Coalition PLUS et ses associations membres lancent l’Appel à la démédicalisation

Pour un monde sans sida : démédicalisons

- Théragora le 29 mars 2018 N° 07 - Page 0


 A l’occasion de la 9ème Conférence internationale francophone VIH/hépatites (AFRAVIH) qui réunit chercheurs, médecins et acteurs associatifs du monde francophone du 4 au 7 avril 2018 à Bordeaux, Coalition PLUS lance la campagne Pour un monde sans sida : démédicalisons !


 
Démédicaliser pour éliminer l’épidémie de VIH/sida, cela peut sembler paradoxal. Pourtant, c’est une stratégie que recommande l’Organisation Mondiale de la Santé [1] pour rendre le dépistage et les traitements plus accessibles, et ainsi rompre la chaîne des nouvelles infections. En 2016, 30% des 36,7 millions de personnes vivant avec le VIH dans le monde ignoraient leur statut sérologique et 43% des personnes séropositives diagnostiquées n’avaient toujours pas accès à un traitement antirétroviral [2]. Or, nous savons qu’avec un traitement efficace, une personne infectée ne transmet plus le virus et peut rester en bonne santé.


Sur le terrain, la démédicalisation consiste à autoriser du personnel non médical, mais rigoureusement formé, à effectuer certains actes biomédicaux simples, tels que le dépistage rapide du VIH, l’administration du traitement post-exposition ou encore la dispensation du traitement anti-VIH aux patients diagnostiqués les plus stables. C’est aussi élargir aux infirmiers-ères le droit de prescrire ou renouveler des traitements et permettre à du personnel associatif de les distribuer.
 

Passer à l'action

La démédicalisation a largement fait ses preuves d’efficacité, mais elle n’est pourtant pas mise en œuvre de manière systématique dans tous les pays alors que le sida continue de tuer un million de personne chaque année. Il est urgent que cela change [3].


En Afrique du Nord, de l’Ouest et du Centre, où moins de 60% des personnes infectées connaissent leur séropositivité [4], le dépistage démédicalisé n’est autorisé que dans 6 pays sur 29 [5]. Pourtant, il pourrait changer la donne comme le prouve le projet pilote mené dans 4 villes marocaines par l’Association de lutte contre le sida (ALCS), membre de Coalition PLUS : 68% des personnes dépistées dans ce cadre par des agents de santé communautaires n’avaient jamais fait le test VIH auparavant.
 
« Nous appelons les médecins de tous les pays à apporter leur soutien au principe de la délégation des actes VIH les plus simples à nos intervenants associatifs. Ce n’est qu’avec eux que les stratégies éprouvées de démédicalisation pourront se mettre en place à l’échelle mondiale et que nous pourrons faire efficacement barrage à l’épidémie », souligne la Pr. Hakima Himmich, Présidente de Coalition PLUS.
 
« Nous, les médecins, ne sommes pas assez nombreux pour faire face à l’ampleur de la tâche, explique la Dre. Bintou Dembélé, administratrice de Coalition PLUS et directrice de l’association malienne ARCAD-SIDA, membre fondateur de Coalition PLUS. C’est pourquoi nous devons d’urgence mobiliser les communautaires, en particulier pour servir les populations marginalisées et couvrir les besoins dans les territoires actuellement délaissés. »

 


Pari gagnant

La démédicalisation présente un double avantage. D’une part, pallier la pénurie de médecins et le manque de structures sanitaires dont souffrent nombre de pays, en particulier en Afrique subsaharienne [6]. D’autre part, atteindre les populations les plus exposées au risque d’infection [7] qui, en raison de discriminations dont elles font l’objet et des répressions qu’elles subissent, vivent dans la clandestinité et ne se présentent pas spontanément dans les hôpitaux et dispensaires pour se faire dépister ou soigner. C’est une stratégie qui permet en outre d’optimiser les ressources financières allouées à la lutte contre le VIH/sida, alors que celles-ci viennent à manquer : faire mieux et davantage avec les moyens existants.
Avec la baisse du prix des médicaments et la mobilisation des financements domestiques et internationaux, c’est l’un des trois grands leviers à activer d’urgence pour accélérer la riposte au sida et venir à bout de l’épidémie !

