Coalition PLUS et de AIDES constatent l'échec de la communauté internationale à faire baisser la mortalité du sida

ONUSIDA/VIH, Vivre sa vie positivement, mais avec un fort risque de mortalité

- Théragora le 22 novembre 2018/FL N° 15 - Page 0

 

Alors que l’ONUSIDA lance ce jeudi à Abidjan sa campagne mondiale « Vivre sa vie positivement » [1] appuyée par un nouveau rapport « Savoir, c’est pouvoir », nous, militants de Coalition PLUS et de AIDES, alertons sur l’échec patent de la communauté internationale à faire baisser la mortalité du sida. Nous rappelons que vivre avec le VIH amène encore trop souvent à la mort et qu’il est inacceptable de délaisser les personnes atteintes de maladies opportunistes liées au sida. 

 

 

 

 

Dans le monde, les décès liés au VIH [2] n’ont baissé que de 60 000 de 2016 à 2017, alors qu’il faudrait les réduire de 150 000 chaque année pour respecter les objectifs de l’ONU en matière de réduction de la mortalité de l’épidémie [3]. A ce rythme d’escargot, en 2020, la mortalité n’aura baissé que de 25%, bien loin de la baisse drastique de 50% promise par les Etats Membres de l’ONU en 2016. C’est un signal alarmant d’une riposte mondiale en échec médical que nous, militants de Coalition PLUS et de AIDES, dénonçons à quelques jours du 1er décembre, Journée mondiale de lutte contre le sida. 

 

Traitons les maladies opportunistes 

En cause ? La mauvaise prise en charge des maladies opportunistes que subissent les malades du sida au système immunitaire affaibli. A titre d’exemple, la méningite cryptococcique tue chaque année 181 000 malades du sida [4], alors même que des traitements efficaces existent pour soigner ce champignon qui ronge le cerveau des personnes immuno-déprimées. Mais les tests diagnostics et les traitements les plus élémentaires ne sont pas disponibles dans les zones du monde où cette maladie est la plus présente.

La tuberculose continue aussi à faire des ravages. Elle reste la cause de moralité la plus fréquente chez les personnes vivant avec le VIH (PVVIH). Bien que des médicaments efficaces existent, ils furent encore 400 000 PVVIH à mourir de la tuberculose en 2016 [5]. Il est indispensable de fournir un diagnostic et un traitement précoces de cette maladie aux PVVIH. Plus généralement, les hôpitaux doivent mettre en place l’ensemble du paquet de soins liés aux maladies opportunistes que recommande l’Organisation mondiale de la Santé [6]. 

 

Refusons le choix de Sophie

En raison de la raréfaction des ressources financières, les stratégies mises en œuvre dans les pays en développement tendent à réduire la prise en charge des maladies opportunistes chez les personnes avancées dans l’infection à VIH, afin de concentrer les moyens sur la mise sous traitement antirétroviral des personnes récemment infectées. Or, dans ces pays, plus de 30% des personnes infectées au VIH [7] arrivant dans les centres de santé sont déjà à un stade avancé et présentent alors un risque élevé d’infections opportunistes et de décès. 

« Il n’y a pas à choisir entre traiter le VIH des patients précoces et traiter les maladies opportunistes des patients avancés. C’est un ‘choix de Sophie’ que nous refusons catégoriquement. Quelque soit l’avancée du VIH, toute personne infectée doit être soignée avec dignité en ayant accès aux traitements nécessaires. Ce n’est qu’en reprenant les soins des maladies opportunistes qu’on réussira à réduire de moitié le nombre de décès liés au VIH d’ici à 2020 », résume le Professeur Hakima Himmich, présidente de Coalition PLUS, ;réseau international d’associations de lutte contre le sida intervenant dans 40 pays.

