Santé durable, Du concept à la pratique en entreprise

- Année 2008 - Visite Actuelle N° 141 - Page 0

Dans de nombreux secteurs d’activité, le paysage du travail s’est peu à peu assombri de nouveaux risques, dits “psychosociaux”, comme le stress, le harcèlement ou la violence, dont les aspects particulièrement négatifs pour la santé et la qualité de vie ne sont plus à démontrer. Au point que réglementation et pratiques de prévention commencent à prendre en compte ce constat. C’est dans ce contexte que Quanta Médical, l’une des plus anciennes CROs françaises, a pour sa part mis en place un programme de “santé durable” en entreprise, reposant sur la prévention et le bien-être au travail, à partir d’une méthodologie d’étude et de recueil de l’information issue de la recherche clinique pharmaceutique.

 

Le management de la santé et de la sécurité au travail devient une préoccupation croissante pour les entreprises. Face à la complexité et à l’évolution permanente des conditions de travail, à la modification ou l’apparition de nouveaux types de risques, elles en sont parfois venues à éprouver la nécessité de mettre en place une organisation interne destinée à gérer efficacement la protection des personnes. À titre d’exemple, il y a 2 ans, la direction, le CHSCT (Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail) et le personnel concerné, celui d’un service au sein d’une association à vocation sociale, ont ainsi accepté l’idée d’un diagnostic ergonomique. Et ce travail d’analyse de l’activité a permis, dans un premier temps, d’échanger sur les conditions effectives d’exécution du travail, puis de proposer une organisation différente, en fait bien perçue des collaborateurs parce qu’en liaison avec l’observation de l’activité réelle.

Le constat de cette évolution vécue par le monde du travail a même trouvé un écho dans les avancées de la réglementation et des pratiques de prévention. Un décret, datant de novembre 2001, oblige ainsi les responsables d’établissement à établir un “document unique” d’évaluation des risques.

 

Du “patch” à une “volonté de direction”

Mais il ne s’agit encore que d’approches “partielles” menées par certains secteurs au sein d’une entreprise (médecine du travail, CHSCT…) et non une méthode globale. « C’est en quelque sorte ce que nous appelons un ‘‘patch’’, souligne le Dr Philippe Haran, Directeur général délégué de Quanta Médical, posé pour répondre à un besoin, un moment donnée, compte tenu des règlements, d’une pression médiatique, voire de contre pouvoirs internes à l’entreprise, mais pas une véritable ‘‘prise en compte’’. Transposé au monde de la médecine, cela consisterait à vouloir considérer la santé de la totalité de l’organisme avec un seul appareil ! Que ce soit les ressources humaines, la médecine du travail, chacun s’est approprié une partie de ce domaine, mais aujourd’hui il y a nécessité d’apporter du sens à un ensemble d’éléments qui sont en fait complémentaires. La plupart des entreprises se contentent d’inventorier à travers des enquêtes, dans des domaines comme la communication ou l’ergonomie. On va mettre en place des cellules d’écoute psychologique chez Renault ou chez Peugeot après des suicides de salariés. Cela peut intervenir au moment de remplir, comme l’exige la législation, le Document Unique sur les risques pouvant exister au sein de la structure. On va demander une étude sur le stress des personnes appelées à répondre au public et se sentent agressées, après mise en place de cellules de crise suite à des affaires médiatisées comme celle que la Société Générale a pu connaître dernièrement. Mais si l’on ne considère qu’un élément patch pour ne traiter que quelques individus, on ne traite pas un problème éventuellement plus large. En ce sens, la démarche, que nous appelons de ‘‘santé durable’’, doit devenir une volonté de direction, laquelle a besoin d’une réelle démarche qui synthétise l’ensemble de ses obligations légales ou sociales, voire la santé même de ses collaborateurs, jusqu’à la pérennité de l’entreprise. C’est du même niveau que l’environnement durable il y a 10 ans ; personne n’en parlait, cela apparaissait somme un “concept”, alors qu’aujourd’hui tout le monde l’a complètement intégré dans des démarches. Sachant qu’une partie de l’environnement durable contient justement la santé des travailleurs, dans un environnement non seulement de travail, mais également social ».

