Sondage Odoxa-Backbone Consulting réalisé pour France Info et Le Figaro qui interroge les Français sur leur rapport au vaccin, L'analyse de Gaël Sliman président d'Odoxa

Les Français sur leur rapport au vaccin

Par Rédaction -  Théragora

Théragora - www.theragora.fr - Théragora le 4 janvier 2021 N° 42 - Page 0

OUI à la vaccination … mais pour les autres !

 

  1. 53% des Français se disent inquiets pour leur propre santé, c’est 6 points de moins qu’en novembre. L’inquiétude est donc toujours présente, mais elle est modérée et tend à s’atténuer depuis un mois

  2. 53% des Français pensent que le déploiement du vaccin est une première étape décisive dans la victoire contre le virus… mais ils voient celle-ci à long terme plutôt qu’à échéance de 6 à 9 mois (seulement 17% font ce pronostic)

  3. Positifs… mais surtout pas trop … les Français sont aussi 53% à faire confiance au gouvernement pour déployer rapidement la vaccination

  4. Mais ce déploiement de la vaccination, les Français l’espère surtout pour les autres : 58% des Français ne veulent pas se faire vacciner, soit 8 points de plus que le mois dernier

  5. Pourquoi ce refus ? Parce que pour 60% des Français « ne pas se vacciner est une décision raisonnable face à une nouvelle maladie et un nouveau vaccin », et parce qu’ils voient cette décision comme un choix éminemment individuel et personnel plutôt que collectif

 

Voir les résultats en détail

 

 

L'analyse de Gaël Sliman président d'Odoxa

 

 

1) 53% des Français se disent inquiets pour leur propre santé, c’est 6 points de moins qu’en octobre. L’inquiétude est donc toujours présente,mais elle est modérée et tend à s’atténuer depuis un mois


Les Français abordent cette année 2021 en étant toujours inquiets sur la situation sanitaire : 83% se disent inquiets sur la situation sanitaire du pays, 73% pour la santé de leurs proches et une majorité de 53% se disent inquiets pour leur propre santé. Trois éléments permettent toutefois de relativiser cette inquiétude : D’abord, si l’inquiétude est majoritaire à tous les étages, il ne s’agit pas d’une panique ou d’une inquiétude extrême mais plutôt d’une inquiétude modérée ; ainsi, ceux qui se déclarent « très inquiets » sont nettement moins nombreux que ceux se disent « plutôt inquiets » (12% vs 41% par exemple concernant l’inquiétude pour soi-même).

Ensuite, on observe toujours le même decrescendo de l’inquiétude de nos concitoyens à mesure que l’on évoque un cercle proche d’eux. L’inquiétude des Français est ainsi nettement plus forte pour le « macro », « la situation sanitaire globale du pays » (83% d’inquiets dont 34% de « très inquiets ») que pour leur cercle familial (73% d’inquiets dont 20% de « très inquiets » pour « la santé de vos proches ») et l’inquiétude est encore nettement plus réduite concernant leur propre santé (53% dont 12% de « très inquiets ») Enfin et surtout, l’inquiétude sur chacune de ces dimensions a décru sensiblement depuis ces dernières semaines et l’annonce de la découverte du premier vaccin.

Ainsi, en deux mois, l’inquiétude pour soi-même est passée de 59% à 53% et celle concernant la santé de ses proches est passée de 81% à 73%... soit des reculs respectifs de 6 et 8 points, inédits depuis la sortie du premier confinement au printemps dernier. Certes, le vaccin n’a pas dopé le moral des Français… malgré tout (qu’ils le veuillent ou non) il a tout de même légèrement éclairci leur sombre horizon.

 

 

2) 53% des Français pensent que le déploiement du vaccin est une première étape décisive dans la victoire contre le virus… mais ils voient celle-ci à long terme plutôt qu’à échéance de 6 à 9 mois (seulement 17% font ce pronostic)


Gaulois réfractaire le Français ? Il n’est en tout cas pas le plus enthousiaste face aux innovations porteuses d’espoir un peu partout dans le monde. Notre précédent sondage international avait montré le singulier pessimisme de nos concitoyens par rapport aux autres humains peuplant cette planète. On ne s’étonnera pas, dès lors, que le déploiement actuel des vaccins ne suscite pas un formidable enthousiasme chez nos concitoyens. Seulement 17% des Français pensent que « cela signifie que nous pourrons vaincre le virus dans les 6 ou 9 mois à venir » !

