Quelle année ! doit se dire Agnès Buzyn. Elle a raison. Qui se souvient que fin 2019, la ministre de la santé bénéficiait dans les sondages d’une cote de popularité à faire pâlir un Bruno Le Maire et autre Darmanin. Seul le Premier Ministre d’alors, le bien nommé Edouard Philippe, la surpassait. Et encore pas à tous les coups... Qu’elle est loin cette époque doit regretter aujourd’hui Agnès Buzyn Il n’est pas certain qu’un brin de nostalgie ne l’assaille, et qu’un léger ressentiment ne l’accable. Sans doute se dit-elle aussi qu’elle aurait dû accepter la proposition du Chef de l’Etat de conduire la liste LREM au scrutin européen de 2019. Elle n’aurait sans doute pas fait pire que Nathalie Loiseau.
Des anges gardiens….
Ainsi, de ministre applaudie, elle est passée en peu de temps à ministre coupable d’avoir mal géré le début de la crise sanitaire, à candidate honnie à la mairie de Paris remplaçant ( quel cadeau empoisonné) le sinistre Benjamin Grivaux, puis encore à postulante recalée dans un hôpital parisien, avant que le maître de l’Elysée ne tape sur la table pour exiger qu’on le lui trouve un établissement. Ce n’est plus une chute c’est une cascade. Méritait-elle un tel sort ? une telle opprobre ? Le monde politique est impitoyable et gare à ceux qui croient pouvoir l’apprivoiser et le conquérir. Beaucoup se sont brulés les ailes. Pour être parfois enterrés. Mais pas toujours.
La preuve. Car Agnès Buzyn a un ange gardien, plusieurs anges gardiens sans doute. Là voilà qui reprend son envol. Loin de la politique française. Dans un pays où l’on sait reconnaitre les talents, la Suisse évidemment (défense de rire), et au sein d’une instance internationale exemplaire (sic) qui ne recrute, dit-on, que des experts de haute pointure : l’OMS.
Pas d’immunité pour la gestion de la crise sanitaire
Donc voilà Agnès Buzyn en bonne place à l’Organisation mondiale de la Santé, à Genève, à droite ou pas du moins pas très loin du maitre des lieux, Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de cette noble institution. Agnès Buzyn devient l’ambassadrice de l’OMS « auprès du G7, de l’ONU ou de la Fondation Bill Gates ». Bigre. Cela impressionne. Et que la revanche doit être belle quelque part.
Bon. Reste un point ou quelques points à régler. Agnès Buzyn, comme son successeur au ministère de la santé, Olivier Véran, comme d’autres ministres, et comme Edouard Philippe, est l’objet de plusieurs plaintes s’agissant de sa gestion de la crise sanitaire. Des plaintes émanant de patients. Des plaintes qui sont aujourd’hui l’objet d’examens de la Cour de Justice de la République (CJR) institution chargée de juger les recours déposées contre les ministres en exercice au moment des faits. De là à considérer que la nomination d’Agnès Buzyn tombait à pic pour lui permettre d’échapper à ces procédures en tant d’ambassadrice et donc de bénéficier de l’immunité diplomatique, il n’y avait qu’un pas que certains ont franchi allégrement.
Heureusement, il n’en est rien, a-t-on appris rapidement. Le pouvoir exécutif n’aurait pu supporter une nouvelle accusation de ce type. Mais Agnès Buzyn ne bénéficiera d’aucune immunité pour des faits antérieurs à sa nomination auprès de l’OMS. Le ministère des affaites étrangères a tenu très tôt à préciser que « madame Buzyn bénéficierait d’une immunité de juridiction limitée aux actes accomplis dans l’exercice de ses fonctions au sein de l’organisation ».
En clair, cela signifie que l'immunité dont dispose désormais l'ancienne ministre ne l'exonère pas de responsabilités liées à ses précédents mandats. Seules ses activités pour le compte de l'OMS sont concernées, et cela dès sa prise de fonction. Le scandale est évité.
Mais quand même quel rétablissement. Bravo l’artiste.
Même s’il est vrai qu’un certain embarras persiste et que beaucoup de questions restent sans réponse. Pas très sain tout cela, surtout quand l’opinion doute de ses « politiques ».