 

Légitimé par l’expérience CRO

En tout état de cause, une telle démarche apparaît à la fois très ambitieuse et… très éloignée des objectifs d’une CRO (voir encadré). Quoique ! « C’est notre expérience CRO, précise néanmoins Philippe Haran, qui légitime ce positionnement. Nous sommes 2 médecins à diriger Quanta Médical selon une méthodologie, venue du médicament, qui repose sur 3 piliers, et ce dans un univers qualité : une bonne réflexion dans le cadre d’un projet de santé -nous pouvons apporter des idées de conception-, la coordination de projets que nous pouvons inventer s’ils n’existent pas, sachant enfin que nous sommes SSII de santé -nous avons depuis nos débuts un département santé. Or, cette méthodologie apparaît désormais applicable au monde industriel, pour la santé de l’entreprise et des collaborateurs dans l’entreprise. Le fait de venir du monde de la santé nous donne de la crédibilité, de la légitimité. Car notre métier de base est la santé. Sous toutes ses formes -nous travaillons pour de grands laboratoires pharmaceutiques, des groupes agro-alimentaires, des organismes publics (Baromètre santé de l’INPES), sur des recherches bibliographiques spécifiques dans le domaine médical, à partir de notre savoir faire informatique, notamment pour l’hôpital de Rouen, ou des études ‘‘addictologie’’-, et c’est justement la connaissance de toutes ces composantes qui nous a incités à proposer un peu plus largement notre démarche à des groupes industriels -miniers, énergétiques ou métallurgiques- déjà soucieux d’environnement durable. Car si l’on remplace l’environnement par la santé, on est dans ce qu’il faut bien appeler la santé durable. À l’évidence, nous ne pouvons pas tout faire, au vu de la taille de notre structure, mais nous avons la possibilité de travailler avec des spécialistes en organisation, en ergonomie…

L’important étant de poser le bon diagnostic et surtout d’avoir la volonté émanant ‘‘du haut de la hiérarchie’’. Dès lors qu’il s’agit de prévention et de bien-être d’organisation, il faut de fait une vision venue d’en haut et que cela soit voulu ! »

 

Avant tout un engagement

Prévention et bien-être au travail, voilà effectivement les 2 concepts fondamentaux de la “santé durable”. La prévention étant considérée dans son sens le plus large -postures, bruit, stress, harcèlement, malaise…- allant jusqu’à prendre en compte l’organisation même du travail.

« Notre démarche, poursuit Philippe Haran, ne consiste pas à proposer une cellule d’écoute ou autre indicateur, mais à être réellement en « conseil de direction », c’est-à-dire proposer un véritable audit, du côté de l’entreprise comme du côté des salariés, en sachant qu’une entreprise peut appartenir à un environnement externe pouvant être pathologique (amiante, air pollué…), que des conditions internes d’entreprise (organisation, valeurs…) peuvent engendrer des conséquences sur l’individu -lui-même ayant éventuellement ses propres souffrances psychologiques dues à des problèmes personnels.

Ce qui fait donc 2 éléments à intégrer. Si l’on ne considère qu’un élément patch pour ne traiter qu’un individu, on peut passer à côté d’un problème éventuellement plus large. Voilà pourquoi nous estimons que demain une direction générale devra intégrer l’ensemble de ces facteurs. Beaucoup existent déjà, mais ne sont pas mis forcément en corrélation pour expliciter et donner du sens à l’ensemble. Or, notre savoir faire permet justement de donner du sens aux données, grâce notamment à un service biostatistique.

