Révélations,  justifications,  revanches

Agnès Buzyn va publier son journal de Ministre de la santé des premiers jours du Covid 19

Par Jacques Degain -  Journaliste

Théragora - www.theragora.fr - crédits iconographique Frantz Lecarpentier

Agnès Buzyn va publier le journal qu’elle a tenu chaque jour, lors des premiers mois de l’épidémie du Covid 19, alors qu’elle était ministre de la santé,. Ce livre, intitulé « Journal janvier-juin 2020 » sortira le 27 septembre, a annoncé son éditeur Flammarion. L’opération « révélations » est en marche. Pas sur que l’on tienne jusque là…

Une revanche ? Agnès Buzyn parait s’en défendre.  « Je veux révéler des instants de notre histoire commune, l'envers du décor, les pièces manquantes du puzzle, celles détenues par la responsable politique que j'étais. », explique-t-elle, citée par son éditeur Flammarion, dans une déclaration à l’AFP. Il n’empêche. La ministre de la santé de 2020,  en publiant le 27 septembre son « Journal janvier-juin 2020 » des premiers jours de sa gestion du Covid 19, lance un message clair et prend date. Sans accuser, assure son éditeur. A voir, disent déjà certains commentaires.

La « blessure » de la Cour de justice de la République

Car l’ancienne ministre a très mal « digéré » les attaques venant très souvent de son camp, lui reprochant un accompagnement chaotique de l’épidémie et surtout, disent encore ses détracteurs,  de ne pas conscience,, malgré sa qualité de médecin, du véritable danger pour la société que représentait la propagation du virus. Agnès Buzyn garde surtout, comme une blessure profonde, sa mise en accusation par la Cour de Justice de la République (CJR) « pour mise en danger de la vie d'autrui ». Certes la Cour de Cassation, qu’elle a saisie, a annulé cette décision, considérant que « l’ancienne ministre ne peut être renvoyée devant la CJR pour y être jugée ». Agnès Buzyn ne pourra être entendue qu’en  tant que « témoin assisté » par les magistrats de la Cour. Reste que l’accusation portée laisse une trace sur un parcours ministériel, qui était jusqu’alors sans tache.

 

Des propos qui dérangent

 

C’est cette tache, « cette souillure »,  disent ses proches, qu’elle veut effacer en publiant ce livre. L’exercice n’est pas sans danger. Beaucoup se souviennent de déclarations et de propos de la ministre, qui parfois ne semblait pas parfaitement prendre la mesure de la gravité de l’épidémie. Ainsi, en affirmant en Janvier 2020 que « les risques de propagation ( du virus) sont très faibles », puis un peu plus tard que le masque est « totalement inutile » pour les non-malades, la ministre s’est exposée quelques mois plus tard à des critiques sévères.

Mais il semble aussi évident qu’Agnès Buzyn a très mal accepté son départ, exigé par le Président de la République, du ministère de la santé, en février 2020, pour diriger la campagne des municipales de la majorité présidentielle à Paris, pour remplacer Benjamin Griveaux. On se souvient de cette interview au Monde où elle explique, quelques semaines plus tard, avoir pleuré en quittant le ministère,  car elle savait que la « vague du tsunami était devant nous » Elle assure dans le même entretien avoir alerté l'Elysée et Matignon dès janvier 2020 sur la gravité de la situation et du danger potentiel du coronavirus. Laissant entendre qu’elle n’avait pas été écoutée. Ce qui n’a pas manqué de provoquer de vives réactions, et le mot est faible, du coté d’Edouard Philippe, alors Premier ministre et de la cellule santé de l’Elysée. Ce sont pourtant ces arguments et bien d’autres que la ministre reprendra en publiant son journal voulant démontrer, prouver,  qu’elle s’était entièrement consacrée à la lutte contre le virus. Et surtout qu’elle n’avait pas failli à sa mission.

« J’espère que ce journal pourra éclairer le récit national, avec ses succès et ses échecs, et aider à un retour d’expérience collectif », dit-elle, citée par son éditeur. On a vraiment hâte…..Et on n’est pas les seuls.

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