On parle de violences dans un couple dès lors qu'il existe un processus inscrit dans le temps au cours duquel, dans le cadre d'une relation de couple actuelle ou passée, un partenaire adopte à l'encontre de l'autre des comportements agressifs, violents et destructeurs. Ces violences ont des conséquences néfastes (blessures physiques, traumatismes) et peuvent aller jusqu'au décès. En France, en moyenne, une femme décède tous les 3 jours victime de son (ex)-conjoint et 29 hommes sont décédés victimes de leur (ex)-conjoint(e) en 2016. Les enfants sont également touchés soit en tant que témoin, soit en tant que victime directe : en 2016, 25 enfants ont été victimes d'homicides (1).
Forts de leur mission d'accueil, de logement, d'accompagnement et d'insertion sociale des personnes ou familles qui connaissent de graves difficultés (économiques, familiales, de logement, de santéÂ?), les centres d'hébergement et de réinsertion sociale (CHRS) ont un rôle important à jouer dans le repérage de ces violences et dans l'accompagnement des victimes. C'est à destination des professionnels de ces structures que la HAS publie aujourd'hui des recommandations. Elle y insiste sur la nécessaire coordination des acteurs de terrain pour proposer un accompagnement adapté aux victimes.
La HAS préconise en premier lieu d'inscrire le CHRS au sein d'un réseau d'acteurs sensibilisés et mobilisés dans la prévention et la lutte contre les violences au sein du couple, de renforcer et soutenir les compétences des professionnels qui y travaillent, et de mettre en place au sein de l'établissement des conditions favorables pour aider les victimes à révéler les violences subies.
En outre, compte tenu des situations difficiles auxquelles les professionnels sont confrontés dans leur quotidien, il est nécessaire qu'ils soient eux-mêmes accompagnés et soutenus. Cela peut se faire grâce à des outils tels que l'analyse de la pratique et la supervision.
Les besoins des personnes victimes de violences au sein du couple sont multiples. Les professionnels des CHRS sont ainsi amenés à informer, conseiller et soutenir les personnes dans une diversité de domaines : mise en sécurité, élaboration de stratégies de protection, enclenchement et suivi de la procédure judiciaire, restauration de la santé physique et mentale, retour ou accès au logement, retour ou accès à l'emploiÂ?
De la même manière, les enfants des couples au sein desquels il y a des actes violents sont souvent impactés. Les conséquences sont délétères, qu'iIs soient des victimes directes ou indirectes. Les besoins de l'enfant sont alors nombreux et les réponses apportées spécifiques : accueil bienveillant, programmation d'une visite médicale, repérage des conséquences des violences, des difficultés et des ressources de l'enfant, soutien à la fonction parentale
Et pour les auteurs : tout faire pour prévenir leurs actes de violence et éviter les récidives
Les profils des auteurs de violences sont variés et les risques de récidives diffèrent d'une personne à l'autre. Si les mesures judiciaires visent à prévenir la réitération des violences à l'encontre de la victime, il est aussi recommandé aux CHRS de travailler en lien avec les ressources présentes sur le territoire : judiciaires, associatives, institutionnelles spécialisées, etc.
Dans le même temps, il est recommandé aux professionnels de construire un projet d'accompagnement global, coordonné et proportionné aux besoins des auteurs de violence. Il s'agit de les accompagner dans la compréhension de la procédure judiciaire les concernant ainsi que dans la prise de conscience de leurs actes pour, à terme, les aider à changer leur comportement.
(1) Etude nationale sur les morts violentes au sein du couple 2016, Ministère de l'Intérieur
(2) DRESS, enquête ES 2012