Notre rôle est d’établir des tableaux de bord comprenant tous les indicateurs du suivi de la santé d’un groupe, et pour cela de sensibiliser les salariés, de soutenir sur le long terme un programme général d’entreprise, en fait placer entreprise et salariés au cœur d’un dispositif complet, en favorisant la cohésion sociale. Mais rappelons qu’il faut avant tout un engagement de la direction vers cette démarche de prévention complète et durable. On peut dire que la « santé durable » est un engagement. Il importe encore que la démarche soit initiée de l’extérieur. Une décision apportée de l’extérieur est mieux vécue qu’une décision prise entre différents services, en « bidouillant », qui sera de toute façon dévalorisé parce que faite en interne. Les entreprises, on le sait, font parfois appel à des agences de communication pour venir dire ce que l’on sait, mais… de l’extérieur ! Le regard extérieur apporte du grain à moudre dans un processus stratégique et méthodologique. Il conforte les positions senties en interne, mais qui ne s’appuient pas forcément sur toute la réflexion et la méthodologie nécessaires. Même si ce sont ceux de l’intérieur qui savent. On ne peut faire un audit sans les consulter… »

 

Un facteur d’attractivité

Le développement d’une culture de prévention est d’ailleurs une politique déclarée de la stratégie communautaire européenne sur l’amélioration de la santé et sécurité au travail pour la période 2007-2012. Et à cet égard, les futures organisations du travail, sur lesquelles travaille le gouvernement français, s’efforcent actuellement de situer à l’avenir la médecine du travail dans une entreprise. L’Angleterre pourrait nous donner quelques leçons sur ce point.

« On s’aperçoit aujourd’hui, développe Philippe Haran, que des groupes industriels ont ‘‘le niveau médecine du travail’’ et nomment de temps en temps des coordinateurs santé -ressentant par exemple le besoin de liens entre régions, départements, usines, lorsque les structures sont éparpillées, lorsque des expatriés travaillent à l’étranger- et installent une direction médicale. Notre rôle est alors de pousser cette direction médicale- qui constitue pour nous une voie d’accès- vers la démarche santé durable. Nous l’avons déjà réalisé pour plusieurs groupes. L’an passé, nous avons par exemple voyagé dans le monde entier pour aider certains d’entre eux à mettre en place une démarche pouvant être publiée et faire ainsi valoir qu’un groupe se préoccupe des conditions dans lesquelles les collaborateurs ont travaillé, travaillent ou travailleront. Pour ce groupe, ce n’est pas simplement l’aspect prévention qui l’emporte. On connaît aujourd’hui des taux de chômage importants, mais dans l’avenir je suis persuadé que les actifs ne seront pas aussi nombreux, qu’un certain nombre de cadres seront très demandés par les grandes structures industrielles et que le concept de la santé durable représentera un facteur d’attractivité que les directions et les Ressources Humaines mettront en place pour vanter leur entreprise. Notamment dans des secteurs économiques peu appréciés dans l’esprit du grand public.

On peut déjà imaginer la mise en place d’un certain nombre de tableaux de bord, de ratios, pour constituer un ensemble, d’où émergera un indicateur –à l’instar de ceux existant actuellement pour consacrer des «plages vertes » ou des « eaux bleues »- d’entreprises ‘‘clean’’ ou d’entreprises ‘‘durables’’… »

 

 

 

Quanta Médical, une CRO certifiée

Rappelons qu’une CRO (Contract Research Organization), dont le genre devient masculin en Français (Organisme de Recherche sous Contrat), est une entreprise à laquelle l’industrie pharmaceutique (voire cosmétique) délègue la planification, la réalisation et le suivi des essais cliniques sur volontaires sains ou patients.

Créée en 1986 par le Dr Othar Zourabichvili, médecin hospitalier et actuel président, Quanta Médical est à la fois l’une des plus anciennes CROs en France et la première aujourd’hui à posséder la norme ISO 9001 version 2000, qui certifie l’ensemble de ses activités, et, depuis quelques mois, la norme ISO 27001 pour la sécurité de l’information.

On peut regrouper ses activités « de base » en 6 grands axes :

• gestion des essais thérapeutiques, phases I à IV, en France et en Europe, « au service du développement des médicaments » ;

• études post-AMM-observatoires, « dans le respect de la Charte de la visite médicale » ;

• enquêtes d’opinion à travers « Panel Santé Médical® », un panel patient spécifique d’une pathologie et de ses traitements ;

• e-CRF et produits informatiques, département informatique pour «piloter les données et les investigations » des laboratoires ;

• biométrie, saisie de données, data management et analyse statistiques ;

• conseil en entreprise, activité dans laquelle entre le programme d’entreprise « santé durable »…

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