 

« Pour faire chuter la mortalité du sida, il n’y a pas de mystère : il faut davantage de financements. Nous appelons le président Emmanuel Macron, qui en 2019 présidera le G7 et aura la charge de reconstituer le Fonds mondial contre les grandes pandémies, à mobiliser dès maintenant ses homologues du G7 afin qu’ils augmentent leur contribution financière au Fonds mondial », interpelle Aurélien Beaucamp, président de AIDES et administrateur de Coalition PLUS.

 

 

 

 En savoir plus sur le Fond mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme

• Le Fonds mondial est un partenariat entre les autorités publiques, la société civile, le secteur privé et les personnes touchées par les maladies, créé en 2002 pour accélérer la fin des épidémies de VIH/sida, de tuberculose et de paludisme. Il mutualise les contributions financières des États et permet d’assurer une lutte efficace contre les trois grandes pandémies en co-finançant l’accès aux soins, les outils de prévention et les actions de la société civile. La France est le 2èmecontributeur historique du Fonds mondial.

• France accueillera pour la première fois la conférence de reconstitution des ressources du Fonds mondial le 10 octobre 2019 à Lyon : les donateurs annonceront la contribution qu’ils apporteront au Fonds pour la période 2020-2022.

• En 2015, les Etats membres des Nations Unies se sont engagés à mettre fin aux trois pandémies d’ici 2030 (objectif de développement durable n°3).

 

AIDESCréée en 1984 et membre de Coalition PLUS, AIDES est la première association de lutte contre le sida et les hépatites en France et en Europe. Reconnue d'utilité publique et labellisée "don en confiance", AIDES agit depuis 30 ans avec et auprès des populations les plus vulnérables au VIH/sida et aux hépatites pour réduire les nouvelles contaminations et accompagner les personnes touchées vers le soin et dans la défense de leurs droits. L'association joue un rôle majeur dans l'amélioration de la prise en compte des malades dans le système de santé en France, l'évolution des droits des personnes vulnérables et la lutte contre les discriminations. Ses principes : respect, indépendance, confidentialité et non-jugement.
Coalition PLUS. Créée en 2008, Coalition PLUS est un réseau international d’associations de lutte contre le VIH et les hépatites engagé dans l’atteinte des objectifs fixés par l’ONU. En impliquant pleinement les communautés les plus vulnérables au VIH/sida et aux hépatites, Coalition PLUS intervient dans 40 pays et auprès d’une centaine d’organisations. Ses valeurs : respect de la diversité et du non-jugement, solidarité, innovation. 

 

 


Sources et références :

[1] https://knowyourstatus.unaids.org/

[2] Selon l’ONUSIDA, 1 million de décès liés au VIH était comptabilisé en 2016 et 940 000 en 2017 : http://www.unaids.org/fr/resources/fact-sheet

[3] En 2016, dans le cadre de la Réunion de haut niveau sur le VIH/Sida, les Etats membres de l’ONU se sont engagés à réduire de moitié le nombre de décès liés au VIH d’ici à 2020. Ce qui requière une baisse de 150 000 décès liés au VIH par an : http://www.unaids.org/sites/default/files/media_asset/unaids-data-2018_en.pdf, p. 4. 

[4] Rajasingham R, Smith RM, Park BJ, et al. Global burden of disease of HIV-associated cryptococcal meningitis: an updated analysis. Lancet Infect Dis. Mai 2017 : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5818156/.

[5] Données de l’OMS : http://www.who.int/features/qa/71/en/.

[6] Les recommandations de l’OMS pour soigner le VIH à un stade avancé : http://apps.who.int/iris/bitstream/handle/10665/255884/9789241550062- eng.pdf;jsessionid=4EB537CF2E352DF9BC4E2B6CE871205A?sequence=1.

[7] Carmona S, Bor J, Nattey C, et al. Persistent high burden of advanced HIV disease among patients seeking care in South Africa's National HIV Program: data from a nationwide laboratory cohort. Clin Infect Dis. Mars 2018 : https://doi.org/10.1093/cid/ciy045.


 

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