 

 

SIDA : POUR EN FINIR, DÉMÉDICALISONS !
Par la Pr. H. Himmich Présidente de Coalition PLUS

La lutte contre le VIH/sida est à un tournant de son histoire. En effet, les outils scientifiques et technologiques à notre disposition nous permettent aujourd’hui d’envisager une sortie de l’épidémie dès 2030. Il a été prouvé que les traitements antirétrovirauxpermettent aux personnes vivant avec le VIH non seulement de rester en bonne santé, mais également de rendre leur charge virale indétectable. Ce qui élimine pratiquement tout risque de transmission du virus et brise la chaine des nouvelles infections.

Pourtant, malgré les efforts consentis ces trente dernières années qui ont abouti à la mise sous traitement de 20,9 millions de personnes, l’épidémie reste une urgence sanitaire mondiale bien réelle. Et certaines régions du globe, l’Afrique francophone notamment, marquent un retard alarmant dans la riposte à ce fléaux, alors que le sida suscite inexplicablement
moins d’intérêt et peine à mobiliser les financements internationaux et domestiques nécessaires à son éradication.

Les chiffres parlent d’eux mêmes. Près de la moitié des personnes infectées dans le monde n’ont toujours pas accès à un traitement. Près de 2 millions de nouvelles infections sont recensées chaque année.

L’épidémie fait encore des ravages dans les communautés les plus fortement exposées au virus, en particulier chez les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, les travailleurs-ses du sexe ou encore les usagers-ères de drogues injectables, alimentée par la violation des droits fondamentaux de ces personnes.

Pour en finir avec l’épidémie, il est urgent de faciliter l’accès au dépistage et au traitement universel, en particulier dans les territoires les plus reculés et en direction des populations les plus touchées.

Dans cette optique, la démédicalisation constitue la stratégie gagnante, au sens où elle permet d’impliquer efficacement les agents communautaires et les infirmiers-ières dans les services de prévention et de prise en charge, en parfaite complémentarité avec les réseaux de santé officiels classiques et leurs acteurs.

La clé de la réussite repose en effet sur notre capacité à agir ensemble, nous acteurs et actrices de la lutte contre le sida, dans toute notre diversité. Il est temps de reconnaître le savoir-faire communautaire et de le placer au coeur de la riposte mondiale contre le VIH, volonté première de Coalition PLUS qui a été créée il y a dix ans sur l’idée partagée par ses associations membres que la lutte contre l’épidémie ne peut être menée qu’avec et par les personnes infectées, affectées ou particulièrement vulnérables au virus.

À l’occasion de la 9ème édition de Conférence internationale francophone VIH/Hépatites (AFRAVIH), nous demandons au monde scientifique et politique de soutenir notre appel à la délégation et au partage des tâches de prévention et de prise en charge.
 

 

(1) OMS, « Stratégies mondiales de santé contre le VIH 2016-2020 », p. 41 : http://apps.who.int/iris/bitstream/10665/250576/1/WHO-HIV-2016.05-fre.pdf?ua=1
(2) Synthèse du rapport ONUSIDA, « En finir avec le sida », juillet 2017, p.5 http://www.unaids.org/sites/default/files/media_asset/20170720_Data_book_2017_en.pdf
(3) Données ONUSIDA novembre 2017, http://www.unaids.org/fr/resources/documents/2017/UNAIDS_FactSheet
(4) Synthèse du rapport ONUSIDA, « En finir avec le sida », juillet 2017, p.12 http://www.unaids.org/sites/default/files/media_asset/20170720_Data_book_2017_en.pdf
(5) Il s’agit de la Tunisie, du Ghana, du Nigéria, de la Centrafrique, du Burkina Faso, de la République démocratique du Congo et de la Guinée-Bissau. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5216526/figure/Fig2/
(6) Selon l’OMS, l’Afrique subsaharienne concentre 69% des personnes vivant avec le VIH dans le monde mais ne dispose que de 3% du personnel de santé mondial.
(7) Les populations les plus exposées au risque d’infection à VIH  sont les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes, les travailleuses du sexe, les personnes transgenre et les usagers-ères de drogues. En 2015, 44% des nouvelles infections dans le monde sont survenues parmi ces populations dites « clés » dans la dynamique de l’épidémie.
Donnée OMS : http://www.who.int/mediacentre/factsheets/fs360/fr/

 

Pus d'ifos sur
www.demedicalisons.org/
Pour en savoir plus  téléchargez le dossier de presse du 29 mars 2018 format PDF


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