont eu un trouble anxieux. La moitié d’entre eux ont reçu un soutien psychologique suite aux attentats. Cette étude a permis de souligner l’importance de discerner toutes les victimes potentielles d’attentats terroristes (personnes directement menacées ou témoins) et de leur proposer une prise en charge médico-psychologique éventuelle. Elle a aussi fait ressortir la nécessité de sensibiliser les professionnels de santé aux conséquences du psycho-traumatisme pour qu’ils soient à même d’assurer un relais thérapeutique efficace.

 

-Enquête de santé publique post-attentats du 13 novembre 2015 (ESPA 13-Novembre) : trouble de santé post-traumatique, impact psychologique et soins, premiers résultats concernant les civils / Philippe Pirard (SpF), et coll. 

Huit à 11 mois après les attentats de novembre 2015, Santé publique France a lancé, entre le 7 juillet et le 10 novembre 2016, une Enquête de santé publique post-attentats. Cette enquête par Web-questionnaire et basée sur une participation volontaire concernait la population dont les expositions répondaient au critère A du trouble de stress post-traumatique (TSPT) tel que défini dans le DSM-5 (exposition à la mort ou à une blessure grave). Ses objectifs étaient d’estimer l’impact psychotraumatique et de mieux connaître l’utilisation des dispositifs de soins et les facteurs associés à cette utilisation. Cet article présente les premiers résultats concernant les membres de la population civile (hors personnel intervenant et soignant) ayant participé à cette enquête. La population concernée a été informée de l’étude via les médias, les associations de victimes, les associations d’aide aux victimes, les relais médicaux volontaires ainsi que grâce à des visites aux cafés et auprès des résidents adjacents aux lieux d’attentats. Les volontaires devaient remplir un questionnaire d’inclusion sur le site Internet de Santé publique France, puis accédaient à un questionnaire épidémiologique. Celui-ci renseignait sur leurs caractéristiques sociodémographiques, leurs antécédents psychologiques, leur exposition aux attaques et à leurs conséquences, leur santé mentale – PTSD Checklist for DSM-5 (PCL-5), Hospital Anxiety and Depression scale (HAD), Prigerson’s Inventory of Complicated Grief (ICG) – et leur utilisation des dispositifs de soins médico-psychologiques. L’impact était important, avec un trouble de stress post-traumatique (TSPT) probable pour 54% des menacés directs (directement visés,  blessés), 27% des témoins sur place et 21% des témoins à proximité. Pour les endeuillés (c’est-à-dire les personnes ayant perdu une personne qu’elles considéraient comme proche) sans autre exposition, la prévalence du TPST probable était de 54%. Un possible deuil compliqué (score supérieur à 25 au questionnaire de Prigerson) était observé chez 66% de ces endeuillés. Parmi les personnes atteintes d’un TSPT probable, 46% déclaraient ne pas avoir engagé de traitement régulier avec un psychologue ou un médecin. Cette proportion était plus importante pour les témoins sur place et à proximité (63%) et pour les endeuillés non exposés directement (46%) que pour les menacés directs (33%). Ces premiers résultats suggèrent un besoin de renforcer et d’élargir le dispositif d’accès aux soins à moyen terme.

 

-Enquête de santé publique post-attentats du 13 novembre 2015 (ESPA 13-Novembre) : premiers résultats concernant les intervenants / Yvon Motreff (SpF), et coll. 

Des milliers d’intervenants des secours et des forces de l’ordre ont été mobilisés suite aux attentats du 13 novembre 2015 à Paris et Saint-Denis. Afin d’estimer l’impact psychologique de ces évènements, le recours aux soins et l’utilisation des dispositifs d’accompagnement, l’Enquête de santé publique post-attentats du 13 novembre (ESPA 13-Novembre) a été menée auprès de ces intervenants. Cet article présente les caractéristiques sociodémographiques de cette population, la prévalence des troubles de stress post-traumatiques (TSPT) et décrit les facteurs de vulnérabilité pour le TSPT. L’enquête s’est déroulée de juillet à novembre 2016. Pour informer sur l’existence de l’enquête, une campagne médiatique et une information, via un relais dans chaque institution participante, ont été menées. Les personnes volontaires éligibles à l’enquête étaient âgées de 16 ans ou plus et étaient intervenues en lien avec les attentats la nuit du 13 novembre ou dans les trois semaines qui ont suivi. Les caractéristiques sociodémographiques, les antécédents psychologiques, les conditions d’intervention, la préparation aux événements traumatogènes, le soutien social et l’état psychologique actuel ont été recueillis au moyen d’un questionnaire en ligne sécurisé. Le TSPT a été mesuré par la PCL-5 (Post-Traumatic Stress Disorder Checklist Scale, version DSM-5). Au total, sur les 837 personnes ayant commencé à répondre à l’enquête, 698 ont complété le questionnaire : 34% étaient des professionnels de santé, 30% des sapeurs-pompiers de Paris, 20% des associatifs de protection civile, 14% des forces de l’ordre et 2% des agents des villes de Paris ou Saint-Denis. Les prévalences de TSPT variaient de 3,5% à 9,9% selon le type d’intervenant.   L’intensité de l’exposition, la non-préparation aux événements traumatogènes et l’isolement social étaient associés au TSPT. Ces résultats exploratoires suggèrent l’importance du soutien social ainsi que la préparation à la gestion du stress et aux conséquences des traumatismes psychiques. Des analyses complémentaires sont actuellement menées pour confirmer ces premiers résultats.

