Tribune libre de l’Institut de économie circulaire

Canicule, sécheresse : réutilisation des eaux usées, un potentiel sous-exploité

Par Rédaction -  Théragora

Théragora - www.theragora.fr - Année 2017 - crédits iconographique Phovoir

 

Lors d’un communiqué de presse adressé le 26 juin 2017, le ministre de la Transition écologique et solidaire, Nicolas HULOT faisait un état des lieux de la canicule à venir durant la période estivale de 2017, qui s’explique par un déficit pluviométrique établi depuis septembre 2016. Un mois après, ce ne sont pas moins de 75 départements qui ont été affectés par un arrêté préfectoral réduisant les usages de l’eau.

 

Dans certaines zones, tout prélèvement non prioritaire à la santé publique et la consommation humaine directe est interdit durant la journée et limité la nuit. Des consignes de sobriété sont aussi proposées aux citoyens, en promouvant une consommation responsable de la ressource eau. La situation du niveau des nappes phréatiques au 1er mai 2017 avait déjà interpellé les agences de surveillance, puisque les deux tiers des nappes (67%) affichaient un niveau « modérément bas à très bas », chiffre qui monte à 74% en début juillet et qui traduit un fort déficit de recharge hivernale cette année[1].

 

En plus des efforts de réduction de l’utilisation de cette ressource, il existe une source d’eau qui est sous exploitée alors même que ses volumes augmentent pendant la période estivale dans des zones en stress hydrique : les eaux usées. Les flux migratoires saisonniers qui font bondir la population des villes côtières en été, créent mécaniquement une surconsommation locale et de fait, une surproduction d’eaux grises. Or, cette ressource est encore considérée en France comme un déchet. Toutefois, de nombreux pays limitrophes en situation de stress hydrique historique, comme l’Espagne ou l’Italie, ont mis en place des stratégies de gestion de ces eaux, basées sur la « Réutilisation des Eaux Usées Traitées » (REUT), pour des usages allant de l’irrigation agricole à l’arrosage des golfs, en passant par les synergies interindustrielles ou encore le nettoyage des voiries.

 

Le développement de la réutilisation des eaux usées traitées pourrait donc être une formidable opportunité pour la France et ses territoires. Au-delà de l’urgence climatique, il s’agit d’une solution circulaire de gestion de la ressource en eau qui s’adapte à tous types de territoires et de besoins (industriels, agricoles, collectivités, golfs…). Toutefois, une adaptation, selon les usages, des normes et réglementations associées est nécessaire afin de voir émerger des projets et de ne plus faire face aux « situations aberrantes » décrites par le ministre de la Transition écologique et solidaire lors de son audition par la Commission des affaires économiques du Sénat, le 18 juillet dernier. Un plan de gestion national de l’eau doit être annoncé lors du conseil des ministres le 9 août. Le ministre devrait également intervenir à la World Water Week, qui aura lieu du 28 août au 1er septembre à Stockholm dont le thème central est « Eaux et déchets : réduire et réutiliser », et à laquelle, l’Institut National de l’économie circulaire, participera. Deux éléments qui soulignent l’importance et l’urgence d’avancer collectivement sur ce sujet.

 

Cette période est d’autant propice aux réflexions sur cette question d’importance que les institutions européennes doivent proposer des minimas de qualité dans les prochains mois. Cependant, si les futures normes qui seront proposées se révèlent être déconnectées de la réalité, il sera impossible de mettre en place de nouveaux procédés et projets de REUT. De plus, les projets existants dans d’autres pays seront à risque. C’est pourquoi, la France doit se positionner dans les débats au niveau européen pour permettre l’émergence et la pérennité des projets de réutilisation des eaux usées traitées.

 

Du fait de son rôle à jouer sur le « petit cycle de l’eau », la REUT est par nature circulaire puisqu’elle permet de minimiser notre impact sur nos ressources en eau. L’Institut National de l’économie circulaire réalise actuellement une étude sur le sujet, en collaboration avec SUEZ, pour faire un état des lieux de la diversité des pratiques possibles sur le territoire Français en identifiant les freins et leviers qui entourent ce sujet. Cette étude réunira de nombreux acteurs du territoire, des experts et des professionnels opérationnels afin de montrer toute la complexité de la réglementation et ainsi proposer une réflexion pour un cadre plus adapté.

 

1] Selon une étude du BRGM (Bureau de Recherches Géologiques et Minières) pour 2017

 

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