Il a fait fort le président républicain de la chambre des Représentants, Mike Johnson : lors d’une réunion en Pennsylvanie, l’un des derniers meetings avant le scrutin présidentiel du 5 novembre. Il a purement et simplement indiqué que la réforme du système de santé serait l’un des objectifs majeurs de Donald Trump s'il était élu et qu’il « verrait les choses en grand ». En clair, qu’il abrogerait la réforme Obama.
Il n’en fallait pas plus pour que le camp démocrate réplique, s’insurge et dénonce une décision qui priverait des millions d’américains -et en particulier «les plus précaires »- d’une protection sanitaire et sociale essentielle. La réforme du système de santé américain date de 2010 et a donc été élaborée et installée sous la présidence de Barak Obama, d’où son nom d'« Obamacare ».
Officiellement, il s’agit de l’ « Affordable Care Act ». Cinquante millions d’américains, en bénéficieraient aujourd’hui selon les affirmations des collaborateurs de Kamala Harris. Avec à la clé, des avantages sociaux non négligeables puisque la loi de 2010 impose aux compagnies d’assurer des patients souffrant de longues maladies et leur interdit, ou peu s’en faut, de facturer des prix prohibitifs aux patients les plus malades.
Elle a également débloqué des milliards de dollars de subventions pour que les personnes les plus précaires puissent se protéger. Le camp républicain dénonce depuis de nombreuses années ce système qui, selon ses responsables, est trop dispendieux et surtout source de gaspillages et ne résout en rien, toujours selon eux, les problèmes du système de santé.
Lors du seul débat Trump-Harris le 10 septembre dernier, le candidat républicain avait été on ne peut plus clair en affirmant sans ambages que l'Obamacare était « nul » et qu’il fallait le remplacer. « Ce que nous ferons » avait-il tonné, sans tracer les grandes lignes d’une éventuelle réforme.
L’émoi est grand aujourd’hui chez certaines catégories de la population américaine. L’ « Affordable Care Act » a de très nombreux partisans quel que soit leur camp. C’est une avancée – très imparfaite il est vrai – dans la protection sociale et sanitaire de nombreux patients qui, jusqu’alors, ne savaient à qui s’adresser pour tenter de bénéficier de soins, que leur état de santé pourrait exiger.
D’où sans doute ce rétropédalage de Mike Johnson qui, dans une déclaration transmise à la chaine NBC News - qui avait rapporté ses propos de Pennsylvanie -, affirme que « malgré les caractérisations malhonnêtes de la campagne Harris, l'audio et la transcription montrent clairement que je n'ai fait aucune promesse de mettre fin à Obamacare, et que j'ai en fait reconnu que cette politique est « profondément ancrée » dans notre système de santé. » On appréciera.
Mais le fait que la porte parole de Donald Trump ait cru bon d’insister et de préciser, un peu plus tard que le projet du candidat républicain, n’était pas d’abroger l’ObamaCare, mais simplement d’améliorer « notre système de santé en augmentant la transparence, en favorisant le choix et la concurrence et en élargissant l'accès à de nouvelles options de soins de santé et d'assurance abordables », montre bien que ce débat sur l’avenir du système de santé américain, comme celui de l’avortement, était un dossier primordial de cette campagne. Même si l’élection du prochain locataire de la Maison Blanche ne s'est pas jouée simplement sur ces thèmes.