Karine Jacquemart, directrice de Foodwatch France, dénonce le rejet de mesures destinées à rendre l'alimentation plus saine

L'occasion manquée de la loi Agriculture et Alimentation

Par Rédaction -  Théragora

Théragora - www.theragora.fr

Dans une tribune virulente, Karine Jacquemart, directrice de Foodwatch France, dénonce le refus des parlementaires d'imposer, dans le projet de loi Agriculture et Alimentation, des mesures destinées à mieux informer les consommateurs et donc à rendre l'alimentation plus saine.

Je suis scandalisée par le rejet la semaine dernière de mesures destinées à renforcer le projet de loi Agriculture et Alimentation pour rendre notre alimentation plus saine. Au-delà du cas emblématique du glyphosate, les membres de l’Assemblée nationale ont refusé d’adopter la mesure proposée par foodwatch d’interdire la publicité qui cible les enfants pour les aliments trop gras, trop sucrés et/ou trop salés. Ils ont également rejeté l’information nutritionnelle Nutri-score systématique sur les publicités de produits alimentaires.

Le rejet de ces propositions me scandalise et il devrait scandaliser tous les consommateurs et consommatrices soucieux de leur santé.

 

Eaux troubles du marketing

Il me scandalise car ces propositions reposent sur le bon sens, elles sont simples et efficaces pour améliorer notre alimentation et diminuer son impact sur notre santé. Il me scandalise car l’une vise à protéger nos enfants et l’autre à informer en toute transparence les consommateurs. Ce sont pourtant des droits… Mais surtout, ce qui me scandalise, c’est que les arguments avancés par le Ministre de l’agriculture et certains députés est qu’il n’est pas nécessaire de mettre des contraintes dans la loi, mais simplement de « responsabiliser les entreprises » et leur faire confiance.

La réalité est que nombre de fabricants et distributeurs naviguent à leur guise dans les eaux troubles du marketing, miroir déformant qui fait passer les produits alimentaires pour plus sains qu’ils ne le sont. Quitte à mettre en danger notre santé.

Car cibler les enfants pour vendre des produits trop gras, sucrés et / ou salés n’est pas sans conséquence. Aujourd’hui, un enfant sur six est en surpoids ou obèse en France. Le coût social de la surcharge pondérale est estimé à 20 milliards d’euros. Les chiffres sont là. Il y a une urgence à agir.

 

Un milliard d’euros contre un étiquetage nutritionnel obligatoire

Aucune raison valable ne justifie le rejet de ces propositions dans la loi pour une meilleure alimentation. Il faut tout simplement y voir les manipulations des lobbies de l’industrie agroalimentaire, bien plus soucieux de protéger leurs intérêts que de protéger la santé publique.

Chez foodwatch, nous ne connaissons que trop bien leurs modes d’action. Notre enquête sur l’étiquetage nutritionnel en dit long. Avoir une information claire en un clin d’œil sur les qualités nutritionnelles des produits qu’on achète est aujourd’hui très compliqué, et ce n’est pas un hasard.

En 2011, le lobby de l’industrie agroalimentaire a dépensé 1 milliard d’euros pour empêcher l’adoption d’un étiquetage nutritionnel obligatoire au niveau européen. Depuis, la France s’est dotée du dispositif Nutri-Score, qui informe en cinq couleurs et lettres sur les qualités nutritionnelles des aliments.

 

La charte volontaire EU pledge

Face à cette initiative, un groupe de six géants (Nestlé, Coca-Cola, Pepsi-Cola, Mondelez, Unilever et Mars) a soudainement annoncé qu’ils allaient lancer leur propre logo. foodwatch a dénoncé cette stratégie de désinformation bien connue des lobbies, qui cherchent à créer de la confusion. Pire, leur logo concurrent, non validé scientifiquement, leur permettrait d’avoir moins de produits « dans le rouge ». Une vraie tentative de blanchir l’image de la malbouffe…

Le constat est particulièrement frappant : les manipulations des industriels ne cessent pour continuer leurs campagnes de publicité à destination des enfants pour vendre des produits trop gras, trop sucrés ou trop salés.

La recette est simple et, malheureusement, semble toujours marcher : il suffit de promettre qu’ils vont faire attention, et que, bien sûr, il n’y a pas besoin d’encadrement de l’Etat ou de l’Europe. Ainsi, de nombreuses marques se sont engagées dans une charte volontaire (appelée EU pledge) à ne pas cibler les enfants dans leur communication. Or foodwatch a documenté de nombreux cas de flagrant délit : Nestlé et son lapin Nesquick, Capri-Sun et Coca-Cola, Lulu l’Ourson de Mondelez

Toutes les ficelles de la communication pour vendre aux plus jeunes fleurissent : spots publicitaires, partenariats avec des influenceurs (sur Youtube par exemple), sponsoring, anniversaires, jeux vidéo avec les produits…

 

Faire changer les pratiques et les règles en vigueur

Alors que nos députées et députés avaient l’occasion d’y faire barrage, ils ont tout simplement fui leurs responsabilités sous la pression des lobbies. Ces derniers ont promis des engagements volontaires encore plus fort. Ce n’est pas suffisant, nous le savons. Pas de quoi nous rassurer…

Il va donc encore falloir monter le ton et la pression pour faire changer les choses ! C’est le rôle de foodwatch, lanceur d’alerte et contre-pouvoir citoyen, avec vous et grâce à vous. Car nous avons besoin de vous pour continuer le combat : si nous levons le voile sur les manipulations des lobbies, force est de constater qu’il y a encore beaucoup à faire. Et c’est ensemble et uniquement grâce à votre mobilisation et votre soutien, que nous parviendrons à faire changer à la fois les pratiques des industriels mais aussi les règles en vigueur.

Sans vous, nous ne pouvons rien faire, avec vous, tout est possible. Ensemble, nous sommes plus forts

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