36% pensent qu’on y arrivera mais « qu’il nous faudra 1 an ou 2 pour venir à bout de ce virus » et 46% de nos concitoyens pensent que ce déploiement des vaccins ne dit rien du tout de l’issue du combat contre le virus, estimant « que cette information est encore trop récente et fragile pour en déduire quoi que ce soit concernant notre combat contre le virus ».

Pas très optimistes certes, les Français sont tout de même désormais une majorité de 53% vs 46% à penser que ce déploiement des vaccins est bien une première étape décisive dans la victoire contre le virus. Le mois dernier, au moment de l’annonce de la découverte des premiers vaccins ils n’étaient que 50% à le penser. L’optimisme concernant la victoire finale progresse donc doucement.

 

 

3) Positifs… mais surtout pas trop… Les Français sont aussi 53% à faire confiance au gouvernement pour déployer rapidement la vaccination


La confiance dans le gouvernement pour déployer rapidement la vaccination en France est elle aussi désormais majoritaire. 53% des Français disent « faire confiance au gouvernement pour déployer rapidement la vaccination en France après la validation du vaccin par l'Union européenne ».

Sur un sujet, le virus, sur lequel les Français ont longtemps manifesté beaucoup de défiance à l’égard du gouvernement (depuis le « péché originel » sur les masques) cette petite majorité de « confiants » est appréciable. Mais comme toujours, la moyenne observée masque de profondes fractures dans l’opinion. Ces clivages sont, d’une part, politiques : les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (57% de défiants) et de Marine Le Pen (66%) ne font massivement pas confiance au gouvernement dans ce domaine. A l’inverse, les électeurs de droite (électorat de François Fillon en 2017) sont une nette majorité à lui faire confiance (58% vs 42%).

Emmanuel Macron peut aussi, évidemment, compter sur le soutien total de ses électeurs de 2017 (83% de confiance). Ces clivages sont, d’autre part, sociologiques : le milieu social et l’âge sont deux facteurs qui jouent à plein dans ce domaine. Ainsi, les catégories supérieures sont 61% à faire confiance au gouvernement pour déployer la vaccination quand les catégories populaires ne sont que 46% à lui faire confiance.

Réciproquement, la courbe de confiance est directement corrélée à l’âge des personnes interrogées. On passe ainsi de 41% de confiance auprès des 18-24 ans à 58% auprès des plus de 50 ans. C’est que cette confiance dans le gouvernement pour déployer le vaccin est aussi, logiquement, directement liée à l’envie de se faire vacciner et au sentiment d’inquiétude que génère ce virus.

 

4) Mais ce déploiement de la vaccination, les Français l’espère surtout pour les autres : 58% des Français ne veulent pas se faire vacciner, soit 8 points de plus que le mois dernier

 

Alors même que la découverte des vaccins permet une sensible amélioration de la confiance des Français et une atténuation de leurs inquiétudes concernant le virus, les Français restent très frileux concernant leur propre vaccination.

Ils sont ainsi à présent 58% à ne pas vouloir pas se faire vacciner… soit 8 points de plus que le mois dernier, au moment où les premiers vaccins étaient découverts. A l’époque pourtant, notre sondage international montrait que nous étions – déjà – les plus antivaccins parmi les 6 grands pays sondés (Etats-Unis, Grande-Bretagne, Allemagne, Italie, Espagne, Inde, Chine).

Chose incroyable, en France, plus les scientifiques censés vanter la vaccination parlent des vaccins, et moins les Français veulent se faire vacciner !

Encore une fois, la moyenne indiquée par le sondage masque de grandes disparités de perception selon l’âge, le sexe, et le milieu social des personnes interrogées. Ainsi, le souhait de vaccination augmente continument avec l’âge, passant de 32% chez les 35-49 ans à 58% chez les plus de 65 ans.

Logique, les premiers ont statistiquement peu de chances de développer une forme sérieuse de la maladie au contraire des seconds. Mais il n’y a pas que l’âge qui intervienne sur la propension à se faire vacciner.

Le sexe (54% des hommes sont prêts à se faire vacciner alors que 69% des femmes s’y refusent), le milieu social (62% des cadres se vaccineraient alors que 73% des ouvriers s’y refusent) ou encore la catégorie d’agglomération (49% des habitants de l’agglomération parisienne se vaccineraient alors que 62% des habitants des communes de moins de 20 000 habitants s’y refuseraient) sont aussi des variables déterminantes sur la vaccination.

Politiquement aussi, les clivages sont forts : 56% des électeurs d’Emmanuel Macron se vaccineraient alors que 68% des électeurs de Marine Le Pen et 60% de ceux de Jean-Luc Mélenchon s’y refuseraient.

