Les élections européennes ont marqué la fracture entre les régions et les nations ; les majorités vont fluctuer au fil des temps et au gré des dossiers. Ce qui ne manque d’inquiéter. Comment surmonter les querelles intestines et les égoïsmes nationaux ? Dans ce contexte, il est bien évident que l’Europe de la santé, qui a déjà bien eu du mal à poser ses fondations, sera encore difficile à construire.
Le scrutin européen a été un soulagement pour beaucoup. Les électeurs ont voté, les populistes malgré un progrès ne l'ont pas emporté et les européens dans leur ensemble ont marqué leur volonté de continuer à avancer. Dont acte. Mais pourquoi faire et dans quelle direction. Les britanniques une fois partis, et c’est aujourd’hui irréversible après la démission de Theresa May, ils seront vingt sept à pouvoir décider de leur avenir. Et l’Europe ne peut se limiter à une simple union politique. Même si elle est essentielle face au défi de la mondialisation.
Mais l’Union doit être aussi au service de ses 500 millions d’habitants et à l'écoute de leurs préoccupations et de leurs difficultés. Il n’y a pas que la politique agricole commune ou les dossiers industriels aussi importants soient-ils qui doivent être l'objet de toutes leurs attentions ; les politiques de santé ne doivent plus se contenter de saupoudrages, et de belles promesses.
L’égoïsme des états dans ce domaine, comme dans d’autres, reste un frein inacceptable eu progrès. La santé publique relève toujours et par principe de la compétence interne des Etats membres et les gouvernements restent libres d'organiser et de fournir leurs services de soins comme ils le souhaitent. Certes, l'action de l'Union européenne peut compléter ces politiques nationales, comme l’information, l'éducation, la prévention des maladies ou la lutte contre les grands fléaux, ou la surveillance, l'alerte et la lutte contre les menaces sanitaires transfrontalières. Mais la coopération reste encore aléatoire. Le récent débat organisé à l’Académie de médecine par l’association Nile en présence de responsables politiques de diverses formations se présentant aux suffrages des électeurs, a confirmé, tout en le regrettant, cette tendance. Les politiques nationales de santé l’emportent sur les directives européennes en raison souvent de considérations politiques et par souci de préserver les intérêts de professionnels de santé ou pour rassurer des patients parfois inquiets des prérogatives européennes.
De même la démographie médicale. La libre circulation des personnes permet parfois de compenser le manque de praticiens, par des professionnels venus de divers horizons européens, ce dont on doit se féliciter. Tout en restant très strict sur les accords de formations entre les divers pays, tout en regrettant que les modalités de formations et de sélections restent très différentes d’un pays à l’autre et notamment entre les pays d'Europe occidentale et ceux d’Europe orientale.
Certes on ne saurait oublier que le programme santé 2014-2020 de l’Europe, avec un budget de 450 millions, se donne notamment pour objectifs d’améliorer l'accès à des soins sûrs et de qualité au delà des frontières nationales et de garantir la sécurité des patients. On ne saurait oublier non plus que l’agence européenne du médicament mise en place en 1995 et qui va transférer son siège de Londres à Amsterdam, est un progrès indéniable pour la sécurité du médicament et la libre circulation des spécialités innovantes dans les pays de l’Union.
Mais en dépit de ces progrès, on est loin d’une « union de la santé ». On continuera à regretter que les politiques de protection sociale restent strictement du domaine des nations, ce qui ne manque de freiner toute coopération efficace entre les états. Il faut franchir une nouvelle étape