Les pesticides polluent-ils l'air que nous respirons? En l'absence de réglementation spécifique, il est difficile de répondre à cette question car la connaissance des niveaux de contamination en pesticides dans l'air ambiant demeure partielle et hétérogène.
Pourtant, depuis plus de 10 ans, les Associations Agréées de Surveillance de la Qualité de l'Air (AASQA) collectent en différents points du territoire des données sur les concentrations en pesticides dans l’air ambiant. Malgré la grande richesse de ces données, l'exposition aux pesticides présents dans l’air ambiant des populations agricoles, riverains de zones agricoles ou de la population générale, reste difficile à estimer.
La question restant entière, les ministères en charge de l'agriculture, de l'écologie, de la santé et du travail ont donc saisi l'Agence nationale de sécurité sanitaire, alimentation, environnement travail (Anses). Celle-ci avait déjà publié en 2010 un rapport de l'Observatoire des Résidus de Pesticides dont les recommandations visaient notamment à promouvoir une surveillance nationale de la contamination de l'air par les pesticides afin d'améliorer la connaissance de l'exposition des populations aux résidus de pesticides dans l'air via la réalisation de campagnes de mesures. Elle avait également réalisé une expertise sur l'exposition des travailleurs agricoles aux pesticides, publiée en juillet 2016.
Cette fois, elle devra afin apporter son expertise scientifique à la définition de modalités de mise en œuvre d'une surveillance nationale des pesticides dans l'air ambiant en France métropolitaine et dans les départements et régions d'outre-mer (DROM). La demande des ministères de tutelle s'inscrit par ailleurs dans le contexte plus récent de l'arrêté du 10 mai 2017, établissant le plan national de réduction des émissions de polluants atmosphériques (PREPA) pour la période 2017-2021, Ce texte signé par Ségolène Royal, alors ministre de l'Environnement, de l'Energie et de la Mer et chargée des relations internationales sur le climat a été pris en application de directives européennes (directives 2004/107/CE et 2008/50/CE et directive (EU) 2016/2284) et prévoit d'évaluer et de réduire la présence des produits phytopharmaceutiques dans l'air.
Un groupe d’experts pluridisciplinaires s'est donc attelé à la tache et, s’appuyant notamment sur le retour d’expérience des AASQA :
Le terme « pesticide », tel qu’il a été pris en compte dans l’expertise, recouvre un grand nombre de substances chimiques entrant dans la composition des produits phytopharmaceutiques ainsi que de certains biocides, médicaments vétérinaires et antiparasitaires à usage humain. Certaines substances peuvent en outre ne plus être utilisées, mais être présentes dans l’environnement du fait de leur biopersistance.
A l’issue de cette expertise, l’Anses rappelle en premier lieu la pertinence et la nécessité de surveiller les pesticides dans l’air ambiant. Cette surveillance doit permettre in fine, d’évaluer l’exposition chronique de la population générale et les risques sanitaires associés. A l’avenir, ces données pourront servir à évaluer la contribution de l’exposition via l’air ambiant à l’exposition totale aux pesticides, en vue de conduire une évaluation des risques sanitaires pour l’ensemble des milieux et des voies d’exposition qui auront été évalués par ailleurs.
Ces données permettront en outre d’informer la population et de prendre des mesures adaptées visant à réduire les expositions si nécessaire. Elles seront également utilisées dans le cadre du dispositif de phytopharmacovigilance de l'Anses, qui a pour objectif de surveiller les effets indésirables des produits phytopharmaceutiques disponibles sur le marché. L’Agence recommande en complément de mettre en place des campagnes de mesures ponctuelles visant à évaluer l'exposition de populations vivant à proximité des sources d'émissions de pesticides, notamment les riverains de zones agricoles.
Les recommandations de l’Agence