Masques, tests, écoles, cartes, traçages

La gestion de la crise sanitaire : ratages ou "real politic" ….

Par Jacques Degain -  Journaliste

Théragora - www.theragora.fr - Theragora 3 mai 2020 N° - crédits iconographique Phovoir

Le projet de loi prorogeant l’état sanitaire en France de deux mois jusqu’au 24 juillet a été adopté samedi par le Conseil des ministres. Il sera examiné par le Sénat ce lundi 4 mai, puis par l’Assemblée nationale dans la semaine. Le temps presse. Ce texte organise le déconfinement qui devrait entrer en vigueur le 11 mai. Les débats s’annoncent agités, tant la nervosité du pays est grande.  Qu’il s’agisse des professionnels de santé ou des citoyens en général.  

 


 

Le sondage réalisé dans les divers pays européens interpellera Emmanuel Macron. Le Chef de l’Etat ne recueillerait que 24% d’opinions favorables quant à sa gestion de la crise sanitaire en France, alors qu’Angela Merkel serait applaudie en Allemagne et que Boris Johnson au Royaume Uni et Guiseppe Conte en Italie approcheraient de la majorité dans leurs pays respectifs. « Normal, c’est la France » commentait un brin fataliste un observateur. Un peu court comme raisonnement. Il confirme en tout cas que la gestion de la pandémie du Covid a recueilli plus de critiques que de louanges.  Une forte pression pèse sur le Président tandis que se pose clairement l’avenir de son Premier ministre. Revue de détail.

 

Le problème des masques 

La grosse épine. Une affaire qui empoisonne depuis des semaines le climat politique. Aides soignants, infirmières, brancardiers, médecins, qui sont en première ligne depuis des mois les réclament sans cesse ; médecins libéraux, pharmaciens, dentistes, kinés, infirmières libérales, personnels des EPHAD ne font que les attendre. Sans parler des policiers, des caissières d’hyper qui n’ont pas quitté leurs postes.

Les masques arrivent ; ils sont là répond depuis des semaines le pouvoir exécutif. Enfin…oui, plusieurs centaines de millions demain seront ainsi en vente ce lundi mais les masques chirurgicaux, comme les autres, tant espérés par les personnels de la santé, seront vendus dans les hypermarchés. Scandale, s’insurgent les professionnels  de santé, et leurs différents ordres qui ont signé, une première, un communiqué commun. « Aujourd’hui, la consternation s’allie au dégoût. écrivent-ils. Où étaient ces masques quand nos médecins, nos infirmiers, nos pharmaciens, nos chirurgiens-dentistes, nos masseurs-kinésithérapeutes, nos pédicures-podologues, nos sages-femmes mais aussi tous nos personnels en prise directe avec la maladie tremblaient et tombaient chaque matin ? » Des gouvernements sont tombés pour moins que ça…

 

La question des tests

Problème délicat aussi pour le pouvoir. Tester ou ne pas tester ? Ce serait un non sens de tester tout le monde a dit Emmanuel Macron dans sa dernière intervention télévisée. Aujourd’hui, le discours a quelque un peu évolué. Devant les députés, le  28 avril, le premier ministre, Edouard Philippe, a en effet annoncé que le gouvernement souhaitait « réaliser au moins 700 000 tests virologiques par semaine à partir du 11 mai ». Reste à savoir si ce défi pourra être tenu. Beaucoup en doutent malgré les assurances du ministre de la santé.

 

L’imbroglio du « Tracing », du traçage ou le fichier qui fait débat 

Le « tracing de niveau 1 », sera exercé  « par les médecins, les professionnels de santé de premier recours (...) pour définir le premier cercle des cas de contacts potentiels ». Voilà le message diffusé par le ministre de la santé. En langage plus simple, les médecins généralistes sont invités à signaler à l’assurance maladie les patients qui sont atteints du Covid et qui sont venus les consulter. « Rupture du secret médical et du serment d’Hippocrate disent des généralistes, pas de problème disent d’autres, qui assurent qu’ils informeront après accord du patient et que cela est conforme aux relations qu’ils entretiennent avec l’assurance maladie. Le gouvernement se veut rassurant. D’autant qu’il a rayé de son projet de loi le « stopcovid », procédé  qui prévoyait de mettre à l’isolement, avec le recours au Préfet en cas de réticence, des personnes touchées par le virus ou même susceptibles  l’être.  Une censure du Conseil constitutionnel n’était pas à écarter. Edouard Philippe a cédé et retiré cet article. Il n’en pas moins exclu que le texte du traçage par les généralistes fasse de l’objet d’un recours devant cette juridiction concernant la mise en place de brigades territoriales qui auraient pour mission  de repérer les contaminés…Atteinte aux libertés plaident notamment des députés de l’opposition.

 

Ecoles et Lycées : la cacophonie

 «La majorité des écoles rouvrira partout sur le territoire» affirme  Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Education Nationale. Le problème c’est que bien des maires et des présidents de régions s’y opposent et demandent des assurances au pouvoir central. Ce qu’il a du mal à leur donner. Entre le Président de la région PACA,  René Muselier, qui n’hésite pas à dire qu’il est d’accord pour la reprise, et Hervé Morin,  Président de la région Normandie qui dit exactement el contraire, il y a un monde.  Le maire de Montpellier, Philippe Saurel,  va plus loin. « Nous sommes pris en otages » affirme-t-il. La crise sanitaire, selon d’autres édiles, a révélé le réel pouvoir des maires et leur connaissances des réalités alors que les Etats sont « à la ramasse ». Reste que l’on voit mal le pouvoir exécutif reculer. Mais cette affaire laissera des traces. Surtout si de nombreux parents refusent de mettre leurs enfants à l’école.

 

La carte du déconfinement : menace de fracture nationale 

 Le Président ne l’a pas vu venir. Pas plus que son Premier ministre. Et pourtant la réalité est bien  là. Entre les départements « rouges » et les départements « verts », la fracture est déjà béante. Entre les « mauvais citoyens rouges » et les « bons  élèves verts », on se regarde désormais en chiens de faïences. Ce n’est pas anodin. On tremble à l’idée qu’un département  « vert »devienne demain « un rouge »…Les réactions sont imprévisibles. On a vu dès les premiers jours la protestation véhémente de départements qui n’acceptaient pas d’être « rouges ». « Nous sommes verts », criaient-ils…  Attention à ce que cette affaire ne prenne une ampleur démesurée. Au gouvernement de dire qu’il ne s’agit pas de décerner des bons et des mauvais points et de stigmatiser les « rouges » et de récompenser les  « verts ». Il y va de la cohésion nationale. Car déjà des propos inacceptables sont proférés.      

 

Qui va conduire la reprise économique ?

Si l’on  en croit certaines gazettes, les jours d’Edouard Philippe à la tête du gouvernement seraient comptés. Le Président, ajoute même un hebdomadaire l' aurait déjà décidé et même annoncé à certains de ses proches. Edouard Philippe serait chargé de mener à bien le déconfinement et de préparer le pays à une reprise d’activité. Mais son gouvernement devrait laisser la place à une nouvelle équipe pour conduire la reprise économique essentielle évidemment pour l’avenir du pays, et dans la perspective du scrutin  présidentiel de 2022 qu’Emmanuel Macron ne quitte pas des yeux. Qui alors pour remplacer Edouard Philippe à Matignon ? Bruno Le Maire, l’actuel ministre de l’économie, qui a l’oreille d’Emmanuel Macron, fait évidemment figure de favori, malgré ses dénégations. L’autre option étant de nommer un économiste de renom, peu marqué politiquement, mais compatible macroniste, pour mener à bien cette mission,           

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