 

 

5) Pourquoi ce refus ? Parce que pour 60% des Français « ne pas se vacciner est une décision raisonnable face à une nouvelle maladie et un nouveau vaccin », et parce qu’ils voient cette décision comme un choix éminemment individuel et personnel plutôt que collectif

 

Pourquoi un tel rejet de la vaccination ?

Comment les pouvoirs publics peuvent-ils convaincre voire déconstruire les arguments incitant tant de nos concitoyens à ne pas se faire vacciner ? C’est ce que nous avons souhaité comprendre et savoir à travers une batterie de jugements à propos de cette idée de ne pas se faire vacciner.

Alors que l’on sait que le principe de la vaccination relève éminemment du collectif et que pour éradiquer une maladie il faudrait que même ceux qui ont peu de risques face à celle-ci consentent à se vacciner, les Français, eux, continuent de voir la vaccination comme un choix tout à fait individuel et parfaitement facultatif. Ainsi, pour plus des trois-quarts des personnes interrogées, ne pas se faire vacciner est « une décision purement personnelle qui ne regarde que soi » (82%) et c’est « un choix respectable » (74%). Inversement, présenter aujourd’hui les réfractaires à la vaccination comme des « égoïstes » ou des « inconscients » voire des « obscurantistes » ne passerait sans doute pas dans l’opinion… en tout cas pour le moment et sans un travail préalable de pédagogie. En effet, 55% des Français réfutent l’idée que ne pas se vacciner est « égoïste car en se vaccinant on protège aussi les autres », 63% ne sont pas d’accord avec l’idée que ce serait « inconscient car c’est la seule façon de se protéger contre le virus » et 68% récusent le procès en obscurantisme (« c’est faire preuve d’ignorance, voire d’obscurantisme ») fait aux antivaccins. En fait, ce qui explique le mieux ce refus de la vaccination est que 60% des Français pensent que ce refus est finalement « une décision raisonnable face à une nouvelle maladie et un nouveau vaccin ». C’est aussi ce que Véronique Reille-Soult de Backbone Consulting observe dans son analyse des réseaux sociaux.

Convaincre les Français de l’inverse – être raisonnable, c’est se vacciner – et leur expliquer en quoi cette mécanique de la vaccination n’est pas qu’un choix individuel, seront sans nul doute les enjeux clés de la communication gouvernementale sur le vaccin dans les mois à venir.

 

 

L'analyse de Véronique Reille Soult – CEO de BACKBONE Consulting


Sur Internet, les doutes des Français face au vaccin ne diminuent pas, comme si les interventions des experts et des autorités ne faisaient que renforcer la méfiance

Synthèse de la résonance sur les réseaux sociaux
 

• Sur les réseaux sociaux, plus que de défiance on peut parler de méfiance face au vaccin contre le Covid-19.

Une méfiance très largement partagée en ligne avec comme principale explication le manque de recul. Les internautes se demandent notamment comment un vaccin a pu être découvert en aussi peu de temps et surtout comment peut on être certain de maîtriser ses effets secondaires. La question des effets secondaires est récurrente et suscite de nombreux messages inquiets ou critiques. « L’argent ne remplace pas le temps ! Il faut au moins 1 an de recul pour être certain qu’il n’y a pas d’effets secondaires. Il faut du recul.»

• Les prises de paroles des experts sont trop diverses pour rassurer et ne génèrent pas de confiance. « Il y a tellement d’experts sur les vaccins et le Corona qu’on se demande pourquoi ils n’ont pas fait le vaccin eux-mêmes ».
Enfin, le manque de visibilité d’Alain Fischer, qui préside le Conseil d'orientation de la stratégie vaccinale, ne rassure pas non plus. « ALERTE DISPARITION. On n'a plus de nouvelles de Mr Alain Fischer, le « Monsieur Vaccin » du gouvernement si vous le voyez prévenez-le que cela à commencé » « Aurait-il été trop transparent et honnête ? »

 

• Pour être rassurés et passer de la méfiance à la confiance, les Français réclament des informations et de la transparence alors que le vaccin les préoccupe et constitue un de leurs principaux sujets de discussion. Un autre point qui a soulevé des réactions critiques est la proposition de passeports verts qui seraient attribués aux personnes vaccinées : « Un passeport vert pour aller à l’étranger OK mais pour me rendre à la boulangerie ce sera sans moi ! » « un passeport pour prendre les transports… mais à part ca le vaccin ne sera pas obligatoire ! »

 

Téléchargez le sondage complet, cliquez sur l'image

 

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