Étude IFOP pour Diogène France réalisée en ligne du 9 au 12 avril 2021 auprès d’un échantillon de 1010 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus résidant en France métropolitaine.

Les Français et le poop shaming à l’heure du COVID-19

Par Rédaction -  Théragora

Théragora - www.theragora.fr - Théragora le 3 mai 2021 N° 45 - Page 0 - crédits iconographique Phovoir

 

 

La crise sanitaire et les mesures restrictives qui l’accompagnent – fermeture des cafés notamment – rendent difficile l’accès des Français aux trop peu nombreuses toilettes dans l’espace public.  Une difficulté qui s’ajoute au phénomène très courant de gêne à l’idée d’aller déféquer rencontré par nombre de nos concitoyens. Ce que les anglo-saxons nomment « poop shaming » touche particulièrement les dames, l’image de pureté et de propreté ancrée par les codes sociétaux ne faisant pas bon ménage avec la production, pourtant on ne peut naturelle et vitale, d’excréments.

À l’heure du COVID-19, l’IFOP a mené l’enquête pour Diogène France, société de nettoyage spécialisée dans les logements insalubres, sur l’état des lieux des WC publics dans notre pays et les tabous liés à ce que l’on nomme couramment et pudiquement « la grosse commission ».

 

Un accès difficile aux WC publics depuis la crise sanitaire

  • Avec la fermeture des cafés depuis le début de la crise sanitaire, l’accès aux toilettes est devenu de plus en plus difficile dans l’espace public. 45% des Français interrogés disent avoir rencontré ce problème depuis le premier confinement, une proportion qui concerne plus de la moitié des femmes (51%). D’une manière générale, 2 Français sur 3 jugent compliqué l’accès aux WC publics dans leur ville.

 

Des WC publics trop peu nombreux et sales

  • Plus de 3 Français sur 4 déplorent le manque de toilettes publiques. Et lorsqu’elles existent, ils leur reprochent d’être sales – constat partagé par 63% des femmes et 56% des hommes -, nauséabondes et peu sûres. En revanche, l’attente pour accéder à ces lieux ne gêne qu’un quart des femmes et moins d’1 homme sur 5.

 

  

 

  • Face à des WC publics qui ne leur inspirent pas confiance, les Français mettent en œuvre différentes stratégies pour ne pas poser leurs fesses directement sur la lunette. Les femmes optent majoritairement (62%) pour une position d’équilibre tandis que les hommes privilégient pour près de la moitié d’entre eux l’installation d’une couche de papier toilette sur la lunette. Seuls 1 homme sur 4 et un peu plus d’1 femme sur 10 (12%) s’assoient directement.

 

 

 

Le « poop shaming », une gêne au féminin

  • Plus de 3 Françaises sur 4 (76%) disent avoir déjà ressenti un sentiment de gêne – que les anglo-saxons nomment « poop shaming » - en devant déféquer dans des circonstances particulières, notamment dans des lieux publics.
  • Les toilettes publiques (61%), le lieu de travail (60%) et chez des amis (57%) sont les endroits où ce sentiment est le plus présent.
  • Les hommes sont également concernés, mais dans des proportions bien moindres. Les endroits qui les mettent mal à l’aise sont les mêmes que les femmes : les WC publics (47%), le lieu de travail (44%) et chez des amis (44%).
  •  

 

Le bruit et l’odeur principaux facteurs d’embarras

  • Le bruit et l’odeur liés à la défécation sont cités en premier lieu comme facteurs de gêne lors de l’usage des WC. Sentiment partagé de manière sensiblement égale : les odeurs sont citées par 91% des femmes et 88% des hommes, le bruit par 89% des femmes et 85% des hommes ;
  • Le risque que la saleté des toilettes leur soit attribuée après leur passage pose un problème à 4 hommes sur 5 (80%) et à 3 femmes sur 4 (74%).
  • Que l’on puisse les imaginer aller à la selle contrarie tout particulièrement les plus jeunes : les ¾ des moins de 25 ans, sexes confondus, l’expriment.
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Les femmes ne se retiennent le plus

  • Plus des 2/3 des Françaises interrogées (69%) disent se retenir d’aller à la selle en différentes circonstances contre un peu moins de la moitié des hommes (48%).
  • Il est ainsi impossible pour 56% des femmes et 30% des hommes de faire la grosse commission chez un nouveau partenaire sexuel quand il se situe à proximité. 42% des Français redoutent également ce moment chez des amis et sur leur lieu de travail.

