Par Christelle Cottenceau, Responsable de mission Santé au sein du cabinet Alcimed

Pourquoi faut-il vacciner nos enfants ?

Par Rédaction -  Théragora

Théragora - www.theragora.fr - Année 2017 - Théragora Juillet 2017 N° 2 - Page 0

La défiance des français dans la vaccination monte d’année en année. Elle a atteint un niveau alarmant : selon un sondage publié par Ipsos et le LEEM le 24 octobre 2016, réalisé auprès de 1000 personnes en juin, seuls 69% des français font confiance aux vaccins et à peine plus de 1 sur 2 (52%) estiment qu’ils présentent plus de bénéfices que de risques. Ce sont les taux les plus bas depuis 2012. Enfin, la génération des 25-34 ans, celle-là même qui peut choisir de faire vacciner ses enfants ou non, est aussi la plus méfiante vis-à-vis de ces produits.


 
Pourquoi une telle défiance alors que les vaccins ont démontré leur efficacité à protéger à la fois les individus et le groupe et à faire baisser de façon considérable l’incidence des maladies infectieuses ?
Certaines maladies aux conséquences désastreuses sont en recul voire presque disparues aujourd’hui… grâce aux vaccins ! La variole a été éradiquée en 1980 suite à une campagne de vaccination mondiale conduite par l’organisation mondiale de la santé (OMS). Cette maladie faisait, au tournant du XXe siècle, 2 millions de victimes par an. L’OMS, avec le concours du GPEI[1], coordonne aujourd’hui une autre campagne de vaccination pour tenter d’éradiquer, cette fois, la poliomyélite. Le nombre de cas a réduit de plus de 99% par rapport à la situation en 1988, année du lancement du programme global. A l’époque, plus de 350 000 personnes restaient paralysées chaque année des suites de cette maladie. Est-ce justement la quasi disparition des maladies contre lesquelles on vaccine qui abaisse notre vigilance et notre perception des vaccins ?
Pourtant, être protégé dans l’enfance contre des maladies infectieuses aux conséquences sévères favorise le bon développement physique et cognitif. De plus, le retour de ces maladies est tangible. En 2015, un petit Espagnol de 6 ans est décédé de la diphtérie, c’était le premier cas recensé depuis 1987 dans ce pays.
 
Alors, pourquoi rester si méfiant devant une solution telle que la vaccination ?
Ce qui est essentiel à comprendre, c’est que la vaccination est à la fois une protection individuelle et une protection de groupe. En effet, la personne vaccinée est, à titre individuel, protégée contre une maladie. Mais le bénéfice de la vaccination va bien au-delà ! En bloquant la maladie, on empêche aussi la circulation des virus et des bactéries, protégeant le cercle familial et toute la société. En particulier les plus fragiles : les jeunes enfants et les personnes âgées. C’est ce que les épidémiologistes appellent « l’effet troupeau ».
Cette protection mutuelle ne fonctionne que si un nombre suffisant de membres du groupe est vacciné. C’est pourquoi le niveau de couverture vaccinale est une donnée si suivie. Cette protection mutuelle offre aussi la possibilité de ne pas vacciner 100% des individus tout en protégeant efficacement le groupe, car la circulation de la maladie est endiguée. Cependant, pour les personnes non vaccinées, le risque de maladie est réel en cas d’exposition.
La recrudescence de la rougeole en Europe, liée au recul de la vaccination, illustre parfaitement la criticité de cette situation : 10 décès sont enregistrés en France entre 2008 et 2011, au pic d’une épidémie qui a touché jusqu’à 15 000 personnes en 2011[2].
La non vaccination ou le report de celle-ci ne doit concerner que des cas rares, pour lesquels la vaccination serait contrindiquée pour des raisons médicales à un temps T ou de façon permanente.

Si à l’échelle de la société, les conclusions sont nettes sur le bénéfice de la vaccination, à l’échelle de l’individu, le vaccin peut, dans des cas exceptionnels, avoir des conséquences négatives. Notamment, le risque majeur actuellement correctement documenté est le choc anaphylactique – en cas d’allergie à un composant du vaccin. Si les allergies peuvent être repérées en amont, le vaccin sera choisi en conséquence ou évité.
Rappelons qu’une réaction locale de rougeur ou une légère fièvre suite à un vaccin sont normales : elles sont le signe qu’une réaction immunitaire a lieu dans le corps, et c’est le but !

Rappelons aussi que nombre de polémiques récentes ne font pas consensus au sein de la communauté scientifique et que les nombreuses études réalisées n’ont pas permis de conclure sur leur bien-fondé. Le doute sur la vaccination contre l’hépatite B est un bon exemple : il a été relayé largement que le vaccin pourrait augmenter le risque de développer la sclérose en plaques. Or, la grande majorité des études menées par la suite sur des milliers de personnes ont montré que le risque est identique chez les personnes vaccinées et non vaccinées. Mais le doute est resté dans la conscience collective. La recommandation actuelle est de vacciner dès 2 mois, la maladie devient chronique dans 50% des cas chez les enfants infectés avant 5 ans[3].
 
 

Ainsi, et contrairement à la perception actuelle au sein d’une part croissante de la population française, les risques de la non-vaccination sont bien supérieurs aux risques de vacciner. La vraie question serait plutôt de savoir comment détecter de manière fine les quelques personnes du « troupeau » pour lesquelles la vaccination pourrait comporter un danger, du fait de leur situation immunitaire, de leur état de santé global ou de leur risque allergique. Pour ces personnes, la situation serait alors à évaluer au cas par cas pour définir si le risque du vaccin surpasse celui de la maladie et prendre une décision éclairée. Cette analyse nécessitera de développer les outils adaptés et de former en conséquence le corps médical.
 
Alors oui, pour leur bien-être et leur développement, vaccinons nos enfants et soyons attentifs au renouvellement de nos vaccins tout au long de la vie.

 

[1] Global Polio Eradication Initiative
[2] Source INPES
[3] Source INPES

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