L'article publié le 22 mai dernier dans The Lancet, la célèbre revue médicale anglaise, conclut à l'inefficacité de l'usage de la chloroquine et de l'hydroxychloroquine, pointant un risque de mortalité accru de 34 % à 45 % chez des patients hospitalisés sous traitement. Michèle Rivasi dénonce la qualité plus que douteuse de cet article et sa parution qui questionne une fois encore l'indépendance des revues scientifiques.
« L'étude du Lancet adopte la méthode observationnelle, soit la même approche que celle de Didier Raoult, que ses détracteurs condamnent unanimement du fait que la méthode diffère d'un essai « randomisé en double aveugle contre placebo », qui est considéré comme le standard scientifique le plus robuste et le plus abouti. Pourquoi l'étude observationnelle du Lancet échapperait-elle aux griefs déjà formulés à l'encontre des études produites par l'IHU de Marseille ?
Le collectif « Covid laissons les médecins prescrire » liste également pas moins de 13 irrégularités biaisant les résultats de l'article du Lancet, dont un relevé par le médecin et ancien ministre de la santé Philippe Douste-Blazy : 20 % des patients dans les groupes avec chloroquine et hydroxychloroquine étaient sous assistance respiratoire contre 7 % dans le groupe contrôle. La sur-représentation de ces cas graves, au pronostic vital très souvent engagé, peut à lui seul être à l'origine de la surmortalité observée.
En cause également l'opacité des données compilées : des données « non vérifiées ni vérifiables » rappellent les oncologues Nicole et Gérard Delepine, dont les registres d'origine « ne sont pas publiés dans la littérature internationale, ni accessibles par internet, contrairement aux registres nationaux sur lesquels nous travaillons régulièrement ». Ajoutons enfin la conséquente liste de conflits d'intérêts financiers de ses auteurs, tel ceux du concepteur et auteur principal qui déclare à lui seul avoir été directement rétribué par treize laboratoires pharmaceutiques !
L'étude du Lancet présente finalement les mêmes biais que ceux déjà relevés dans d'autres études concluant à l'inefficacité de l'hydroxychloroquine. Entre un médicament bon marché, connu et déjà disponible, et des innovations thérapeutiques prometteuses bientôt commercialisées avec l'appui de l'argent public, qui a intérêt à entretenir la querelle d'experts ? Quand allons-nous disposer d'une étude de qualité, intègre, impartiale et transparente, indépendante des intérêts économiques et politiques en présence, plutôt que voir se succéder des recherches bancales voire malhonnêtes ? »
Michèle RIVASI