 

-Attentats de Paris du 13 novembre 2015 : apport des données de recours aux soins d’urgence pour l’évaluation d’impact sur la population / Céline Caserio-Schönemann (SpF), et coll. 

Cet article a pour objectif de décrire l’utilisation du système de surveillance SurSaUD® au décours immédiat des attentats de Paris du 13 novembre 2015 et le résultat des analyses réalisées jusqu’à la fin de l’année 2015 en Île-de-France et sur l’ensemble du territoire national, en lien étroit avec les partenaires du système. Une surveillance renforcée, basée sur l'activation de tableaux de bord quotidiens automatiques à partir des données des urgences hospitalières (OSCOUR®) et des associations SOS Médecins, ainsi que sur la mise en place d'une procédure d'étiquetage des consultations SOS Médecins en lien avec les attentats, a été activée dès le lendemain des attaques et s’est poursuivie jusqu’à la fin de l’année 2015. Les résultats ont permis de mettre en évidence une hausse des passages aux urgences pour stress non seulement en Île-de-France mais aussi sur l'ensemble du territoire métropolitain. L'étiquetage des consultations SOS Médecins a montré un pic d'activité en lien avec les attentats. Ces hausses ont principalement concerné des adultes jeunes entre 15 et 44 ans. Les retours d’expérience, réflexions et travaux qui ont suivi les attentats ont permis d’identifier les grandes lignes d’amélioration du dispositif de surveillance en vue d’accroître son efficacité, en particulier dans la perspective des Jeux olympiques de Paris en 2024 : évolution du format de résumé de passage aux urgences pour inclure une variable circonstancielle et intégration des données des Samu au dispositif de surveillance syndromique, en complémentarité des données OSCOUR® et SOS Médecins.

 

-L’empreinte des attentats du 13 novembre 2015 sur la société française / Sandra Hoibian (Crédoc, Paris) et coll.

Dans le cadre du Programme 13-Novembre, piloté par le CNRS, l’Inserm et heSam Université, et comportant 31 partenaires, une série de 11 questions sur les attentats du 13 novembre 2015 a été insérée, sept mois après les faits, dans l’enquête Conditions de vie et aspirations des Français du Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Crédoc). Ce dispositif interroge un échantillon représentatif de la population française deux fois par an depuis quarante ans. L’interrogation portant sur ces événements fera l’objet d’un suivi dans la durée (deux ans après la première enquête, puis cinq et dix ans après), afin d’apporter des éléments de contexte sur le processus de mémorialisation des attentats du 13 novembre dans la société française. Elle contribue ainsi au programme de recherche transdisciplinaire 13-Novembre, qui étudie la construction et l’évolution de la mémoire de ces attentats en pensant l’articulation entre mémoire individuelle et mémoire collective. L’étude atteste d’une très forte empreinte des attentats du 13 novembre dans la société française, sept mois après leur survenue. Ces attaques terroristes arrivent en tête des attentats jugés les plus marquants depuis l’an 2000. L’impact de ces attaques est également tangible au travers de leur empreinte mémorielle en termes de précision des souvenirs associés à l’événement, à la fois personnels (souvenirs-flash) et factuels (lieux frappés). Les moins de 40 ans semblent avoir été particulièrement touchés en raison d’une certaine identification aux cibles des attaques et de l’ampleur de leur couverture médiatique, dans une forme d’écho au 11 septembre 2001 qui a constitué un marqueur générationnel pour les adolescents et les jeunes de l’époque. Dans la société française dans son ensemble, les attentats du 13 novembre ont eu différents retentissements, parmi lesquels ressortent un climat de peur, un accroissement des préoccupations sécuritaires et des inquiétudes relatives à la cohésion sociale.

 

-Les attentats de novembre 2015 à Paris : exposition aux images par les médias et symptômes de stress post-traumatique / Enguerrand du Roscoät (SpF), et coll. 

La forte couverture médiatique des attentats de novembre 2015 à Paris (Bataclan, terrasses des cafés et Stade de France) a exposé une très large partie de la population française aux images des attaques terroristes, questionnant les pouvoirs publics sur les effets d’une telle exposition, en particulier sur les symptômes de stress post-traumatique. Cette étude a examiné la relation entre l'exposition médiatique liée aux événements (temps passé à regarder les évènements à la télévision ou sur Internet sur une période de trois jours suivant les attentats) et la déclaration de symptômes de stress post-traumatique mesurés au moyen de l’échelle Post-traumatic Stress Disorder Checklist for DSM-5 (PCL-5). Un échantillon par quotas représentatifs de la population générale sur les variables sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle, région et taille d’agglomération a été recruté via un panel d’internautes (panel BVA). En juin 2016, 1 760 personnes ont intégralement répondu à l’enquête par le biais d’un questionnaire Internet. Les résultats ont montré une association positive entre le temps passé à visualiser des images liées aux attaques et la présence de symptômes de stress post-traumatique, après ajustement sur les caractéristiques sociodémographiques, l’exposition directe aux évènements et des facteurs de vulnérabilité individuelle (antécédents d’évènements traumatisants, de troubles psychologiques et d’évènements de vie négatifs). Des analyses complémentaires devront être conduites pour tester les interactions entre l’exposition aux médias et les facteurs sociodémographiques et individuels (antécédents psychologiques) afin d’identifier les profils de population les plus vulnérables aux effets d’une exposition aux médias et ainsi mieux orienter les actions de prévention.

 

Focus

 

  •  « 13-Novembre », un programme de recherche transdisciplinaire / Denis Peschanski, (CNRS – UMR8209, Université Paris I Panthéon Sorbonne – EHESS ; Université de PSL, Paris, France) et coll.
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