 

 

Des troubles digestifs et intestinaux très courants

  • Au cours de leur vie, 86% des femmes et 72% des hommes disent avoir déjà souffert de troubles intestinaux.
  • Constipation, troubles de la digestion et crises régulières de diarrhées sont les plus cités.
  • Près de 2 femmes sur 3 (60%) âgées entre 40 et 49 ans disent en souffrir actuellement.

 

Pas de caca la première fois

  • La défécation n’ayant rien de très romantique, plus d’1 homme sur 3 et près d’1 femme sur 2 se retiennent lors de leur première nuit ou d’un premier week-end avec un nouveau partenaire.
  • Une prévention qui concerne 2 femmes sur 3 et 1 homme sur 2 lorsqu’ils sont âgés de moins de 40 ans.
  •  

 

Techniques de dissimulation

  • Près des 2/3 des Français ont déjà mis en œuvre une technique pour amoindrir le bruit qu’ils font en allant à la selle.
  • Les femmes sont plus nombreuses que les hommes à y avoir recours.
  • Fermer d’autres portes que celles des WC (41%), mettre du papier au fond de la cuvette (38%) et attendre que le partenaire dorme où soit loin (33%) sont les stratagèmes les plus utilisés.

 

 

 

Les toilettes, sources de dispute (et de conversation) dans le couple

  • Comme pour l’essentiel des tâches ménagères, nettoyer les toilettes est assuré à la maison par près de 3 femmes sur 4.
  • Les hommes sont-ils moins soucieux de l’état dans lequel ils laissent les WC après leur passage ?  C’est en tous les cas à eux que s’adressent le plus souvent les reproches en la matière. Plus de 2 hommes sur 3 (69%) se sont déjà fait réprimander pour diverses raisons, la première d’entre elles étant sans surprise l’oubli d’abaisser la lunette des toilettes (49%) suivie par l’absence de désodorisation des lieux (39%) à égalité avec le non-remplacement du papier toilette.
  • Si elle reste un sujet tabou, la défécation n’est pas pour autant rayée des conversations dans le couple. Plus de la moitié des Français ont déjà évoqué avec leur partenaire leur passage aux toilettes ou des problèmes de selle.
  • Particulièrement gênées à l’idée qu’on les imagine déféquer, les jeunes femmes sont étonnamment plus à l’aise lorsqu’il s’agit de partager leurs flatulences : 66% des Françaises de moins de 30 ans disent avoir déjà intentionnellement lâché un vent devant leur partenaire !

 

 

 

Le point de vue de François Kraus, directeur du pôle Genre, Sexualité et Santé Sexuelle à l’Ifop :

 

Le déficit actuel de l’offre sanitaire constitue non seulement un enjeu de santé publique qui devrait s’aggraver avec le vieillissement de la population, mais aussi un problème qui met plus largement en évidence les inégalités de genre affectant la santé des femmes jusqu’au plus profond de leur intimité. En effet, les résultats de cette enquête montrent que l’anxiété liée à l’usage des WC n’est pas un sujet futile pouvant prêter à sourire, mais bien un phénomène socio-psychologique dont l’ampleur et les conséquences sur la santé intestinale peuvent être considérables pour la population en général et pour la gent féminine en particulier. Mettant en lumière l’impact que les stéréotypes de genre et les normes de féminité – culturellement associées à la pureté et la propreté – peuvent avoir sur le rapport au corps, les résultats de cette étude soulèvent donc la question du « système de deux poids deux mesures en vertu duquel les femmes sont jugées plus négativement pour avoir révélé [qu’]elles défèquent, elles aussi, »[1]. En cela, ils posent le problème des modèles de bienséance auxquels les femmes doivent se conformer dans une société où elles sont socialisées pour considérer l’excrétion non comme une activité naturelle, mais comme une source de dégoût incompatible avec la notion de féminité. À l’heure où la nouvelle vague féministe porte le combat de la réappropriation du corps des femmes par elles-mêmes, le rapport au caca apparaît donc comme un marqueur de distinction entre les sexes qui légitime lui aussi une critique de la pression à la perfection et la « pureté » qui pèse sur les femmes.

François Kraus, directeur du pôle Genre, Sexualité et Santé Sexuelle à l’Ifop 

 



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Investigation réalisée et certifiée par la rédaction FLASHS

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